Tag: fukushima

2 ans après Fukushima, SDN Bugey alerte les citoyens !

20 ème opération Rond point pour SDN Bugey pour se souvenir de Fukushima !

Anniversaire Fukushima 2013 - Action rond point Ambérieu - SDN Bugey

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Rapport de fukushima en Français

Alors que le premier ministre japonais conservateur, ré ouvre une à une les centrales nucléaires japonaises, une équipe de traducteurs a traduit en français le Rapport officiel du parlement japonais sur Fukushima.
Cette équipe a travaillé en collaboration à partir d'un blog Internet.

C'est en parcourant ce blog de spécialistes de la traduction et de la médecine, que j'ai été stupéfait d'apprendre que Fukushima avait libéré plus de radioactivité de Tchernobyl.

Ce que que les discussions avec Krolik et Internovice n'avait pas permis d'éclaircir, bien au contraire.

J'ai vu également un très beau texte d'Helen Caldicott qui reçu un prix Nobel pour la Paix en 1985 Et qui résume honnêtement ce que nombre d'internautes dont moi même ont déjà dit ici contre les dangers médicaux de cette industrie.

« En voyage à Cuba en 1979, j'ai été frappée par le nombre de panneaux publicitaires en bord de route affichant ces mots « Nos enfants sont notre patrimoine national ».

Ces mots résonnèrent dans mon âme de pédiatre car je les trouve tellement vrais. Mais comme l'affirme Akio Mastsumura dans son article, nos enfants sont actuellement sacrifiés sur l'autel des programmes politiques et nucléaires des Nations unies pour la survie des hommes politiques, dont la plupart sont des hommes, ainsi que pour des raisons de « sécurité nationale ».

Le problème dans le monde actuel est que les chercheurs ont oublié le commun des mortels à leur niveau d'entendement de la science. Savent-ils qu'une mauvaise application de la science, et notamment de la science nucléaire, a détruit et continuera à détruire une grande partie de l'écosphère et de la santé humaine ?

A vrai dire, la plupart des hommes politiques, d'affaires, des ingénieurs et des physiciens nucléaires ne comprennent manifestement rien à la radiobiologie, et notamment quant à savoir comment la radiation provoque le cancer, les déformations congénitales et les maladies génétiques qui se transmettent de génération en génération. Ils ne reconnaissent pas non plus que les enfants sont vingt fois plus sensibles au rayonnement que les adultes, que les fillettes sont deux fois plus vulnérables que les petits garçons et les fœtus bien plus encore.

D'où la réaction ridicule et irresponsable des hommes politiques japonais au désastre de Fukushima, non seulement parce qu'elle repose sur une ignorance totale mais aussi parce qu'elle est influencée par les liens politiques qu'ils entretiennent avec TEPCO (Tokyo Electric Power Company) et l'industrie nucléaire, qui ont tendance à orchestrer une grande partie du débat politique japonais.

L'accident de Fukushima a libéré 2,5 à 3 fois plus de radiations que Tchernobyl alors que le Japon a une population beaucoup plus dense et importante que l'Ukraine, le Belarus et la Russie ; étant donné également qu'un million de décès attribués à Tchernobyl sont survenus dans les 25 années après cet accident, on s'attend à ce que plus d'un million de Japonais succombent aux retombées de Fukushima au cours des 25 prochaines années. Cependant, pour cette génération, le temps d'incubation du cancer à la suite de l'exposition à la radiation peut varier entre 2 et 90 ans. Ce constat s'applique donc aussi à toutes les générations japonaises futures qui seront exposées à un environnement et à une alimentation radioactifs.

Il semble que les dirigeants japonais se livrent activement à ignorer ou à dissimuler ces effrayantes prédictions médicales et que dans leur ignorance ils décident que les gens peuvent très bien retourner ou continuer à vivre dans les zones hautement contaminées. Cependant, à la suite de Fukushima, même certaines sections de Tokyo enregistrent la présence d'isotopes radioactifs dangereux dans la poussière des maisons, les plantes et le sol des rues.

Les cancers de la thyroïde associés à Tchernobyl ont fait leur apparition seulement trois ou quatre ans après l'accident (alors qu'aujourd'hui, 92 000 cas ont été diagnostiqués). Cependant, douze mois à peine après l'évènement, à la Préfecture de Fukushima les écographies de 36% des 38 000 jeunes de moins de 18 ans révèlent la présence de kystes ou de nodules thyroïdiens (des biopsies doivent être effectuées pour exclure toute malignité). Un tel temps d'incubation raccourci donne à penser que ces enfants ont presque indubitablement reçu une forte dose d'irradiation à la thyroïde en inhalant et en ingérant de l'iode radioactif.

Ces résultats sont de mauvais augure pour le développement d'autres cancers puisque des centaines d'autres éléments radioactifs se sont dispersés, qui se concentrent maintenant dans les aliments, le poisson et les poumons humains. Certains de ses éléments ne restent radioactifs que pendant quelques minutes mais beaucoup le restent pendant des centaines à des milliers d'années. Ceci signifie que la plus grande partie de l'alimentation japonaise restera radioactive pendant plusieurs générations à venir. C'est ainsi que les accidents nucléaires n'en finissent jamais. 40% de la masse terrestre européenne est encore radioactive et le restera pendant des millénaires.

…"

pour ma part, je formule le vœu suivant, c'est que le gouvernement français tire les conclusions de cette phrase où deux mots changés n'altèrent pas du tout le sens de cette dernière.

"…D'où la réaction ridicule et irresponsable des hommes politiques japonais (Français) au désastre de Fukushima, non seulement parce qu'elle repose sur une ignorance totale mais aussi parce qu'elle est influencée par les liens politiques qu'ils entretiennent avec TEPCO (AREVA)".

Par  Douds
Source : http://www.notre-planete.info/forums/discussion.php?id=77553

   

 

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THE GREY ZONE : Film sur la catastrophe nucléaire de Fukushima

Minamisoma, 20 KMS de la centrale de Fukushima. Depuis 1000 ans, la ville célèbre le festival samouraï du NOMAOI, rappelant ainsi son long passé. Mais la ville est contaminée. Les 4 réacteurs de la centrale menacent encore la ville. Les gens se demandent donc s’il faut rester ou partir. Le film suit 3 familles. L’une donne foi aux directives rassurantes du gouvernement. L’autre a décidé de déménager à Okaido. La troisième cherche à comprendre la situation.

Je me suis rendu à Minamisoma en Octobre. J’y ai rencontré et écouté les gens. J’y suis retourné en mars. J’ai pu entrer dans la zone et me rendre compte de la situation. Je me sens profondément connecté à mes nouveaux amis japonais et je m’inquiète du fait que la plupart des gens s’imaginent que le problème est réglé alors qu’il ne fait que commencer. Les médias considèrent que le sujet de Fukushima n’est plus d’actualité. Aussi, suis-je obligé de compter sur la conscience et l’investissement personnel des citoyens.

