Areva: l’ardoise d’une gestion désastreuse

La façon dont le ministre de l'industrie, Eric Besson, a commencé, dès dimanche, à préparer les esprits prouvait à elle seule le côté brûlant du sujet. Le groupe Areva, le joyau nucléaire français dont l'Etat est actionnaire à 87%, est en difficulté, reconnaissait-il. Aimable euphémisme.

Lundi, à l'issue d'un conseil de surveillance, le groupe nucléaire a dévoilé l'ampleur de la catastrophe : il va enregistrer une perte de 1,4 à 1,6 milliard d'euros en 2011.

L'essentiel de ces pertes est lié à des dépréciations d'actifs. Areva efface 2,4 milliards d'euros de valeur, dont 1,4 milliard pour le rachat d'UraMin, la société d'uranium canadienne reprise en 2007. 1.500 emplois doivent être supprimés en Allemagne mais plus de 1.200 disparaîtront aussi en France, par non-remplacement de départs en retraite, contrairement aux demandes du gouvernement. Compte tenu de sa dégradation financière, le groupe public prévoit de réaliser un plan d'économie de 1 milliard d'euros par an jusqu'en 2015. Mais il devra sans doute être recapitalisé au moins à hauteur de 1 milliard. Pour pallier l'impécuniosité de l'Etat, EDF risque d'être sollicité.

Comment le groupe public a-t-il pu en arriver là ? L'argumentaire a déjà été préparé : l'accident de Fukushima serait la principale cause. Le choc créé par le cataclysme nucléaire au Japon a coupé les ailes au renouveau tant espéré de l'énergie nucléaire dans le monde. Tous les projets d'expansion du groupe sont à revoir. L'Allemagne a déjà décidé de fermer toutes ses centrales : d'où la suppression imposée de 1.000 emplois dans ce pays, faute de débouchés. Après Fukushima, Areva a perdu l'essentiel de son activité commerciale au Japon. Huit réacteurs ont été fermés et personne ne sait s'ils repartiront un jour. Le groupe nucléaire a donc perdu des clients pour son MOX, le combustible qui a mis le parti socialiste en fusion lors de son accord avec EELV.

Cet effondrement industriel et commercial sans précédent justifie une réflexion profonde sur la nature d'Areva et une révision forte de tous les projets du groupe et de sa dimension pour s'adapter à un avenir qui risque d'être de moins en moins nucléaire. Mais ce constat n'explique pas à lui seul une telle déconfiture financière.

Luc Oursel.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Luc Oursel.© Reuters

Car ce que le groupe solde aujourd'hui, ce ne sont pas ses rêves d'expansion détruits dans l'explosion de Fukushima mais ses erreurs de gestion passées. La tactique du successeur chargeant au maximum la barque de son prédécesseur, pour mieux être libéré du passé, est à l'œuvre, ne vont pas manquer d'avancer les défenseurs d'Anne Lauvergeon, qui a trouvé refuge au conseil de surveillance du quotidien Libération. C'est incontestablement le cas. Luc Oursel qui a pris la présidence du directoire en juin a certainement envie de se redonner un peu d'oxygène.

Dans son cas, l'opération vérité est cependant à double tranchant. Car il est dans le groupe depuis dix ans, au comité exécutif depuis trois ans. Il était chargé de la surveillance industrielle du calamiteux chantier finlandais de l'EPR. Il a sa part de responsabilité dans ce qui s'est fait auparavant.

Mais le bilan de la folle gestion d'Areva ne pouvait plus être tu. Le groupe public est depuis des mois sous la pression des agences de notation qui menacent de le dégrader jusqu'en catégorie « junk bonds ». Les banques, une à une, se retirent du jeu, laissant l'Etat seul assumer la suite. Pour finir, une mission d'enquête de la commission des finances, que le député UMP Camille de Rocca-Serra s'est empressé de quitter, a commencé depuis juin à se plonger dans les comptes et les errements du groupe public et a rendu un premier rapport d'étape des plus alarmistes en octobre.

Le rapport final devrait remis fin janvier. Avant même ses conclusions, beaucoup s'alarment.

Un EPR à 6,6 milliards d'euros

Mille alertes ont été lancées depuis des années sur les dérives financières et industrielles d'Areva. Tout a été enterré, masqué par la communication dispendieuse mais redoutable d'Anne Lauvergeon, patronne atomique en butte, à l'en croire, à des complots redoutables  d'ennemis industriels et politiques ne visant qu'à sa défaite. Aujourd'hui, Anne Lauvergeon est partie. Les livres de compte s'ouvrent et les additions se font.

Il y a d'abord l'EPR. Après des années de déni, Areva a dû reconnaître que le chantier finlandais du réacteur nucléaire de troisième génération était un gouffre financier. Défauts de conception, pertes de main-d'œuvre qualifiée, sous-estimation des difficultés, insuffisance des suivis du chantier, problèmes avec le régulateur finlandais, retards en tout genre… La centrale qui devait être achevée en 2009 ne le sera peut-être même pas à la fin 2013 (voir notre enquête sur un fiasco industriel).

Le groupe a déjà provisionné plus de 2 milliards d'euros, ces dernières années. Le conseil de surveillance a décidé de rajouter 150 millions d'euros cette fois-ci encore. « L'EPR finlandais va coûter 6,6 milliards au lieu de 3 milliards», dit le député PS Marc Goua qui conduit la mission d'enquête de la commission des finances. Pour l'instant, le groupe nucléaire assume seul le surcoût, Siemens ayant quitté le navire. En espérant que le réacteur fonctionne bien après sa mise en marche car Areva s'est aussi engagé sur une puissance produite.

Pour le groupe nucléaire, ces déboires étaient inhérents à une tête de série. L'ennui est que l'EPR de Flamanville rencontre des difficultés à peu près comparables et a déjà trois ans de retard. Seuls les chantiers chinois se déroulent normalement. Mais de l'avis de tous, « les méthodes chinoises, tant sociales qu'industrielles, ne sont pas du tout transposables en Occident ». Pour ressortir à un prix acceptable, Areva espère abaisser ses coûts de 20 à 25%. Mais derrière ces objectifs affichés, plus personne n'y croit vraiment. Fukushima risque d'avoir enterré les perspectives de développement nucléaire. Et l'EPR apparaît de plus en plus comme un éléphant blanc, comme l'histoire industrielle en compte tant.

Passé le dossier de l'EPR, en voici un autre: quelles circonstances atténuantes va-t-on pouvoir avancer sur le rachat d'UraMin ? Après avoir déjà passé une provision de 426 millions d'euros en 2010, Areva va passer une nouvelle dépréciation de 1,5 milliard à la fin de l'année. Ainsi, d'une acquisition qui a coûté au total plus de 2,2 milliards d'euros, il ne va rester qu'à peine 400 millions inscrits au bilan : 80% de la valeur de la société rachetée en 2007 va être effacée. Il faut remonter à la bulle internet pour retrouver une telle destruction de valeur.

