EDF sait-elle vraiment démanteler ses centrales nucléaires ?

Que la France décide de maintenir ses centrales ou de sortir du nucléaire, le démantèlement des réacteurs est inéluctable une fois atteint l’âge limite. Interventions en milieu hostile, techniques complexes, pollutions radioactives, déchets encombrants, personnels irradiés, coûts exorbitants… Les premiers chantiers de déconstruction menés actuellement par EDF sont loin d’être maîtrisés.

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Omerta : Accident d’un convoi nucléaire militaire vers la base aérienne d’Istres…

2010-06-00_convoi-routier-nucleaire.jpgL’accident a été tenu secret pendant plus de 15 mois. Et c’est en France que cela se passe et non dans une dictature affichée. Au détour d’une banale comparution devant le tribunal correctionnel de Marseille d’un chauffeur caporal-chef de 28 ans auquel l’armée réclame 50 millions d’euros (!), on apprend qu’un semi-remorque qui convoyait par la route des munitions stratégiques nucléaires vers la base aérienne 125 d’Istres a eu un accident le 9 juin 2010. Le véhicule a quitté la route et fait trois blessés dont un très grièvement. Heureusement ce jour-là ce camion très spécial ne transportait pas d’ogives nucléaires… mais qu’en aurait-il été si des missiles avaient été présents. Force est d’envisager ce pire.

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Cinéma des Joyeux : Déchets, le cauchemar du nucléaire

Dans le cadre du cinéma engagé et engageant, les Joyeux présentent : Déchets, le cauchemar du nucléaire :

déchetsLes déchets sont le point faible du nucléaire, son talon d’Achille, son pire cauchemar. Les populations en ont peur, les scientifiques ne trouvent pas de solution acceptable, les industriels tentent de nous rassurer et les politiques évitent le sujet. Mais, qu’en connaissons-nous exactement ? Comment les populations peuvent-elles avoir une vision claire d’un domaine couvert depuis toujours par le secret ?

France, Allemagne, Grande-Bretagne, États-Unis, Russie : cette enquête internationale scientifique et politique aborde le sujet tabou du nucléaire par sa zone la plus sombre. En partant à la quête de « la vérité sur les déchets », ce film a l’ambition de donner enfin à chacun les clefs pour comprendre des choix qui pèsent lourd dans l’avenir de l’humanitéLire la suite

Déchets, le cauchemar du nucléaire : 

Animé par Thierry et Xavier (des Joyeux) + Elisabeth Brenière du Collectif STOP BUGEY
xlurthy(a)free.fr/06.62.38.07.73

Séance de cinéma le 6 janvier 2012 à l’Abergement de Varey, salle de la mairie 20h30.

Les Joyeux: Association regroupant toutes les personnes désireuses de changer notre rapport au monde et aux individus. Notamment par le développement d’activités sociales, solidaires et culturelles en milieu rural. Animée tout à la fois par un esprit critique à l’ordre marchand et étatique.

www.lesjoyeux.org

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Pour un tribunal Russell

Pour un tribunal Russell
contre les crimes du nucléaire civil en 2012 !

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Le nucléaire en chansons

Retrouvez ici, toutes les chansons qui parlent et dénoncent le nucléaire. Si vous avez d’autres morceaux, envoyez vos liens à contact(AT)stop-bugey.orgdanse macabre

Je commence par des artistes japonais avec la dernière catastrophe en date FUKUSHIMA.

Retrouver ici tous les artistes engagés contre le nucléaire plus bas

Depuis  la catastrophe nucléaire et ses conséquences – les craintes des radiations, les nouvelles politiques énergétiques qui se dessinent et l’avenir incertain des réacteurs encore en opération – les internautes japonais remettent au goût du jour les clips vidéos aux messages résolument anti-nucléaires.

Voici un florilège des plus grands succès [sous-titrés en anglais], dans des styles variés, comme le reggae, la folk et le rock.

 

  • Les Clouds – Tchernobyl

Les Clouds passent pour être l’un des tout meilleurs groupes du département de l’Ain. Les quatre musiciens, originaires de l’Ain, revendiquent leurs origines bugistes (un de leurs titres se nomme « Go Bugey »). Des accents celtiques, un style inspiré par le jazz, le funk et la guinguette bugiste. Le tout chanté en français.
Nouvel album prévu pour l’automne 2012 : Le magicien
http://www.lesclouds.fr

  • BABY G – Nucléaire

  • FRYING DUTCHMAN – Human error


http://fryingdutchman.jp/

Les 10 et 11 Mars 2012, les Frying Dutchman organisent une grande parade anti-nucléaire « humanERROR » du nom de leur album et morceau éponyme sorti en Aout 2011, véritable cri de révolte du Japon contaminé. Ils espèrent 1 million de personnes pour forcer l’attention des médias, Japonais et étrangers. Depuis Mars 2011, les jeunes de ce groupe de rock sont scandalisés par la réaction du gouvernement.
http://fryingdutchman.jp/