Ce printemps, je suis allé dans la zone. J’ai visité des laboratoires qui aident les gens. Mais je dois y retourner une fois encore pour filmer le festival Nomaoi qui a lieu en Juillet. Sans cela, je ne peux achever mon film.

Pour cela je dois acheter un billet d’avion et payer un traducteur sur place ainsi que mes transports et logement. La somme de 25000 euros financera  ces frais et me permettra de payer les traductions. J’espère pouvoir enfin me payer aussi…

Je me sui sengagé depusi 6 ans dans la lutte qui consiste à informer sur les dangers et les conséquences de l’atome afin qu’un accident ne se produise chez nous.

Sans votre contribution, mon projet ne peux se finir. Or les TV arrêtent de subventionner des films sur le sujet, car, disent-elles, le sujet n’intéresse plus personne. Cela dit, pour avoir étudié tchenrobyl 25 ans après, je sais que Fukushima ne fait que commencer.

RAS est un docu sur les travailleurs du nucléaire (2008). Voici des extraits: http://www.dailymotion.com/video/x9owq5_r-a-s-nuclaire-de-alain-de-halleux_shortfilms

CHERNOBYL 4EVER est un docu sur tchenrobyl 25 ans après. Voici la bande annonce: http://videos.arte.tv/fr/videos/bande_annonce_d…

ANTOINE CITOYEN est une série de 21 épisodes comiques: www.antoinecitoyen.eu

RECITS DE FUKUSHIMA est une série de 8 épisodes de 8′ sur le site d’ARTE: http://fukushima.arte.tv et en Belgique sur www.rtbf.be/fukushima

MON BLOG  http://message.in.a.bottle.over-blog.com/#

CARNETS DE VOYAGE (OCTOBRE) http://message.in.a.bottle.over-blog.com/article-carnet-de-voyage-87627327.html

 

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Fukushima, l’en pire Japonais

Monopolisés par les élections, les médias ont fait l’impasse sur le nucléaire, et surtout, sur les rebondissements de la situation japonaise qui empire de jour en jour.

C’est le 22 avril que la situation s’est dégradée encore plus au Japon, puisqu’un incendie et une explosion rendent la situation à Fukushima toujours plus intenable.

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Chaîne humaine contre le nucléaire 11 mars 2012

Dimanche 11 mars 2012 : une mobilisation historique pour la sortie du nucléaire !

Ce dimanche 11 mars 2012, un an jour pour jour après le début de la catastrophe de Fukushima, plus de 60 000 personnes ont déferlé dans la vallée du Rhône, de Lyon à Avignon, en formant une gigantesque chaîne humaine.

Simples citoyens et militants de longue date venus de toute la France, riverains des centrales et habitants des régions voisines, se sont ainsi donné la main sur 230 km, au cœur de la zone la plus nucléarisée d’Europe, soit la distance séparant Fukushima de Tokyo. Unis, ils se sont retrouvés pour témoigner leur solidarité avec le peuple japonais et exprimer leur volonté de reprendre en main la politique énergétique française, pour sortir enfin du nucléaire.

60 000 personnes unies pour dire : Sortir du nucléaire, c’est possible !

Source : http://chainehumaine.org/

SDN Bugey s’était réunis sur le le point de jonction de FEYZIN (69). Nous étions alors 400 citoyens se tenant la main pour dire STOP AU NUCLEAIRE, STOP A BUGEY !

Ci-dessous les photos de Joël Guerry

 


60 000 personnes ont arpenté dimanche la vallée du Rhône en formant une gigantesque chaîne humaine contre le nucléaire.

Le 11 mars 2012, un an jour pour jour après le début de la catastrophe de Fukushima, des milliers de citoyens se sont donnés la main sur 230 km (soit la distance séparant Fukushima de Tokyo), de Lyon à Avignon. Avec ses 14 réacteurs, la vallée du Rhône est la région la plus nucléarisée d’Europe. Venus de France, d’Allemagne, de Suisse ou de Belgique, tous sont venus témoigner de leur solidarité avec le peuple japonais.

Cette chaîne humaine a démontré que « la sortie du nucléaire est une aspiration forte partagée par la majorité des citoyens français », indique dans un communiqué le réseau Sortir du Nucléaire, co-organisateur de l’action. D’autres chaînes ont eu lieu au même moment, notamment à Bayonne, Bordeaux, Saint-Malo et Rennes. Près de 50 000 personnes ont aussi manifesté en Allemagne selon les organisateurs.

Parmi les manifestants se trouvaient deux candidats à l’élection présidentielle, Philippe Poutou (NPA) et Eva Joly (EELV). À quelques semaines des élections, l’écologie est la grande absente des débats malgré les défis qui attendent les générations futures.

Sophie Chapelle

Source : http://www.bastamag.net/article2197.html


Revue de presse complète ici

Extrait Chaine Humaine Lyon-Avignon 11 mars2012

 


De Lyon à Avignon, ils étaient 60 000 à dire non au nucléaire

Publié le lundi 12 mars 2012 à 08H34

Sans doute la plus grande chaîne humaine qu’on n’ait jamais connue en France.

Chaine humaine Lyon avignon 11 mars 2012

Les antinucléaires ont joué le jeu : gilet jaune sur le dos, main dans la main ou reliés par un maillon en tissu (vendu 2 € par RSN). Le maillon Piolenc (ici) a constitué avec Orange une chaîne de 7 km.

Photo A.E.

Sans doute la plus grande chaîne humaine qu’on n’ait jamais connue en France. Hier, 60 000 antinucléaires – d’après le Réseau sortir nucléaire – dont 700 bénévoles postés sur les 61 points de ralliements, ont marché main dans la main sur l’axe Avignon-Lyon -le plus nucléarisé d’Europe- pour réclamer une nouvelle fois le retrait immédiat du nucléaire, et en priorité l’arrêt des centrales qui ont plus de 30 ans.

19000 en Vaucluse
Au départ d’Avignon, 1500 participants étaient comptés. En fin de journée, le coordinateur national RSN, Jocelyn Peyret, annonçait 19 000 participants sur le Vaucluse, entre Avignon et Lapalud. À 13h30, seniors, étudiants, amoureux et familles ont joué le jeu du gilet jaune, certains du slogan ou du déguisement. Jean-Pierre Cervantès, candidat Europe écologie-Les Verts aux cantonales en 2011 et organisateur du tronçon Avignon-Bollène, a donné les dernières consignes et les dernières informations qu’il tenait du conseiller général EELV, Olivier Florens, en déplacement à Fukushima, avant de lancer la marche.