La mission d'enquête parlementaire a commencé à se pencher sur cette étrange acquisition « On ne peut pas dire que Bercy nous a facilité la tâche. Il a fallu l'intervention de Jérôme Cahuzac, président de la commission des finances, pour avoir enfin l'accès aux documents en septembre », raconte Marc Goua.

Le ministère des finances n'a peut-être pas envie de s'attarder sur ce dossier où tout dérange (voir notre enquête : UraMin, l'autre dossier qu'Areva voudrait oublier). Profitant de la vacance du pouvoir entre les deux tours de l'élection présidentielle de 2007, Anne Lauvergeon s'est lancée dans le rachat d'une société minière au cours boursouflé, au sommet de la bulle spéculative sur l'uranium, sans prendre la moindre règle de prudence. 

Aucun examen approfondi des gisements, comme le veut la tradition minière, n'a été effectué avant le rachat. Le groupe le reconnaît lui-même dans son communiqué, en expliquant la dépréciation des actifs notamment par la faiblesse des teneurs en minerai de certains gisements. En clair, il n'y a rien d'exploitable. Aucune étude juridique précise, fiable, ne semble avoir été conduite auparavant : Areva a dû racheter par la suite des droits d'exploitation des mines qu'elle n'avait pas. Tout est à l'avenant.

Une chaîne de responsabilité défaillante de bout en bout

Anne Lauvergeon.© Reuters

Anne Lauvergeon.

Près de deux milliards d'euros de pertes d'argent public, des milliers d'emploi supprimés  justifient, surtout au moment où l'on ne cesse de parler des fraudeurs sociaux, quelques questions. Car dans cette opération, la chaîne de responsabilité semble avoir été défaillante de bout en bout.

« Si des comptes doivent être demandés, c'est certainement à Anne Lauvergeon (l'ex-présidente d'Areva), mais certainement aussi aux responsables politiques qui, à l'époque, ont donné leur accord à un investissement très onéreux, payé dans un paradis fiscal et dont on s'aperçoit aujourd'hui qu'il ne vaut plus rien », a affirmé Jérôme Cahuzac, président de la commission des finances de l'Assemblée nationale dimanche.

Les silences dans cette affaire sont en effet éloquents, et pas seulement parce que le nucléaire est un domaine régalien. Comment l'Agence de participations de l'Etat (APE), qui représente l'Etat comme actionnaire principal, a-t-elle pu cautionner sans y regarder de plus près une telle acquisition ?

Une première note de l'APE souligne bien les risques et incite à la prudence. Mais quelques semaines après, l'Agence a radicalement changé d'avis et donne son feu vert à l'opération. Dans la marge, une mention manuscrite relève une « belle victoire industrielle de la France ».

Ainsi, à aucun moment, cet organisme censé veiller sur les intérêts publics ne se posera la question des cours surévalués, de l'absence d'audit minier, de l'absence de la moindre exploitation ou réalisation industrielle. Il ne s'interrogera même pas sur le fait que cette société canadienne n'a pas dix-huit mois d'existence et est logée aux îles Vierges britanniques. Et il fermera les yeux sur le fait qu'Areva paiera son rachat dans les paradis fiscaux, ce qui est tout de même inhabituel pour un groupe public. Le ministère des finances, sous la tutelle à l'époque de Christine Lagarde, ne sera pas plus ému par la situation.

Que dire aussi des conseils d'Areva ? La banque Rothschild et des juristes ont supervisé l'acquisition et ont été payés pour cela. Comment ont-ils pu oublier les principes de base ? Des opérations de rachat se mènent après des audits financiers et industriels. Des sécurités juridiques sont imposées à toutes les étapes. Là, rien de tel : pas une expertise minière, pas une vérification juridique. Les banquiers d'affaires ne semblent même pas avoir vu la surévaluation manifeste de la société, des mouvements suspects boursiers qui fleurent bon le délit d'initiés. Autant de signes qui, normalement, conduisent à recommander l'abstention.

Mais le silence a continué. Les commissaires aux comptes, qui approuvent les comptes, auraient normalement dû demander une dépréciation d'UraMin dès la fin de 2007, ne serait-ce que, comme le veulent les règles comptables, pour acter la chute des cours de l'uranium qui s'étaient effondrés depuis l'acquisition. Ils se sont tus et ont approuvé les comptes sans émettre la moindre réserve. Par la suite, René Ricol, dépêché par l'Elysée et le conseil pour faire un état de la situation d'Areva, se montrera tout aussi prudent. Certes, l'acquisition avait été surpayée mais les mines d'uranium sont des actifs sûrs qui finiraient par retrouver leur valeur, était-il dit. Une dépréciation de 400 millions d'euros suffirait pour couvrir le tout. Cette politique de l'édredon visait-elle seulement à ne pas porter ombrage à Anne Lauvergeon, les auditeurs n'osant pas l'affronter, ou à ne pas trop attirer l'attention sur cette opération ?

Et puis, il y a le conseil de surveillance d'Areva. Lui non plus, dans la bonne tradition française, n'a rien vu ou voulu voir. Est-ce parce le président de l'APE, Bruno Bezard, y siégeait comme administrateur représentant l'Etat et qu'il n'a pas voulu se déjuger ? « C'est l'habitude de l'administration qui, désormais, considère que l'Etat est par nature disqualifié pour parler et qu'il faut laisser faire le privé », soupire un observateur.

Mais il y avait tous les autres administrateurs, notamment Jean-Cyril Spinetta, nommé spécialement par l'Elysée comme président du conseil de surveillance pour veiller sur les intérêts d'Areva et de l'Etat. Tous ont accepté de valider sans sourciller les comptes et les explications d'Anne Lauvergeon. Aujourd'hui, le conseil de surveillance a annoncé que trois de ses membres indépendants allaient constituer un «comité pour enquêter sur les conditions d'acquisition et d'exploitation d'UraMin ». Il est temps de rappeler que les administrateurs ne sont pas seulement là pour encaisser des jetons de présence mais ont aussi des responsabilités.

Manifestement, l'enquête parlementaire sur UraMin dérange. Et tout le monde commence à essayer de se dédouaner. Car au fur et à mesure que les éléments s'assemblent, il apparaît que tout ne peut pas seulement être la faute à «pas de chance», à la bulle sur les matières premières, à la spéculation boursière, dont auraient profité les seuls actionnaires d'UraMin en procédant à sa vente. Des informations arrivent, par la presse namibienne notamment, de voyages de représentants français, de disputes aussi entre membres du gouvernement du pays autour des mines rachetées par Areva. « Il y a de nombreux éléments dérangeants dans ce dossier. Je ne vois pas comment la justice ne pourra pas être saisie », pronostique un banquier.

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Le nucléaire ne paie plus pour Areva

La catastrophe de Fukushima a atomisé les ambitions d’Areva. Le fleuron de l’industrie nucléaire française va annoncer des pertes “vraisemblablement importantes”, selon le ministre de l’Industrie, Eric Besson, qui a confirmé du bout des lèvres, hier, des rumeurs insistantes.

Areva ne paie plusLuc Oursel, qui a pris la suite d’Anne Lauvergeon à la tête du groupe, à la fin de juin 2011, doit présenter son “plan d’orientation stratégique” aujourd’hui, devant le conseil de surveillance puis aux représentants du personnel. Le patron du leader mondial du nucléaire, qui doit faire face au bouleversement provoqué depuis neuf mois par l’accident majeur de la centrale japonaise, a pour mission de redresser les finances d’Areva. Selon un document interne révélé par l’AFP fin novembre, les coûts de fonctionnement doivent être réduits de 750 millions d’euros d’ici à 2015, dont 500 d’ici à 2013.

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Action rond point Ambérieu 10.12.2011

Action du collectif STOP BUGEY à Ambérieu le 10.12.2011

Le but de cette action était d’interpeler les ambarrois sur les dangers du nucléaire et de réclamer la sortie immédiate du nucléaire. Nous voulions montrer aux habitants, qu’il existe à nouveau aujourd’hui, une dynamique d’associations et collectifs1, permanents et motivés par la sortie du nucléaire; cela, en dehors des « grands » rassemblements.

1Un collectif régional STOP BUGEY,  une association Sortir Du Nucléaire Bugey spécifique et domiciliés ici au coeur du Bugey ainsi que des dizaines d’associations solidaires de notre combat pour la sortie réfléchie du nucléaire, pour la sobriété, l’efficacité énergétique, la vraie indépendance énergétique et bien sur, le développement et la promotion des énergies renouvelables)

Voir ici l’action précédente, du 12-11-2011

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Fukushima : l’équivalent d’une région française devenue radioactive

Les conséquences de l’accident nucléaire de Fukushima sur la population commencent à montrer leur étendue. Pneumonies, leucémies ou problèmes hormonaux semblent se multiplier chez les deux millions d’habitants de la région. Les enfants sont en première ligne, alors que les terres, les eaux et certains aliments sont fortement contaminés. De son côté, Tepco, l’exploitant de la centrale, sombre dans le cynisme : les éléments radioactifs qui se sont échappés des réacteurs ne lui appartiennent plus…

« La santé de nos enfants est maintenant en danger. Nous constatons des symptômes tels que thyroïdes enflées, saignements de nez, diarrhées, toux, asthme… » C’est l’appel lancé par un groupe de femmes de la région de Fukushima. Depuis mars, ils sont de plus en plus nombreux à se mobiliser pour alerter sur les dangers sanitaires de la radioactivité, dans la zone concernée par la catastrophe nucléaire, comme ailleurs dans le pays. Des graphiques mis en ligne par Centre de surveillance des maladies infectieuses font apparaître d’inquiétants pics pour certaines maladies au Japon, comme les pneumonies, ou les conjonctivites aiguës hémorragiques.

Des écoliers plus irradiés que les travailleurs du nucléaire

Des prélèvements d’urine effectués par un laboratoire indépendant français (l’Acro, agréé par l’Autorité de sûreté du nucléaire), auprès d’une vingtaine d’enfants de la région de Fukushima ont montré que 100 % d’entre eux sont contaminés par du césium radioactif. Dans cette région, un enfant examiné sur 13 aurait des problèmes hormonaux et un dysfonctionnement de la thyroïde, selon une étude japonaise. Face à l’angoisse des parents, la préfecture de Fukushima a lancé en octobre une grande étude médicale auprès de 360 000 enfants.

Les habitants de la région de Fukushima restent soumis à un important taux de radiation. En avril, le gouvernement japonais a relevé la norme de radioprotection de la préfecture de Fukushima de 1 millisievert/an à 20 millisieverts/an. Ce taux est le seuil maximal d’irradiation en France pour les travailleurs du nucléaire. Alors que la sensibilité des enfants aux radiations est plus importante que celle des adultes, le ministère de l’Éducation considère pourtant comme « sans danger » les écoles où le taux de radiation approche les 20 millisieverts/an. 20 % des écoles de la préfecture de Fukushima dépasseraient ce taux. Dans ces établissements, les activités de plein air sont limitées : les enfants ne sont pas autorisés à rester plus d’une heure dans les cours de récréation et les parcs, ni à jouer dans les bacs à sable. Parallèlement, du césium a même été détecté dans du lait en poudre destiné aux enfants.

Les autorités confirment la vente de riz contaminé

Cette situation est « extrêmement dangereuse », s’indigne le réseau Sortir du nucléaire, qui rappelle qu’« aucune dose de radioactivité n’est inoffensive » : « Les normes d’exposition ne correspondent en aucun cas à des seuils d’innocuité scientifiquement fondés ; elles définissent seulement des niveaux de “risque admissible”. » Dans la ville de Fukushima, située à 60 km de la centrale, la Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité) a mesuré une contamination de 370 000 Bq/kg de la terre prélevée sous les balançoires d’une école primaire. Une radioactivité énorme. « Ce sol est devenu un déchet radioactif qui devrait être stocké dans les meilleurs délais sur un site approprié », déclarait alors l’organisation.

La nourriture est aussi un vecteur de contamination radioactive. Les autorités japonaises ont étendu le 29 novembre l’interdiction de vente de riz, notamment dans la région de Date, où des milliers d’agriculteurs ont dû suspendre leurs livraisons. Les dernières mesures effectuées montraient une teneur supérieure à la limite légale provisoire, fixée par le gouvernement à 500 becquerels/kg. Neuf kg de riz « excédant les standards de sécurité internationaux » ont par ailleurs été vendus à des consommateurs, ont déclaré les autorités de la préfecture de Fukushima, qui se sont excusées pour « les désagréments causés aux personnes qui ont acheté ce riz » (sic). C’est la première fois depuis la catastrophe que les autorités confirment la vente de riz contaminé. Le présentateur de télévision Norikazu Otsuka, qui consommait en direct des produits de la région de Fukushima pour en montrer l’innocuité, a récemment été hospitalisé pour une leucémie aigüe. Ce qui n’a pas rassuré les deux millions d’habitants de la zone.

L’équivalent de la Bretagne contaminé au Césium

Autre sujet d’inquiétude : le taux de contamination en césium des rivières de la région de Fukushima. Une étude universitaire évalue le niveau de contamination à l’embouchure de l’Abukumagawa à environ 50 milliards de becquerels répandus dans la mer chaque jour. L’équivalent, au quotidien, du césium déversé dans la mer pour tout le mois d’avril, par les eaux « faiblement contaminées » relâchées par Tepco depuis les réacteurs.

Un rapport publié fin novembre par les autorités japonaises souligne que 8 % du territoire du Japon est fortement contaminé par du césium radioactif. Soit 30 000 km². L’équivalent de la superficie de la Bretagne ou de la région Paca. Le césium s’est diffusé à plus de 250 km vers l’ouest, et jusqu’à la préfecture d’Okinawa, à 1 700 km de la centrale, selon le ministère des Sciences [1]. Une zone de 20 km autour de la centrale a été évacuée en mars, et à 30 km les habitants avaient pour consigne de se calfeutrer chez eux, prêts pour une évacuation. Les dernières cartes publiées par le ministère montrent que la zone à risque est beaucoup plus étendue. 300 000 personnes vivent dans la ville de Fukushima, où la radioactivité cumulée atteignait en mai plus de 20 fois la limite légale.