« Olivier Florens m’a parlé de suicides, d’improvisation totale, de gymnases qui servent d’abris et de gens démunis, dépassés (…). Ici, notre gouvernement ne prend pas la mesure de l’urgence, dit-il au micro. Le nucléaire, c’est l’énergie du passé, une énergie mortifère, une énorme folie. » Le coordinateur parle de « chaîne symbole ». Celle qui « libère du nucléaire », « un câble humain qui fait passer l’énergie d’un monde radieux et pas irradié ». Après la minute de silence en hommage aux victimes de la catastrophe de Fukushima il y a un an, la chaîne s’anime.

Les manifestants ne veulent plus du « triangle de la mort » (Tricastin-Marcoule-Cadarache), crient non à « Iter, le fiasco scientifique et financier », rappellent le sort de « l’Afrique, la grande oubliée du débat », et exigent « l’arrêt immédiat du nucléaire, pas dans 10 ans ». À 16h30, les maillons entre Avignon, Le Pontet et Sorgues se rejoignent. L’opération s’achève. Au Pontet, les « anti » ont fêté ça à coups de trompette et de cris de joie.

« On nous a pris pour des fous quand on a parlé de cette chaîne. C’est la 7e sur Avignon –la 1ère avait réuni 150 personnes place de l’Horloge à Avignon en juin 2011– , on ne peut être que content et ému ». Tout s’est bien déroulé, en musique parfois, en chants aussi. Ou dans le silence. Comme à Courthézon où le maillon a dû sauter… La cave le Cellier des Princes a refusé de prêter son parking au mouvement pacifique… « Pas grave, dira M. Cervantès, on a réussi… Et il y aura encore d’autres dates. »

Virginie Batailler

Source : http://www.laprovence.com/article/a-la-une/de-lyon-a-avignon-ils-etaient-60-000-a-dire-non-au-nucleaire


 

 

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La série “Récits de Fukushima”

« Crêperie Bretonne », c’est écrit sur la devanture de ce petit établissement à Sasazuka, un quartier de Tokyo calme et résidentiel.

Récits de FukushimaDavid est Breton. Avec sa femme Eiko, cela fait 5 ans qu’ils travaillent dur pour développer leur affaire. Et ça commençait à bien marcher. Mais ils ont pris une décision très lourde : partir du Japon.

Leur fille Yuna a quatre ans. Eiko et David ne veulent pas jouer à la roulette russe. Si le problème n’était que la radiation, cela serait encore gérable. Tokyo n’est pas Fukushima. Certes certains quartiers sont contaminés, mais la plupart sont sains. Ce qui les a vraiment décidé à tout abandonner c’est surtout la façon dont le gouvernement gère la situation.

Les produits alimentaires sont mal tracés. On parle de répartir de façon « équitable » les déchets de la centrale et des travaux de décontamination un peu partout au Japon, y compris dans la baie de Tokyo. Le pays ne semble pas avoir compris que la cinquantaine d’autres réacteurs sont autant de dangers potentiels.

En 2007, suite à un tremblement de terre, la centrale de Kashiwazaki-Kariwa avait déjà fait trembler le Japon. Des fuites importantes de liquide radioactif avaient polluées la mer. Eiko m’a fort éclairé sur le « politiquement correct » au Japon. Il est si difficile dans cette culture d’exprimer des opinons qui vont à l’encontre de celle qui domine. On passe alors très vite pour un traître ou un rebelle. Peut-être cet accident est-il l’occasion pour les Japonais de prendre conscience que chacun se forge son destin, que chacun doit marquer l’Histoire de sa petite pierre en cherchant à élaborer son propre rapport au monde, mais cela ne vaut-il pas également pour nous.

Retrouver tous les récits de Fukushima diffusés sur ARTE.TV : http://fukushima.arte.tv/files/la_grande_question.jpg


Le réalisateur, Alain de Halleux

Petit manuel pour voyager
au Japon contaminé.

Shintaro, mon assistant japonais et moi avons pris 2 mois pour préparer ce voyage. On n’entre pas si facilement dans la maison d’un Japonais. Très affable et respectueux de l’autre, il ne dévoile pas facilement ses secrets. Au Japon, il y a deux mots qui résument très bien la chose. Honne et Tatemae, l’apparence et la vérité intérieure. Ce qu’on dit et ce qu’on pense. Et l’un ne correspond pas nécessairement à l’autre. Autre difficulté rencontrée lors de cette préparation : le Japonais ne fait confiance à quelqu’un qu’à partir du moment où il l’a rencontré. Ainsi, par exemple, pour réussir à obtenir un rendez-vous avec Nakate-san, il nous a fallu écrire une dizaine de mails et donner de multiples coups de téléphones non seulement à Nakate lui-même, mais aussi à des connaissances. Lorsque j’ai fini par le rencontrer en personne, il m’a avoué : « Alan-san, je m’étais fait de vous l’image de quelqu’un de très compliqué ! ». J’ai éclaté de rire car j’avais vécu la même expérience dans l’autre sens.
Un Japonais n’exprimera jamais que l’opinion ambiante. Il est né politiquement correct, si l’on veut. Il existe d’ailleurs une expression Kokyu rumi : lire ce qui est dans l’air. La langue se prête bien à cet exercice périlleux qui consiste à ne jamais contredire ou choquer qui que ce soit. La structure de la phrase est telle que le verbe arrive à la fin ainsi que la négation ou l’interrogation éventuelle. De plus, le Japonais possède une multitude de petits mots qui lui permettent de temporiser ou de diluer sa phrase. Ainsi, tout en parlant, il peut jauger les réactions de son interlocuteur et modifier au dernier moment le sens de son propos. Imaginons que je veuille proposer un verre de bière à mon invité, mais je ne suis pas sûr qu’il en boive. Je pourrais le vexer en sous-entendant qu’il aime ça. Mais peut-être justement n’attend-il que ça, que je lui demande justement s’il aime la bière. Comment lui proposer dès lors de boire avec moi ? En Japonais, c’est très simple. Je vais dire un truc du genre : « Vous…et bien…un verre de bière…n’est-ce pas…vous boirez… » En fonction de la mimique de mon invité, je pourrais d’une syllabe dire : « N’est-ce pas » ou « Sûrement pas ! ». Les Japonais sont donc passés maîtres dans l’art du sous-entendu et de son décryptage. Ils ont développé une intuition qui leur permet d’évaluer au plus vite l’autre. Je me souviens qu’au début de notre travail, j’avais demandé à Shintaro d’envoyer un mail de 3 lignes à Nakate pour lui proposer un rendez-vous téléphonique. Si j’ai pris 15 minutes pour écrire ce mail en anglais, c’est beaucoup. Nous sommes lundi matin. Shintaro est censé traduire ce mail et l’envoyer. Mardi matin, je lui demande s’il a des nouvelles de Nakate, si celui-ci a répondu à notre mail. Shintaro me dit qu’il ne l’a pas encore traduit. Je suis un peu ennuyé. Je me demande si Shintaro a oublié ce travail. Il me rassure. Il travaille à la traduction, mais celle-ci n’est pas encore terminée. Je lui rappelle qu’il est urgent d’entrer en contact avec Nakate. Shintaro, se vexe. Il le sait très bien. C’est pour ça qu’il prend le temps de bien traduire mon mail.
Mercredi matin, je réitère ma demande. Shintaro me rassure. Il a traduit le mail. Enfin, me dis-je, il n’est pas trop tôt ! Mais, poursuit-il, il attend le retour d’un de ses amis qui est occupé à le corriger. Quoi ?! Et quand aurons-nous cette fameuse correction ? Mercredi soir ?
Bref, le mail que j’avais écris le lundi a fini par partir jeudi. Inutile de dire qu’à ce rythme, il nous était impossible de trouver des familles qui accepteraient de nous rencontrer et d’organiser tous les rendez-vous. Je me suis fâché. Shintaro aussi ! Je ne comprenais pas encore l’importance de la première impression que l’on laisse sur un japonais. Elle est déterminante. On n’effacera jamais cette image-là, d’où l’importance de prêter attention à ne faire aucune erreur au début d’une relation.