Source : The Asahi Shimbun

À qui appartient la radioactivité ?

À Hitachinaka, à une centaine de km de la centrale, le taux de radiation est de 40 000 becquerels/m², près d’un million de fois supérieur à la radioactivité naturelle locale, avant la catastrophe [2]. Après l’accident de Tchernobyl, les zones où les niveaux de radioactivité dépassaient 37 000 becquerels/m² étaient considérées comme « contaminées », rappelle le journal Asahi, principal quotidien du Japon. Dans le quartier Shinjuku de Tokyo, le taux est toujours de 17 000 becquerels/m² [3]. Dans certaines régions montagneuses, à 180 km de Fukushima, la radioactivité se situe entre 100 000 et 300 000 becquerels/m². Une contamination qui aura des conséquences durables, car la demie-vie du césium 137 est de 30 ans.

Le gouvernement se veut pourtant rassurant. Beaucoup d’habitants n’ont de toute façon pas les moyens de quitter les zones contaminées. La plupart des 160 000 Japonais évacués après la catastrophe attendent toujours des indemnités de la part de Tepco. Le propriétaire de la centrale est de plus en plus critiqué pour sa gestion de l’après-catastrophe. Lors d’un procès concernant la décontamination d’un terrain de golf au Japon, Tepco a sidéré les avocats en se dédouanant de ses responsabilités, affirmant que « les matériaux radioactifs (comme le césium) qui ont été disséminés par le réacteur n° 1 de la centrale de Fukushima et sont retombés appartiennent aux propriétaires des terres et non plus à Tepco » !

Cynisme et manque de transparence

Un argument rejeté par le tribunal, qui a cependant décidé de confier les opérations de décontamination aux autorités locales et nationales. Tepco va jusqu’à contester la fiabilité des mesures effectuées et affirme qu’un taux de 10 millisieverts/heure n’était après tout pas un problème et ne justifiait pas de maintenir des terrains de golf fermés. Les mesures effectuées sur ces terrains mi-novembre ont pourtant détecté un taux de césium de 235 000 becquerels par kg d’herbe : à ce niveau, la zone devrait être classée comme interdite selon les standards mis en place après l’accident de Tchernobyl, souligne Tomohiro Iwata, journaliste du Asahi Shimbun.

Au cynisme de Tepco s’ajoute le manque de transparence. Le 28 novembre, l’entreprise a annoncé que Masao Yoshida, 56 ans, directeur de la centrale de Fukushima au moment de la catastrophe, a dû quitter son poste pour des raisons de santé. Il a été hospitalisé en urgence. Tepco refuse de donner davantage de précisions. Par ailleurs, un projet du gouvernement d’organiser un monitoring en temps réel des radiations dans 600 lieux publics de la préfecture de Fukushima, notamment les écoles, devait démarrer en octobre. Il a été reporté à février 2012. Argument évoqué : l’entreprise qui devait fournir les équipements n’a pas pu tenir les délais.

Le béton des réacteurs rongé par le combustible

Les experts estiment que les efforts de décontamination devraient coûter au Japon 130 milliards de dollars. À cela risquent de s’ajouter des coûts sanitaires et environnementaux encore difficiles à comptabiliser, tant le risque sanitaire semble être aujourd’hui minimisé. D’après Tepco, la situation de la centrale est aujourd’hui stabilisée [4]. La température des réacteurs 1, 2 et 3 – qui ont subi une perte totale du système de refroidissement en mars – serait maintenue en dessous de 100 degrés. Le risque sismique n’est pourtant pas écarté, qui pourrait de nouveau aggraver la situation. Dans un rapport rendu public le 30 novembre, Tepco explique que le combustible du réacteur 1 aurait entièrement fondu, percé la cuve et rongé une partie du béton de l’enceinte de confinement, sur 65 cm de profondeur. Le combustible fondu serait à 37 cm de la coque en acier. Mais ces analyses reposent sur des estimations et simulations informatiques. Impossible d’avoir des informations plus précises.

Pendant ce temps, la vie continue dans les régions contaminées. Le 13 novembre, dans la ville de Fukushima, était organisé le marathon annuel, Ekiden. Des jeunes femmes ont couru 40 km, sans aucune protection, dans une des zones les plus contaminées du Japon. Un journaliste japonais y a relevé des taux de 1,4 microsieverts/h (soit plus de 12 fois la limite d’exposition aux rayonnements autorisée pour la population civile en temps normal). L’organisateur de la course a fait signer aux participants un formulaire stipulant qu’ils ne pourraient le poursuivre en justice s’ils avaient des problèmes de santé. À Fukushima, la vie ressemble à un jeu de roulette russe où les victimes ne sont pas ceux qui appuient sur la gâchette. Eux jouissent, pour le moment, d’une impunité totale.

Agnès Rousseaux

Photo : Home of chaos


Source : The Asahi Shimbun

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Fukushima, nouvelle fuite d’eau radioactive ! Passez passez, tout va bien, aucun problème !

Un jour, oui, un jour, il sera trop tard pour reculer.

Les actualités désastreuses en provenance de Fukushima se retrouvent perdues parmi les innombrables articles concernant la CRISE, la DETTE, l’effondrement de l’ÉCONOMIE, les GUERRES et autres RÉVOLUTIONS, l’imposant binôme SARKOZY-MERKEL, l’avenir de l’EURO…

Bref, pendant que les gouvernements du monde s’embourbent dans la finance, que tout ce qu’il reste à sauver est notre SYSTÈME FINANCIER, ce système si parfait, si juste, si égalitaire, si équitable, les conséquences du tsunami de mars 2011 sur la centrale de Fukushima se poursuivent.

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La passoire nucléaire

Au moment ou Greenpeace vient de prouver, d’une façon non violente et magistrale, la totale inefficacité des services de sécurité nucléaire, s’introduisant en quelques minutes dans l’enceinte de 2 centrales nucléaires, il est temps de dénoncer le risque que font courir aux populations la proximité des centrales nucléaires.

L’opération commando des 9 militants s’est déroulée dans la matinée du lundi 5 décembre, vers 6h, au moment où les gardes nucléaires, profitant peut-être du répit dominical, ont baissé la garde, mais qui pourrait trouver une excuse à cette absence de vigilance, surtout lorsqu’il s’agit d’installations nucléaires. vidéo

D’autant que ce n’était pas une première. lien

militants greenpeaceLes militants de Greenpeace ont précisé : « nous communiquerons plus tard les détails, mais on a atteint le réacteur de la centrale de Nogent en 15 minutes, sans difficulté, en passant par la terre. Pas besoins de moyens surhumains (hélicoptères ou autres). Je précise qu’on n’avait pas les clés ! (…) on a atteint notre objectif  ». lien

Et puis le 6 décembre, on apprenait que 2 autres militants avaient réussi a passer 14 heures dans l’enceinte de la centrale de Cruas-Meysse. lien

Rappelons qu’il suffit qu’une alimentation d’eau de refroidissement pose problème, et que les groupes électrogènes de secours soient en panne, pour qu’un accident nucléaire majeur, comme on l’a vu a Fukushima, ne se déclare.

Or, en ne mettant qu’un petit quart d’heure pour pénétrer dans l’enceinte de la centrale de Nogent, malgré les barbelés, les défenses électriques, et la « vigilance » des forces spéciales, les militants pacifistes de Greenpeace ont prouvé l’insécurité du système.

Si l’intrusion avait été menée par un groupe terroriste, ils auraient peut-être eu le temps de provoquer la rupture du circuit de refroidissement, et de mettre aussi hors d’état de fonctionner les groupes électrogènes de secours.

Dès lors, on se retrouvait dans la même situation qu’à Fukushima.

Le réacteur, privé de circuit de refroidissement aurait commencé à chauffer, et comme les relais de secours des groupes électrogènes n’auraient pu fonctionner, le cœur du réacteur aurait fondu en moins de 3 heures, provoquant la catastrophe que l’on sait, qui aurait non seulement rendu ce territoire inhabitable pendant des dizaines d’années, voire plus, et provoqué l’exode de dizaines de milliers de femmes et d’hommes.

Mais on peut aller plus loin.

Le fameux EPR tant prôné par l’autocrate président souffre de nombreuses tares.

Comme l’a indiqué un rapport qui devait être tenu secret, cette installation « révolutionnaire » ne résisterait pas à la chute volontaire, ou pas, d’un avion de ligne, et présente des défauts de conception. lien

Mais ce n’est pas tout : une dépêche de l’AFP du 1er décembre 2011 raconte par le détail la visite surprise de 2 parlementaires qui ont découvert avec effroi que le personnel de secours avait été loin de réaliser les missions de sécurité qu’on leur avait imposé.

Claude Birraux, député UMP et président de l’OPECST (office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques) s’était rendu pour une visite surprise à la centrale de Paluel.

A sa demande, l’ASN (autorité de sureté nucléaire) a simulé un accident similaire à celui de Fukushima, soit une perte totale d’alimentation électrique, et une panne du groupe électrogène de secours.

L’alerte fictive a été lancée à 22h.

A 23h30 les agents qui géraient la « difficulté » cherchaient une clé nécessaire pour ouvrir un panneau d’alimentation électrique.

Hélas, la clé était « en commande » et donc indisponible.

A minuit, l’équipe de choc pénètre dans le local électrique du réacteur n°1 et constatent que «  les indications du document de procédure ne correspondent pas au panneau électrique ».

Ils contournent la difficulté en décidant de se raccorder au réseau du réacteur n°3.

Ils ont un nouveau problème : le local n’est pas numéroté.

Il y a un doute (dixit le communiqué de l’AFP) les clés sur le panneau sont-elles mal étiquetées, ou bien sommes nous dans le mauvais local et comme le local n’est pas non plus numéroté, ça ne « facilite pas la manœuvre » a ajouté le député.

Agacement de l’ASN qui se plaint que « la procédure comportait « de nombreuses erreurs (…) lacunes (…) à l’évidence pas opérationnel ».

En même temps, un sénateur, Bruno Sido, vice président de l’OPECST mènait une opération convergente à la centrale du Blayais.

Il a fallu une demi-heure, et 4 personnes pour tenter de répondre à une situation de crise.

La question posée était « quel est le critère conduisant à l’arrêt du pompage d’eau en cas d’inondation  ».

Ces « professionnels de la sécurité » cherchaient en vain dans la rubrique «  pompage » une information qui était dans la rubrique « inondation ». lien

Rappelons au lecteur que cette même centrale du Blayais avait connu en 1999 des évènements graves qui avaient conduit Alain Juppé, alors maire de Bordeaux à envisager l’évacuation des plus de 200 000 habitants de la ville.

La catastrophe avait été évitée de justesse. lien

Quant au sénateur, Claude Sido, il est revenu sur l’intrusion de Greenpeace du 5 décembre déclarant « on peut toujours pénétrer dans un endroit interdit (…) la sécurité à 100% n’existe pas, des gens déterminés arriveront toujours à essayer de pénétrer » puis évoquant les inspections surprises au Blayais et à Paluel, il a constaté, concernant la centrale du Blayais « qu’ils ont mis une demi heure pour trouver la bonne procédure  », puis concernant la centrale de Paluel, il a ajouté qu’à Fukushima, « pendant plus de 2 jours ils n’ont rien fait  ». lien (régler le curseur à 29’)

Or, c’est totalement faux : devant la rupture du refroidissement, et la panne des groupes de secours, les Japonais ont tenté tout de suite, mais en vain de sauver la situation. lien

Nous savons maintenant que 3 petites heures après le séisme, le combustible du réacteur n° 1 avait totalement fondu. lien

Conclusion, si la situation provoquée à Paluel n’avait pas été un simple exercice, mais la réalité, nous aurions pu nous trouver dans la même situation qu’à Fukushima.

Mais Eric Besson ne retient qu’une chose : s’il était prouvé que des personnes non habilitées aient pu parvenir à pénétrer dans l’enceinte d’une centrale nucléaire, « cela veut dire qu’il y a eu des dysfonctionnements et qu’il faudra prendre des dispositions pour que ça ne se reproduise pas  ». lien

Il oublie de préciser que si ces personnes « non habilitées » avaient été animées de mauvaises intentions, il y aurait eu des sanctions pour quelques millions de français.

Henri Gaino, jugeant l’action « irresponsable  », a reconnu « que cela fait quand même réfléchir sur la sécurisation des accès aux centrales nucléaires (…) il va falloir en tirer les conséquences  ». lien

Sauf qu’il est probable que pour lui, comme pour l’autocrate président, il n’est toujours pas à l’ordre du jour de sortir du nucléaire.

A Fukushima, près de 9 mois après la catastrophe, TEPCO signale une nouvelle fuite radioactive de 45 tonnes d’eau (lien) mais selon d’autres informations parues dans « Fukushima Diary », il s’agirait en fait de 220 tonnes dont une partie se serait écoulée dans la mer.

Cette eau, contaminée à 45 000 Bq/L de césium, soit 300 fois plus que la norme, contient aussi 1 million de fois plus de strontium que la norme. lien

De toutes façon Tepco a fini par admettre le 4 décembre que les égouts de Fukushima communiquaient directement avec l’océan, ajoutant : « quand il pleut, le niveau de l’eau augmente, mais une fois la fin de la pluie, le niveau descend progressivement, ce qui signifie qu’il existe des fuites… ». lien

Quant aux lumières/feux (?) aperçues depuis plusieurs jours, d’après Arnie Gundersen, il y aurait une accumulation d’hydrogène à l’intérieur du confinement à Fukushima, laquelle serait due à la réaction en chaine, et aux « décompositions radioactives ».