Au bout de deux mois de travail intensif, l’agenda était en place. Départ pour le Japon. A peine arrivé à Narita, surprise ! La première chose qu’un fumeur fait après 12 heures d’avion, c’est d’aller fumer une cigarette à l’entrée de l’aéroport. Je fume depuis à peine dix secondes lorsque quatre Japonais se tournent vers moi et m’indiquent gentiment du regard une espèce d’aquarium planté sur le trottoir. C’est là que je dois aller fumer. Je me dis que cette situation ne vaut que pour l’aéroport et que dans la ville, comme partout au monde, rien ne m’empêchera de fumer dans la rue. J’arrive au centre de Tokyo. Pas un mégot par terre et pas un fumeur. Je suis pris d’angoisse. Soudain, au coin d’une rue, un « Smoker corner ». Une dizaine de personnes sont rassemblées autour d’un cendrier. L’espoir revient. Ainsi tous les deux ou trois carrefours, les autorités ont-elles installés de petites îles de survie pour fumeur. Arrive l’heure de dîner. J’entre dans un restaurant. Et là, surprise, l’atmosphère est bleue. Tout le monde fume à table en mangeant. Le monde à l’envers. Je raconte cette anecdote pour faire comprendre que les codes sont ici assez radicalement différents des nôtres. Certains en ont déduit que les Japonais sont si différents de nous qu’il est difficile d’entrer en communication avec eux. Pour ma part, j’ai vu des êtres humains, mes frères. J’ai eu d’autant moins de difficultés à créer une relation avec eux que je me suis présenter exactement tel que j’étais. Cela dit, au fur et à mesure du voyage, je m’amusais à adopter les coutumes locales, ce qui est fortement apprécié.

A Tokyo, j’ai habité chez David et Eiko qui tiennent la crêperie bretonne. Pas trop dépaysant donc. Ça me laisse le temps d’absorber mon décalage horaire. Eiko a habité en France et en Belgique. Enfin, c’est ce que je crois lorsque j’arrive chez eux. Car à peine les bagages déposées, je fonce chez David et Royoko, un couple américano-japonais. J’y tourne mes premières interviews. Je rentre à la crêperie. Je suis à l’ouest. David a fini son service et nous rentrons à son appartement. Nous buvons une bière. Je m’endors presque, mais David me dit d’attendre Eiko. Elle a tant de choses à dire. J’hésite, mais David insiste. Eiko finit par arriver vers 1H30 du matin. Cela fait déjà 30 heures que je n’ai pas dormi. Mais la conversation est si passionnante que je finis par prendre ma caméra et filmer. Quand enfin je m’écroule sur mon futon, c’est déjà l’aube.

Ensuite, j’ai déménagé à Fukushima City chez Isao, un retraité célibataire de 61 ans. C’est un ancien ingénieur en aéronautique. Il s’est fait construire une maison somptueuse dans la campagne pas loin de la ville. Je n’ai jamais vu une maison comme ça. Elle parle : « Votre bain est prêt ! ». « Bonjour ! »…même les toilettes sont électroniques. Comme le mode d’emploi décrit sur la chasse d’eau est en Japonais, impossible de la programmer. Je m’assieds à tout hasard sur la planche, en optant pour un style finalement extrêmement classique. La planche est chaude, sursaut de surprise. Il paraît que si le Japon supprimait toutes les toilettes électroniques, il pourrait supprimer 2 réacteurs nucléaires. Je ne sais si c’est vrai, mais je suis sûr que le simple fait de pisser au Japon coûte un pont en électricité…
Isao est un spécialiste de karaoké. Il a bien évidemment une installation dernier cri. De temps en temps le soir, nous buvons une bière avec lui et Rie et nous chantons. Je me sens chez moi. Isao est formidable. Il nous emmène avec sa voiture un peu partout. Il nous fait à manger. Et comme c’est un grand mangeur, je déborde de sushi, de soupe au bœuf et de pâtes. Si les deux trois premiers jours à Tokyo, j’ai fait très attention à la provenance de la nourriture, je dois bien avouer que j’ai vite baissé la garde. On comprend dès lors l’attitude de la population de Fukushima après un an…la radioactivité est non seulement invisible, mais elle a aussi la faculté de nous rendre amnésique.

Par Alain de Halleux, réalisateur


Source: http://fukushima.arte.tv/#!/4883

 

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Occupy ! Kasumigaseki : dans le campement des anti-nucléaire

Devant le ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, un vieil homme entre dans une tente. Il a une barbe blanche très touffue et un gros anorak rouge.

Mitsuro Sudo (Alissa Descotes-Toyosaki)En ce matin de janvier à Tokyo, le carrefour de Kasumigaseki est rempli de fonctionnaires qui se hâtent vers les bureaux. « Certains d'entre eux entrent parfois dans notre tente pour nous dire “Courage ! ” avant de regagner leur poste », sourit le vieil homme.

Depuis 124 jours, Mitsuro Sudo, surnommé « Kuma », participe aux sit-in devant les haut lieux du gouvernement japonais pour protester contre la politique menée après Fukushima, accusant le pouvoir de :

  • non-assistance à personne en danger,
  • reconstruction économique dans des zones hautement irradiées,
  • exporter le nucléaire ailleurs en Asie.

« A la fin de l'année, le gouvernement a décrété que la situation à la centrale de Fukushima-Daiichi était sous contrôle. Mais le 1er janvier, il y a eu un séisme de magnitude 7 au large de Fukushima qui a provoqué des dégâts sur le réacteur numéro 4. La nature est vraiment remarquable ! »

Le 2 janvier, l'opérateur Tepco avait annoncé que le niveau d'eau de la piscine de refroidissement du réacteur numéro 4 (où est stocké le combustible usé), avait baissé brusquement, ce que rapporte le Nikkansports.

Kuma se frotte les mains les unes contre les autres pour se réchauffer. Il fait presque 0°C dans la tente comme à l'extérieur. « On attend le passage de l'électricien pour mettre le chauffage », plaisante Etsuji Shimada. Ce quinquagénaire a été chargé de planter la première tente le 11 septembre

« Nous avons choisi ce jour symbolique pour le monde entier et débarqué tout le matériel et la nourriture devant le ministère. Une quinzaine d'agents de sécurité sont arrivés et ont crié : “Qu'est ce que c'est que ce cirque ! ” »

Monsieur Shimada rit encore au souvenir de ce premier jour de sit-in :

« Pendant que je débattais avec la police sur notre droit à occuper ces lieux, mes camarades ont monté la tente en sept minutes ! »

Activiste antinucléaire de longue date, Shimada se félicite de cette initiative qui a permis de réunir et coordonner des actions au niveau de Tokyo.

« Nous avons monté une deuxième tente en novembre pour accueillir des femmes de Fukushima. »

Les femmes peuvent aussi changer l'avenir

La tente voisine est occupée par plusieurs femmes assises sous un « kotatsu », une table chauffante. « Depuis le 1er décembre, nous soutenons l'action “dix mois dix jours” » dit Yukiko Takahashi, une jeune etudiante :

« Au Japon, on dit que les futures mamans accouchent au bout de dix mois et dix jours. C'est une manière de dire que pendant cette période, les femmes peuvent aussi changer l'avenir. »

Yukiko est originaire de la ville de Fukushima mais avoue ne jamais avoir été inquiétée par la centrale nucléaire jusqu'à l'accident :

« Avant le 11 mars, je n'aurais jamais pensé me retrouver un jour à manifester ou faire un sit-in ! »

« Nous organisons des roulements entre nous, et il y a une permanence de nuit aussi pour éviter les incendies », dit une autre femme. Les incendies et autres « vexations », les manifestants et activistes japonais sont habitués à les subir.

A Kasumigaseki (Alissa Descotes-Toyosaki)

Yukiko s'en amuse :

« Au début, il y avait toutes les nuits des camions de la droite ultra-nationaliste qui venaient faire du tapage nocturne. Il y avait quatre, parfois huit camions ! Ils mettaient à fond des chants patriotiques en nous insultant. »

Le plus étrange c'est que l'extrême droite se met aussi à tenir des discours antinucléaires. « lls ne supportent pas de voir des tentes dans le quartier ministériel, cela n'est pas conforme à l'image du Japon nationaliste », conclut Yukiko.

Ne pas laisser redémarrer le nucléaire

La prochaine manifestation importante qui réunira les femmes des associations pour protéger les enfants de la radioactivité à Fukushima et dans tout le Japon aura lieu au mois de mars.

Sur les blogs. des mères s'insurgent :

« Nous ne voulons pas passer encore les fêtes de fin année avec la peur au ventre. Le gouvernement fait des “stress tests” et assure que tout est sous contrôle, mais le césium a augmenté dans certaines régions de Fukushima. »

« Il n'y a plus que 6 réacteurs sur 54 encore en marche. Tous les autres sont à l'arrêt, mais ça ne veut pas dire que le gouvernement va les abandonner définitivement », ajoute Kuma san en montrant une banderole : « Nous ne laisserons pas redémarrer le nucléaire ! »

En avril, le Japon fonctionnera sans aucun réacteur nucléaire, du jamais vu depuis l'installation du premier réacteur en 1966. Kuma san raconte :

« Il y a deux jours, un spécialiste allemand des stress tests est venu au Japon et s'est inquiété pour nous. Mais quand il a vu les illuminations de Noël à Tokyo et Osaka, il s'est exclamé : “Mais vous avez de l'électricité en trop ! ” »

A Kasumigaseki (Alissa Descotes-Toyosaki)

Les semaines après le 11 mars, Tokyo vivait sous la menace d'une panne d'électricité généralisée, mais en janvier, aucun foyer ne manque de chauffage. Kuma San ajoute :

« L'énergie provient des centrales thermiques et hydrauliques. Mais l'Etat va chercher par n'importe quel prétexte à remettre en route les centrales. Car le Japon était exportateur, et commence même à construire des centrales au Vietnam ou en Thaïlande.

Pourtant, la Mongolie a réagi après l'accident de Fukushima en refusant que le Japon exporte ses déchets radioactifs dans une décharge provisoire sur son sol. »

Depuis que le Japon a violé l'article 9 de sa constitution en envoyant des forces d'auto-défense à l'étranger, ce sexagénaire a quitté son travail en entreprise pour mieux s'impliquer dans le sort de son pays.

« Je me suis dit que le Japon risquait de revenir comme avant 1945 », dit-il. Activiste mais sans vraiment appartenir à une organisation, Kuma étudie les tournesols et leur capacité d'absorption du césium.

« J'aime la nature et ce qui me plairait vraiment c'est de pouvoir crier tout mon amour aux bureaucrates de Kasumigaseki ! », rit Monsieur Kuma, parodiant le titre d'un roman de Kyoichi Katayama, « un cri d'amour au centre du monde ».


Source : http://blogs.rue89.com/alissa-descotes-toyosaki/2012/01/24/dans-le-campement-des-anti-nucleaire-kasumigaseki-226335

http://www.rue89.com/fukushima

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N’oublions pas Fukushima

Japon, le 11 mars 2011. Trois catastrophes ont eu lieu. Un séisme, un tsunami et un accident nucléaire. Une seule de ces catastrophes aurait pu être évitée… Un an après, retour à Fukushima.

La contamination empoisonnera Fukushima pour longtemps

L’Institut de Radioprotection et de sûreté Nucléaire français (IRSN) a indiqué dans un de ses derniers rapports que la contamination radioactive autour de la centrale nucléaire de Fukushima Diichi a fortement décrue. Mais l’institut la décrit désormais comme chronique et pérenne”. Chronique car cette contamination radioactive, si elle ne connaît pas de pic majeur depuis la catastrophe, et désormais inscrite durablement, profondément dans l’environnement de la centrale. Pérenne, car cette radioactivité va durer. Longtemps et en diminuant très lentement…

Les trois réacteurs accidentés ainsi que les explosions d’hydrogène dans les bâtiments de la centrale dans les jours qui ont suivis le 11 mars 2011 ont ainsi libéré de grandes quantités de césium radioactif. Ce césium a une durée de vie longue. Il est considéré qu’il sera “inoffensif” qu’au bout de 300 ans. Il reste aujourd’hui 98% de sa radioactivité initiale dans l’environnement, un taux qui sera encore de 81% en 2020.