Arnaud Gundernsen démontre que, lorsque il y a 2 parts d’oxygène pour 1 part d’hydrogène, de la vapeur d’eau se forme, créant beaucoup de chaleur et une explosion (lien) et c’est cette explosion qui a eu lieu dans le réacteur n°1, au début de la catastrophe.

Il est possible que la flamme que nous apercevons depuis quelques jours soit un feu d’hydrogène. lien

Pour l’instant, TEPCO continue d’envoyer de l’azote dans l’enceinte de confinement, afin d’éviter que l’oxygène ne se mélange à l’hydrogène et ne provoque l’explosion redoutée.

Gundersen conclut : «  tant que l’azote inerte et l’hydrogène se trouvent dans l’enceinte de confinement, tout ira bien  », impliquant que si ce n’était plus le cas…tout irait très mal.

Et il rappelle que le confinement de TEPCO est 2 millions de fois plus grand que la bouteille de plastique qu’il a utilisé pour son expérimentation.

Une telle explosion détruirait vraisemblablement définitivement ce qui reste de la centrale, et des centaines de tonnes d’eau radioactive seraient alors vaporisées dans l’atmosphère.

Comme dit mon vieil ami africain : « pour la carotte, le lapin est la plus parfaite incarnation du mal  ».

Merci à Corinne Py pour sa participation.

Olivier Cabanel

L’image illustrant l’article provient de « afp.com/Valery Hache »

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Des militants de Greenpeace s’introduisent dans la centrale nucléaire

L'organisation écologiste Greenpeace a annoncé ce lundi que des militants avaient réussi à s'introduire dans la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine, située à 95 km au sud-est de Paris. 

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La centrale ou la bougie

La centrale ou la bougie

Nucléaire ou la bougie

Comparer la peur du nucléaire aux craintes suscitées par le progrès au Moyen-Âge, comme l’a fait Nicolas Sarkozy, est un «discours absurde», selon Jean-Baptiste Fressoz, historien du climat: ce n’est «intéressant (que) si on le prend en tant que symptôme, symptôme de la ténacité bête et obstinée des arguments technophiles les plus éculés».

Tous les poncifs nucléophiles étaient au rendez-vous du discours de Nicolas Sarkozy sur le nucléaire (centrale de Tricastin, 25 novembre 2011). Avec sa syntaxe inimitable et approximative, notre président s’emportait contre la possibilité de réduire la part du nucléaire dans la production électrique: «Il n’est pas le temps de revenir à l’époque du Moyen Age, des peurs moyenâgeuses où l’on se méfiait du progrès […]. On ne va pas retourner à l’époque de la bougie!»

Certes non. Entre «l’époque de la bougie» et le programme électronucléaire français des années 1970, quelques autres possibilités techniques se sont naturellement présentées. Et c’est précisément de cela qu’il faut discuter, sans anathème. D’un certain point de vue, la question du nucléaire n’est pas environnementale, elle n’est pas même celle du risque, pourtant avéré, de cette technologie. Elle est simplement économique: sur le long terme, une fois pris en compte le coût abyssal du stockage des déchets durant des milliers d’années et celui du confinement des anciennes centrales, le nucléaire paraît être une mauvaise affaire dont il convient de comparer la rentabilité avec les autres filières énergétiques.

Mais le but de cet article n’est pas de prêcher la diversité énergétique ou d’expliquer une fois encore le rôle tout à fait minime du nucléaire dans la réduction des émissions de CO2. Non, le discours absurde de Sarkozy est intéressant si on le prend en tant que symptôme, symptôme de la ténacité bête et obstinée des arguments technophiles les plus éculés.

Commençons par l’inusable bougie chère à nos nucléocrates. L’argument ne date pas d’hier. Il apparaît en effet en 1819 durant la grande controverse suscitée par le gaz d’éclairage. Cette technologie extrêmement polluante et dangereuse fut âprement discutée. D’un côté, les opposants s’inquiétaient du risque d’explosion des gazomètres (construits en ville) et défendaient l’huile d’éclairage produite à partir de colza qui présentait le mérite de fournir un combustible renouvelable. De l’autre, les industriels et les académiciens prônaient l’usage massif du charbon, qui devait entraîner le développement de l’économie française sur le modèle britannique. La bougie devient le symbole d’une lumière faible et dépassée. Dans ce débat, Nicolas Clément-Désormes, un chimiste renommé, professeur à l’Ecole centrale des arts et manufactures, proposa une évaluation sereine du gaz d’éclairage. Après un examen minutieux de son coût, il arriva à la conclusion qu’il valait bien mieux miser sur le perfectionnement technique des lampes à huile.

Le point est important et mérite que l’on s’y arrête: l’axe du temps scandé par les innovations n’est pas un axe de leur valeur. Le gaz d’éclairage avec sa débauche de gazomètres et de conduites souterraines ne fait qu’imiter de manière coûteuse la simplicité merveilleuse de la lampe à huile qui a en outre le mérite d’être légère, portable et de préserver l’autonomie des individus. Les notions d’innovation ou de progrès se retournent comme un gant: «Supposons que l’éclairage au gaz ait été le premier connu, qu’il soit partout en usage, et qu’un homme de génie nous présente une lampe à huile ou une simple bougie allumée. Que notre admiration serait grande devant une si étonnante simplification». (1)

A côté de la bougie, le deuxième argument historique que l’on trouve sans cesse sous les plumes technophiles est celui des peurs que nos ancêtres auraient conçues à l’endroit des premiers trains. Celles-ci ne manquent jamais d’être rappelées afin de discréditer les peurs irrationnelles que susciteraient, de nos jours encore, les innovations.

Par exemple, en 2004, alors que la controverse sur les OGM battait son plein, le PDG d’une start-up de biotech expliquait dans le journal Le Monde: «Les innombrables articles écrits pour faire peur à l’opinion publique pourraient alimenter un bêtisier du même niveau que ce qu’on a pu écrire au moment de l’apparition du chemin de fer». L’année précédente, le philosophe des sciences Dominique Lecourt dénonçait les «biocatastrophistes» en se référant à un atavisme technophobe: «En 1835, devant le chemin de fer, les membres de l’Académie de médecine de Lyon demandèrent solennellement: « Est-ce bien utile? N’avons-nous pas des moyens bien plus sûrs et naturels de nous déplacer? Ne risquerons-nous pas des atteintes à la rétine et des troubles de la respiration à grande vitesse, les femmes enceintes ballottées ne vont-elles pas faire des fausses couches? »». L’importance qu’a prise cet argument mérite que l’on s’y arrête.

Il s’agit en fait d’un mythe dont on peut suivre la naissance, l’embellissement et la propagation. En 1863, dans le compte rendu d’un livre sur les maladies professionnelles des cheminots, Louis Figuier, le grand vulgarisateur des sciences du XIXe siècle, compose un petit bêtisier médical sur les chemins de fer. Il mentionne, sans donner de référence, des accusations proférées par de doctes médecins: les chemins de fer causeraient des avortements, fatigueraient la vue et causeraient même des troubles nerveux. Quelles que soient les sources, sans doute imaginaires, de Figuier, on ne trouve nulle trace du rapport de 1835 mentionné par Dominique Lecourt. L’académie de médecine de Lyon n’a d’ailleurs jamais existé.