Au total, sur environ 24 000 km2 du territoire japonais contaminés par le césium 137, seuls 600 km2 dépasseraient aujourd’hui le seuil des 600 000 becquerels par m2, estime l’IRSN. Il existe toutefois des terres contaminées en “taches de léopard” jusqu’à 250 km de distance de la centrale, avec des “points chauds” extrêmement localisés liés à l’accumulation de dépôts radioactifs par les pluies et le ruissellement. 
Les indicateurs ont relevé des niveaux très ou trop élevés de radioactivité dans des municipalités de la zone évacuée autour de la centrale. Des lieux qui resteront pour certains définitivement inhabitables.

La centrale accidentée de Fukushima reste fragile. Si les autorités japonaises ont annoncé que les réacteurs endommagés ont été “stabilisés”, la situation reste en fait préoccupante et le restera encore des mois probablement de nombreuses années.
En effet, le corium, magma métallique, qui s’est constitué lors de la fusion du cœur reste instable et une réaction de criticité reste possible.
Si des réactions venaient à se produire, des rejets radioactifs importants ne pourraient alors être exclus. De même, les conditions actuelle des piscines de désactivation et d’entreposage des combustibles irradiés continuent de présenter un très grand danger, tant qu’elles n’auront pas été vidées de leur contenu. L’instabilité physique des installations fragilisées par l’accident pourrait présenter un énorme risque en cas de nouveau tremblement de terre ou de tsunami même de faible amplitude.


Agrandir le plan

carte réalisée par l’université d’Osaka

L’inaction des pouvoirs publics face à la catastrophe 

Au rythme des rapports, des fuites de documents, des analyses, la réaction des pouvoirs publics japonais face à la catastrophe ne peut que choquer, ou à minima, laisser songeur... Un document découvert récemment, émanant du ministère Japonais pour l’éducation, la culture, les sciences et les technologies (MEXT), révèle que le ministre de l’époque, Yoshiaki Takaki et d’autres officiels, sont à l’origine de la décision de ne pas diffuser au public l’ampleur des radiations dans les jours qui ont suivis les explosions d’hydrogènes et la réaction en chaîne dans les réacteurs de Fukushima Daiichi. Le mémo en question précise que les données ” ne doivent, par aucun moyen, être diffusés au public”. 

Pour tirer une leçon de la catastrophe de Fukushima, Greenpeace a commandé un rapport.
Ce rapport, rédigé par trois experts indépendants (un physicien nucléaire, un correspondant pour un magazine sur la santé et un ingénieur nucléaire), explique et démontre comment le Gouvernement, les organes de contrôle et l’industrie nucléaire ont rendu possible la catastrophe de Fukushima Daiichi, puis n’ont pas réussi à protéger la population contre l’impact de la catastrophe.

Ce rapport tire deux conclusions principales :

    La catastrophe de Fukushima remet en question la crédibilité de l’industrie nucléaire. L’industrie soutient que le risque d’accident nucléaire se limite à 1 fois pour 1 million (ou moins) d’années d’opération d’un réacteur. L’expérience montre toutefois qu’un accident significatif est à prévoir quelque part dans monde à chaque décennie.

    L’influence politique exercée par l’industrie nucléaire sur les autorités japonaises de réglementation de la sûreté nucléaire est l’une des causes principales de l’accident à Fukushima.

Voir l’intégralité du rapport

Au lieu de reconnaître ces risques nucléaires, de nombreux politiques et autorités ont demandé à restaurer la confiance de l’opinion publique en l’énergie nucléaire. Un an après la catastrophe nucléaire, les autorités protègent à nouveau l’industrie nucléaire au lieu de protéger leurs citoyens.

Les stress tests que subissent les réacteurs du monde entier constituent également la preuve que nous n’avons rien appris de nos erreurs. Les réacteurs existants ont automatiquement  bien réussi ces tests, justifiant ainsi la poursuite de leur activité. Seule l’Allemagne a décidé de fermer 8 de ses 17 réacteurs pour des raisons de sécurité. Après la catastrophe de Fukushima, aucun autre réacteur ne fut déclaré dangereux ni fermé dans le monde. Mais avec les critères retenus, parions que même Fukushima Daiichi aurait réussi le test ! 

Silence et contamination … la vie à Fukushima

Un an après avoir été forcés d’abandonner leur domicile à cause de la catastrophe nucléaire de Fukushima, des dizaines de milliers de réfugiés vivent toujours dans l’incertitude du lendemain, sans savoir quand –ou si– ils pourront rentrer chez eux.

Seuls les habitants de la zone des 20 km autour de la centrale ont été évacués. Mais la “zone à risque” elle, est bien plus étendue. La contamination, on l’a vue est pérenne, chronique, et beaucoup plus étendue ! Le quotidien de ces milliers de personnes se résume aujourd’hui à des questions, des incertitudes. Dans de nombreuses écoles, les enfants ne sont pas autorisés à rester plus d’une heure dans les cours de récréation et du césium a été également découvert dans de nombreux aliments.
Beaucoup n’ont pas les moyens de partir et n’ont d’autre choix que de continuer à vivre avec cette contamination invisible.

Des enfants sont toujours contaminés à 220 km de la centrale de Fukushima,montrent les résultats publiés par l’ACRO, l’Association pour le contrôle de la radioactivité de l’Ouest. Sur les 22 enfants japonais dont l’Acro a analysé les urines, 14 sont encore contaminés au césium 134 et césium 137. Cette persistance montre que la contamination des enfants vient de l’alimentation et non du panache.

Ne restent à Fukushima que le silence et la contamination.
 
C’est ce qu’a capturé la pellicule de Robert Knoth, photographe, dans l’exposition Shadowland (le pays des ombres). Robert Knoth a hanté, avec son appareil, ce pays des ombres: villages désertés, cours de récréation vides, fermes abandonnées … Ces clichés sont un rappel, impérieux, des dommages irréversibles de l’insécurité nucléaire.