La construction du mythe se poursuit en Allemagne. En 1889, Heinrich von Treitschke mentionne, sans donner de références, un rapport de 1835 (même date que le pseudo rapport lyonnais) du collège médical de Bavière qui conseille d’interdire les chemins de fer car leur vitesse faramineuse pourrait causer un «delirium furiosum» aux passagers. Cette anecdote connaît un succès extraordinaire. On la retrouve dans une histoire des chemins de fer en 1912, dans Mein Kampf en 1922 (où Hitler s’en sert pour ridiculiser les experts), puis dans différents travaux historiques sur la révolution industrielle ou les chemins de fer des années 1960-80, à chaque fois mentionnée à propos des «résistances au progrès».

Le but de ces précisions historiques n’est pas seulement de démystifier le discours technophile. Elles pointent en effet vers deux conclusions importantes pour la compréhension des enjeux actuels.

Premièrement, les innovations majeures du XIXe, que ce soit la vaccination, la vapeur, l’industrie chimique, le gaz d’éclairage ou les chemins de fer ont suscité des controverses considérables. Si les oppositions ont généralement été contournées ou supprimées, elles ont néanmoins eu un rôle déterminant dans la sécurisation de ces technologies. Par exemple, les innombrables plaintes, procès et pétitions n’étaient pas contre les chemins de fer mais contre les accidents qu’ils provoquaient et contre les compagnies soupçonnées de faire des économies au détriment de la sécurité des voyageurs. La sécurité actuelle des systèmes ferroviaires est l’héritière de ces contestations.

Deuxièmement, le XIXe siècle, que l’on caricature en siècle du progrès, n’a pas été simplement technophile. Nous ne sommes pas les premiers à distinguer dans les lumières de la science, l’ombre de ses dangers. Par contre, il est vrai que les modernisateurs ont réussi à passer outre les oppositions, les dangers, et la conscience aiguë que l’on avait de ces dangers. Et cela doit nous garder de tout optimisme naïf quant au contemporain. La visibilité actuelle des controverses technologiques et environnementales ne signifie pas nécessairement que nous sommes à l’aube d’une maîtrise démocratique de la technologie ou d’une ère nouvelle de réflexivité environnementale. Dans les années 1970-2010, au milieu d’une période de haute technophilie (nucléaire civil, informatique, internet et émergence des biotechnologies), nombre de philosophes et de sociologues communiaient dans cet espoir sans réaliser combien l’artificialisation croissante du monde le rendait dérisoire.

Outre le récent discours de Sarkozy, les événements de cet automne en fournissent d’ailleurs une parfaite illustration: la menace d’une récession a immédiatement relégué les mauvaises nouvelles climatiques (pourtant autrement plus graves) aux entrefilets des pages centrales de nos journaux. De la récession actuelle, on aurait pu au moins espérer qu’elle résolve une petite partie de nos soucis climatiques. Mais non. L’intensité en carbone de l’économie augmente. On s’achemine vers une stagnation économique et une croissance des émissions. 2011 a ainsi établi un record dans ce domaine, +6% d’émission en un an. Si on reste à ces niveaux, selon les modèles climatiques ce ne sont pas 2 ou 3°C, mais +6°C qu’il faut anticiper pour 2100. L’apocalypse est devenue un fait divers.

En fait, loin d’être devenues réflexives, nos sociétés fétichisent comme jamais auparavant l’innovation: à propos du climat ou d’économie, elle semble devoir être le seul recours pensable. Que le vocable de progrès ait, de nos jours, perdu de son lustre révèle simplement l’acceptation générale de sa logique: dans les sociétés contemporaines de la connaissance, unanimement tendues vers l’innovation et la maîtrise technique, c’est faute d’ennemi que le progrès a perdu son sens politique.

Jean-Baptiste Fressoz, Imperial College, Londres.

(1) Pour les références voir Jean-Baptiste Fressoz, L’Apocalypse joyeuse, une histoire du risque technologique, Le Seuil, février 2012.

01 – 12 – 2011 Par Les invités de Mediapart

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Nucléaire : Besson bat Joly… sur le nombre de mensonges

Nucléaire : Besson bat Joly… sur le nombre de mensonges

Eva Joly, Eric Besson débat France2

Capture d’écran de l’émission « Expliquez-vous » du 30 novembre avec Eva Joly et Eric Besson

Le ministre de l’Industrie Eric Besson et la candidate écolo à la présidentielle Eva Joly se sont écharpés mercredi soir sur i>Télé et Europe 1, chacun rendant coup pour coup aux agressions de l’autre.

A une candidate attaquant sur les « bobards des nucléocrates », le ministre a répondu avec plus de calme, mais pas moins en verve :

« Je suis effrayé par votre rapport aux chiffres, aux faits et à la vérité. Dire que vous avez été juge d’instruction me donne froid dans le dos. »

L’auditeur ou téléspectateur avait de quoi être perdu, baladé entre les chiffres et les exemples. Nous avons vérifié les principaux points du débat sur le nucléaire pour vous aider à ne pas être plongé dans le noir.

1 – « Le nucléaire limite notre dépendance énergétique » (Besson)

 

 

Comme souvent, et comme Sarkozy, le ministre a tendance à confondre électricité et énergie. Or, si le nucléaire fournit les trois quarts de notre électricité, l’électricité ne compte que pour moins d’un quart de notre consommation d’énergie totale… Finalement, rappelle l’expert indépendant Mycle Schneider :

« La France est très dépendante au pétrole, et la consommation de pétrole d’un Français est supérieure à celle d’un Italien, d’un Anglais, d’un Allemand… Le mythe de l’indépendance énergétique grâce au nucléaire ne se retrouve pas dans les chiffres. Rappelons aussi que la France importe des KWh d’Allemagne (selon RTE). »

2- Energies renouvelables : « On n’est pas en retard sur le Grenelle » (Besson)

 

 

Selon l’ancien socialiste Eric Besson :

« On n’est pas en retard sur le Grenelle, on n’est pas à 10% mais à 12,8% d’énergies renouvelables, et on sera à 23% en 2020. La puissance de l’éolien a été multipliée par 4 sous Sarkozy, celle du photovoltaïque par 200. »

Le ministre a carrément sous-évalué la performance de son gouvernement puisque selon RTE, la part des énergies renouvelables dans la consommation nationale est de 14,1%, et que la prévision faite pour 2020 est de 21,3%.

Mais si l’on parle en valeur absolue et non relative, la capacité de la France reste très basse : la France ne compte qu’1 GW en photovoltaïque, contre 4 pour l’Italie, deuxième parc européen après l’Allemagne (toujours selon RTE).

Pour Karine Gavand, chargée de campagne énergie à Greenpeace :

« La première éolienne off-shore en France ne sera pas installée avant 2018, la fin du premier parc complet sera prête 2020… On aura du retard sur tous les principaux pays européens dans ce domaine. Pour l’éolien terrestre, le Grenelle prévoyait de multiplier par cinq la puissance éolienne en 2020, soit 8 000 éoliennes contre 2 500 existantes. Depuis, le gouvernement a signé l’arrêt de mort de l’éolien, sans parler du photovoltaïque tout aussi sinistré. »

3- « Le ménage allemand paie son électricité deux fois plus cher qu’en France » (Besson)

 

 

Pas deux fois plus cher, ni 25% comme lui a répondu Eva Joly, mais 29%, comme l’a rectifié Le JDD.

Certes, le KWh est plus cher en Allemagne, mais les Allemands consomment moins, notamment parce que leurs bâtiments sont moins énergivores.

Mycle Schneider n’a pas oublié la phrase de l’Ademe selon laquelle « trois millions de Français ont froid l’hiver », ce qui veut bien dire que le KWh a beau être moins cher, nombre de gens n’ont pas les moyens de se chauffer.

Le ministre a insisté, comme Nicolas Sarkozy à Tricastin, sur l’importance pour l’industrie d’avoir une électricité pas chère. Si cela était si crucial, remarque Mycle Schneider :

« Pourquoi un tel déficit de la balance commerciale pour la France, et pourquoi un tel excédent pour l’Allemagne ? »

4- « On ne paie pas le démantèlement et les déchets » (Joly)

 

 

La candidate se trompe puisque sur notre facture d’électricité, EDF prélève sur notre facture une part pour le fond de démantèlement… Sauf qu’on est encore incapable de chiffrer ce coût.

Pour l’enfouissement des déchets à vie longue, prévus sur le site de Bure, il en coûterait entre 16 à 35 milliards d’euros, selon les dernières estimations.

Comme le soulignait Benjamin Dessus, le président de Global Chance, le coût du démantèlement est estimé entre 15 et 750 milliards d’euros.

Pour Sophia Majnoni de Greenpeace :

« Le coût du démantèlement est prévu pour coûter 1% du prix de construction des centrales, en gros ça correspond à moins de 500 millions d’euros par réacteur alors que la centrale de Brennilis en cours de démantèlement depuis 25 ans, on en est déjà à plus de 400 millions d’euros, or elle a une puissance de 70 MWh, tandis que les centrales qu’on devra démanteler ont une puissance moyenne de 1 000 MWh.

A l’inverse, le Royaume-Uni a sorti une étude où est évalué le coût du démantèlement à 2,9 milliards d’euros par réacteur… donc plus de cinq fois plus que la France ! »

5- « Le prix du KWh avec l’EPR sera plus cher que l’éolien » (Joly)

 

 

Difficile de connaître le prix du KWh de l’EPR de Flamanville puisqu’il n’est pas terminé et que son coût estimé ne cesse d’augmenter (6,6 milliards d’euros pour l’instant). Il faudrait aussi savoir sur combien de temps l’investissement sera amorti.

D’après les calculs faits à la louche selon le coût estimé de l’EPR et sa puissance, il devrait produire une énergie à environ 75 euros le MWh.

Pour une éolienne, selon l’endroit où elle est installée, le prix du MWh coûtera entre 50 et 100 MWh.

6- « Un Français émet moitié moins de gaz à effet de serre qu’un Allemand » (Besson)

 

 

En pleine conférence de Durban, le sujet est brûlant. Comme Sarkozy s’en est aperçu récemment, le sujet est plus compliqué qu’il n’en a l’air.

Certes l’Allemagne émet plus de gaz à effet de serre mais elle exporte plus, donc il faudrait corriger le chiffre brut de la balance commerciale (ce qui serait défavorable à la France).

Attention aux raccourcis dangereux, avait souligné Yves Marignac, directeur de Wise Paris

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Bugey, futur poubelle des vieux réacteurs français ?

La centrale du Bugey sera-t-elle la poubelle des vieux réacteurs français ?

dechets-nucleaires-greenpeaceNucléaire / La construction d’un entrepôt de déchets radioactifs sur le site de la centrale du Bugey a fait débat, mardi matin, devant le tribunal administratif de Lyon. Dans un contexte particulier : celui de (dés-) accords entre le PS et Europe Ecologie Les Verts sur l’avenir du nucléaire civil en France. L’issue de cette audience, qui devrait être connue d’ici un mois, pourrait infléchir nettement la teneur de ces échanges à gauche.

La centrale du Bugey, qui date des années 60, comporte cinq tranches nucléaires, dont une, Bugey 1, à l’arrêt depuis 1994, est la « tête de série » des réacteurs nucléaires français promis au démantèlement. Cet entrepôt, appelé Iceda et dont le gros œuvre est achevé, est destiné à recevoir les restes contaminés des réacteurs de première génération (graphite-gaz) des centrales de Bugey, Brennillis, Saint-Laurent, Chinon, Chooz, plus l’ex-Superphénix de Creys-Malville. Soit un bâtiment de 8000 m2 capable d’abriter 2000 tonnes de déchets, eux-mêmes coulés dans des blocs de béton.

Officiellement, il ne s’agit pas d’un stockage, mais d’un « entreposage », prévu sur cinquante ans… En espérant qu’une autre destination, définitive, soit trouvée d’ici là.

poubelle nucleaireL’homme n’est pas un militant anti-atome : c’est un horticulteur qui utilise l’eau tiède produite par la centrale pour tempérer ses serres. En revanche, il déclare :

« C’est une chose de valoriser cette source de chaleur, une autre d’être à côté d’une poubelle nucléaire, notamment en terme d’image vis à vis des clients ».

Devant le tribunal, la passe d’armes s’est concentrée sur l’interprétation des règles d’urbanisme de la commune de Saint-Vulbas, qui interdisent « toutes les occupations et utilisations du sol non liées et nécessaires à la centrale nucléaire ».
Me Vincent Lacroix, avocat du riverain, soutient :

« Il s’agit d’un changement total du projet, le site n’a pas vocation à recevoir les déchets de déconstruction de neuf réacteurs ».

Pas du tout, a rétorqué EDF, par le biais de son avocat Jean-Nicolas Clément :

« On ne peut pas séparer l’activité d’une centrale de son démantèlement. Sans l’Iceda, on ne saura pas quoi faire des déchets ».

L’horticulteur a reçu à l’audience un appui de taille. Le rapporteur public (magistrat indépendant chargé de dire le droit) a estimé que le centre d’entreposage relevait bien d’« un projet d’envergure nationale », contraire au plan local d’urbanisme, donc illégal. Or, les avis du rapporteur public sont généralement suivis par le tribunal.ICEDA Bugey 3D

La décision, qui devrait être rendue à Lyon fin décembre, est d’autant plus attendue, en France mais aussi en Suisse, qu’un autre recours contre la construction de l’entrepôt de déchets radioactifs au Bugey, introduit l’an dernier devant le Conseil d’Etat, n’a lui, toujours pas été examiné.

 

 

 

 

 

 

Source: http://www.rue89lyon.fr/2011/11/30/centrale-bugey-poubelle-vieux-reacteurs-francais/

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