Nous sommes tous dans une zone à risque … 

Après la publication par Greenpeace France de la carte des zones à risques nucléaires pour l’hexagone, c’est au monde entier que la démarche a été étendue.
Plus de 400 réacteurs sont en activité dans le monde aujourd’hui. Vous, votre famille, vos amis, habitent probablement à proximité de l’un d’eux. Que ferions-nous face à un accident nucléaire comme Fukushima? Qui appellerions nous ? À qui écririons nous ? Qu’emmènerions nous? Voilà des questions auxquelles nous ne voudrions jamais devoir répondre… Mais que les habitants de la région de Fukushima ont dû se poser.

N’oublions pas Fukushima : rendez-vous le 11 mars

Il est temps. Il est temps de nous tourner vers des systèmes d’énergie modernes, basés sur l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables, grâce auxquels nous pourrons nous affranchir de ces réacteurs et profiter des avantages supplémentaires d’une meilleure sécurité énergétique, de prix énergétiques stables et de millions d’emplois de qualité.

Parce que nous devons dire non à l’éventualité d’un autre Fukushima, nous nous rassemblerons, avec le Réseau Sortir du Nucléaire et d’autres associations, dimanche 11 mars, pour constituer une chaîne humaine contre le nucléaire. Cet évènement aura lieu en France, mais aussi au Japon, et partout dans le monde. 
Rejoignez nous, nous avons besoin de vous !


Source: http://energie-climat.greenpeace.fr/noublions-pas-fukushima

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Fukushima et les chiens de garde du nucléaire

Le 11-mars sera commémoré par une minute de silence. Ce sera peut-être pour nombre de Japonais l’occasion de se rappeler que la catastrophe nucléaire de Fukushima qui débuta un an plus tôt a prospéré sur le silence des autorités, relayé par une presse bien complaisante à l’égard des informations reçues (lire l’écrivain Ikezawa Natsuki, « La catastrophe comme occasion », Le Monde diplomatique de mars, en kiosques).

La grande presse (télévisions et principaux journaux) s’est en effet réveillée tardivement. Ce n’est qu’à partir du mois d’avril que certains médias, notamment les quotidiens Tokyo Shinbun (560 000 exemplaires) et Mainichi Shinbun (3,5 millions d’exemplaires) ont commencé à enquêter sur les mesures prises par Tokyo Electric Power Company (Tepco), l’opérateur de Fukushima Daiichi, et par les autorités japonaises, ou à s’interroger sur la politique nucléaire du pays. Le deuxième grand quotidien japonais, Asahi Shinbun (7,9 millions d’exemplaires), n’a publié qu’à l’automne une série d’enquêtes soulignant les multiples dysfonctionnements et dissimulations qui ont conduit à la prise de mesures inadéquates (dysfonctionnements confirmés par le rapport intermédiaire du comité d’enquête sur l’accident de Fukushima, rendu public le 26 décembre).

On sait désormais que les informations officielles communiquées par Tepco et les autorités japonaises suite au séisme et au tsunami étaient non seulement insuffisantes mais minimisaient systématiquement la gravité de l’accident et de la contamination radioactive : n’a t-il pas fallu plus de deux mois à Tepco pour reconnaître que c’était bien dans les premiers jours que le cœur du combustible des trois réacteurs avait fondu (melt down) ? N’a t-on pas appris que le Système informatisé de prévision des informations d’urgences environnementales (SPEEDI, en anglais) qui prévoit la diffusion des radionucléides dans l’atmosphère, n’a pas servi à la protection des populations ? Les habitants des villes de Futaba et de Namié, par exemple, ont été évacués vers le nord-ouest sans être informés que le vent dispersait les rejets radioactifs dans cette direction, ce que la simulation montrait ? Les résultats de celle-ci, pourtant obtenus dès les premières heures de l’accident, n’ont été publiés qu’à partir du 3 mai [1].

Chantage à la publicité ?

Plus grave encore, les grands médias japonais ont systématiquement relayé, sans analyse critique de la situation, les déclarations des porte-paroles de Tepco et du gouvernement. Cette atonie peut d’abord s’expliquer par le budget publicitaire colossal que Tepco distribue copieusement à chacun d’eux : 25 milliards de yens par an (230 millions d’euros) selon les chiffres officiels. Si l’on prend celui des dix compagnies électriques japonaises, on dépasse le milliard d’euros, plus que le budget publicitaire de Toyota. A cette pression sonnante et trébuchante s’ajoute un système traditionnel spécifiquement japonais appelé kisha club (club des journalistes), où la proximité excessive entre les journalistes et les organismes ou compagnies qu’ils sont chargés de « suivre » engendre de la connivence.

De plus, au Japon, les télévisions, les radios et la presse écrite sont souvent affiliés aux grands groupes de communication et il n’existe pas d’organe de régulation audiovisuelle ni de commission indépendante. Un exemple significatif : celui du PDG du plus grand quotidien japonais, Yomiuri Shinbun (9,9 millions d’exemplaires), M. Matsutarô Shôriki, qui fut l’artisan majeur de l’introduction du nucléaire civil au Japon : la chaîne Nippon Television (NTV), qu’il venait de créer, fut utilisée pour la campagne pro-nucléaire de 1955. Ancien haut fonctionnaire de la police et criminel de guerre de classe A, il fut le premier président de la Commission japonaise de la sûreté nucléaire en 1956. Après l’accident de Fukushima, Yomiuri Shinbun persiste et signe son engagement pro-nucléaire.

Seuls des journalistes japonais travaillant hors de ces circuits médiatiques (et quelques correspondants étrangers) ont permis de mettre en doute l’information diffusée par les autorités en se rendant immédiatement aux abords de la centrale pour mesurer la radioactivité et en poursuivant les enquêtes alors que les principaux organes d’information avaient rappelé leurs journalistes. De même, lors des conférences de presse de Tepco et des autorités, ils savaient poser des questions dérangeantes retransmises en direct sur Internet par un media indépendant (Web Iwakami)  [2].

Le rôle du Web a donc été capital. Dès le 12 mars, quelques scientifiques et ingénieurs ont alerté la population en présentant leurs propres analyses sur les dangers réels de la situation. Ces initiatives, diffusées sur leurs sites par des associations antinucléaires, ou au travers de blogs et de forums, ont rendu possible l’accès à des informations décrivant la gravité de la catastrophe en cours, pendant que les chaînes de télévision et les grands quotidiens, focalisés sur les seuls effets du tsunami, diffusaient uniquement les propos lénifiants des autorités et de leurs scientifiques « maison »  [3]. On pouvait lire ou entendre que la radioactivité « n’entraînerait pas de conséquences immédiates sur la santé » ou encore que telle « mesure de sécurité [ était prise] par précaution ». Des expressions emblématiques de ce déni.

La plus grande manifestation antinucléaire

La prise de conscience des citoyens s’est faite à travers les échanges sur les réseaux sociaux, à l’image des révoltes du monde arabe. Cependant, l’indignation des Japonais est restée cantonnée à la sphère d’Internet malgré des initiatives exceptionnelles, et notamment la manifestation du 19 septembre 2011 à laquelle participa l’écrivain Ōe Kenzaburō [4], et qui rassembla 60 000 personnes — un fait remarquable pour une population qui n’a pas l’habitude de manifester. Cependant, la majorité des Japonais ignorent l’existence d’un grand nombre d’actions citoyennes à travers lesquelles des militants continuent ici et là à informer par des conférences de spécialistes, à réclamer la sortie du nucléaire et une politique de transition énergétique, ou à appeler à la protection des habitants contraints de rester dans les zones hautement contaminées. C’est le cas, par exemple, du sit-in organisé fin octobre devant le ministère de l’économie et de l’industrie, à l’initiative de femmes résidant dans la Préfecture de Fukushima, et dont seuls les quotidiens Tokyo Shinbun et Mainichi Shinbun se sont faits l’écho ; aucune chaîne de télévision n’en a montré la moindre image. La vigie devant ce ministère emblématique a débuté le 11 septembre 2011 : avec leurs trois tentes plantées au cœur du quartier ministériel, c’est dans l’esprit du mouvement Occupy que des militants et des citoyens japonais essaient de créer un espace de contestation et d’échanges démocratiques.

Peut-on y voir le début d’une fissure dans le consensus prôné pour faire face au plus grand désastre national depuis la défaite de 1945 ? Rien n’est moins sûr tant les vieux réflexes ont la vie dure. Et pour tous les grands médias, malgré quelques dissidences, la règle reste la même : caresser dans le sens du poil, ne pas susciter de polémique ni déplaire aux clients que sont les lecteurs-consommateurs et le monde économique, encore et toujours rassurer et, surtout, ne pas poser les questions qui dérangent. Ainsi, les propos des scientifiques ou des médecins critiquant les mesures gouvernementales sont rarement cités (alors que leurs livres se vendent pourtant comme des petits pains). La télévision montrera des scènes de décontamination, mais jamais celles où des habitants réclament un dédommagement pour pouvoir partir ailleurs.

La catastrophe nucléaire est désormais un sujet parmi d’autres, et pas question de trop en dire sur la responsabilité de Tepco ou les mesures gouvernementales qui ont enfreint la loi sur le seuil d’irradiation non naturelle. La déclaration stupéfiante, le 16 décembre 2011, du gouvernement japonais proclamant « l’arrêt à froid » des réacteurs de Fukushima a certes suscité quelques critiques, mais les grands médias semblent plutôt vouloir privilégier une attitude aseptisée et policée, loin de l’angoisse, de la révolte et du désarroi d’une population plus que jamais préoccupée par la menace d’une contamination radioactive en expansion.

On peut dire que ces grands médias ont participé à l’écriture du scénario inventé par Tepco et les autorités japonaises, qui veulent à tout prix nier la réalité afin de préserver leur pouvoir et leurs intérêts. En persistant à couvrir ce déni, c’est son rôle de contre-pouvoir que la grande presse sacrifie et avec lui les conditions d’existence d’une démocratie saine. A rebours de leur gouvernement qui affirme sa volonté de continuer le nucléaire, 85 % des Japonais désireraient en sortir [5]. Que choisiront de faire ces grands médias au milieu d’un pareil grand écart ? Et les nouveaux médias citoyens réussiront-ils à avoir enfin prise sur la société pour faire bouger les lignes ?

Yûki Takahata est traductrice et auteure de plusieurs ouvrages sur la société française en japonais. Dernier ouvrage traduit en japonais : Yannick Haenel, Jan Karski.

Notes

[1] Sauf le 23 mars 2011, où le pouvoir a mis en ligne le résultat, aussitôt retiré du site. Rien ne sera plus publié jusqu’au 3 mai (cf. l’enquête publiée par le New York Times, « Japan Held Nuclear Data, Leaving Evacuees in Peril », 8 août 2011). L’agence de presse japonaise Kyodo News a révélé le 16 janvier que les résultats de la simulation étaient communiquées dès le 14 mars à l’armée et aux autorités américaines.

[2] Un journaliste indépendant, Kazuo Hizumi (rédacteur en chef du site d’information News for the People in Japan) vient de publier, en collaboration avec un autre journaliste indépendant, Ryuichi Kino, un livre sur la dissimulation et le mensonge de Tepco et des autorités japonaises intitulé Vérification : l’accident nucléaire de Fukushima — La conférence de presse (en japonais) aux éditions Iwanami shoten.

[3] A de rares exceptions près, notamment l’émission de radio locale d’Osaka « Tanemaki Journal », qui questionne tous les jours un physicien nucléaire et un théoricien anti-nucléaire, M. Hiroaki Koidé, dont les propos sont retransmis sur Internet (en japonais).

[4] Le prix Nobel de littérature, Kenzaburo Oé sera présent au salon du livre de Paris, du 16 au 19 mars, qui rend hommage à la littérature japonaise.

[5] Sondage effectué les 20-21 août par le quotidien Mainichi Shinbun : « sortie immédiate » à 11 %, « sortie progressive » à 74 %, « pas besoin de diminuer la part d’énergie nucléaire » à 13 %.


Source : http://blog.mondediplo.net/2012-03-07-Fukushima-et-les-chiens-de-garde-du-nucleaire#tdm

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Fukushima: Enquête sur une supercatastrophe nucléaire

La catastrophe de Fukushima a ébranlé les croyances de citoyens japonais qui, jusqu’ici, se fiaient à leurs installations nucléaires.

Le début de l’ère du soupçon ?

Il a fallu attendre plusieurs jours, après le 11 mars 2011, avant que les responsables japonais n’admettent qu’il y avait eu à Fukushima un accident nucléaire sans doute plus grave que celui de Tchernobyl.

Puis les autorités – l’exploitant Tepco, le gouvernement, les services de surveillance – n’ont cessé de minimiser l’ampleur de la catastrophe. Le documentaire tente de faire la lumière sur ce qui s’est passé dans les réacteurs 1 à 4 de la centrale. Il analyse aussi la gestion de crise du lobby nucléaire japonais et international et montre que celui-ci met tout en oeuvre pour préserver un marché mondial lucratif.

Reportage Arte (Allemagne, 2012, 52mn)
Documentaire de Peter F. Müller, Michael Müller et Philipp Abresch

Retrouvez le Thema sur ARTE : « Les leçons de Fukushima »

Fukushima a ébranlé les croyances des japonais qui se fiaient à leurs installations nucléaires…

Un an après Fukushima, le gouvernement nippon assure que le site est sécurisé, mais les Japonais en doutent. Enquête sur un accident sans précédent, qui a réactivé le débat sur le nucléaire en France et en Allemagne.

 

 

 

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