 

  • Silvio UsaiDepuis Tchernobyl  (silvio.usai(AT)sfr.fr)

Silvio Usai - Depuis Tchernobyl

  • Poopa V – L’écolière de Fukushima  (debrouyasound(AT)yahoo.fr)

  • You can’t see it, and you can’t smell it either [Vous ne le voyez pas. Et vous ne le sentez pas non plus]
    par Rankin & Dub Ainu Band

Cette chanson qui énumère les dangers de l’énergie nucléaire est l’œuvre de Rankin Taxi, considéré comme l’un des pères du hip-hop au Japon, et de Dub Ainu Band, dont les membres appartiennent à la minorité Aïnou [en français].

  • Summertime Blues [Le blues de l’été] par RC Succession.

Sortie au milieu des années 80, cette chanson est considérée comme prophétique depuis l’accident à la centrale nucléaire de Fukushima. Selon l’internaute qui a sous-titré le clip sur Youtube, la sortie de la chanson, “prévue par Toshiba EMI le 6 août 1988, fut subitement annulée.” Le 6 août marque l’anniversaire du largage de la première bombe atomique sur la ville de Hiroshima.

  • Love Me Tender
    [Aime moi tendrement] par RC Succession.

A l’instar de la précédente, cette chanson fut apparemment produite au milieu des années 80, suite à l’accident de Tchernobyl. Le leader de RC Succession, Kiyoshi Imawano (忌野清志郎), a repris la chanson originale d’Elvis Presley en arrangeant les paroles japonaises pour qu’elles se confondent avec les mots anglais.

  • It Was a Lie All Along [C’était un mensonge permanent] par Kazuyoshi Saito (斉藤和義).

Dans cette vidéo, le chanteur dénonce le mythe d’une énergie nucléaire sûre qui dure depuis plus de 40 ans. Les paroles de cette chanson, déjà traduite par Global Voices, se trouvent ici [en anglais].

  • Let’s Join TEPCO [Mobilisons-nous pour TEPCO] par des auteurs anonymes.

Ce morceau est une version modernisée du fameux manifeste anti-militariste Let’s Join the Self-Defense Forces [Rejoignons les forces d’auto-défense] (Jieitai ni Hairou) interprété par Takada Wataru en 1968.

Comme l’a expliqué Paul, l’auteur de la traduction anglaise [ici traduite en français], à Tokyo Progressive, “le titre ‘Tōden ni hairō (東電に入ろう)’ en japonais, joue sur le double sens de “tōden ni hairo (倒電に廃炉),” qui signifie ‘la fin de Tepco (Tokyo Electric Power company ou Tōden) et le démantèlement des centrales nucléaires.’”

Parmi tous ceux présents ici,
qui veut se mobiliser pour Tokyo Electric?
qui souhaite tenter sa chance?
Tōden recherche des hommes de talent.
[refrain]
Je veux m’engager chez Tōden, Tōden, Tōden
Je veux m’engager chez Tōden, c’est un lieu que j’adore,
les vrais hommes, sans exception,
s’engagent pour Tōden et se propagent comme des fleurs.
Ceux parmi vous qui souhaitent s’engager dans l’énergie atomique
présentez-vous chez Tōden à tout moment.
Uranium, Plutonium, nous avons tout
Servez-vous des sous-traitants, et tout ira bien.
[refrain]

Ceux d’entre vous qui encouragez la production d’énergie nucléaire
rassemblez-vous sous un réacteur nucléaire,
votre santé ne sera pas en danger,
tout ira bien si vous l’arrosez et le lavez

[refrain]

Centrale nucléaire égale énergie propre
Le plutonium ne fait pas si peur,
il peut émettre des radiations
mais la moitié de sa vie ne dure que 420 000 ans.

[refrain]

Pour soutenir l’énergie du Japon
nous devons dépendre de l’énergie nucléaire,
quelques doses de radiations ne peuvent être évitées
buvez juste de la povidone iodée et tout ira bien.

[refrain]

Collectez tous les crayons de combustible usagés
et enfouissez-les dans des fûts, et nous serons saufs,
nous les refroidirons dans les bassins de Rokkasho-mura
seuls 300 ans de patience suffiront.

[refrain]

L’eau fuit mais ne faites pas d’histoire,
la fumée crache mais ne paniquez pas,
les toits ont explosé mais nous sommes en parfaite sécurité,
de toute façon nous refroidissons le réacteur avec de l’eau salée.

[refrain]

Ce n’est pas comme s’il n’y avait pas de danger imminent
jetons le lait et les légumes,
les privilégiés du gouvernement le disent :
utilisons les taxes pour payer les dégâts

[refrain]

Les compteurs Geiger sont en rupture de stock
vous n’avez pas besoin de posséder de telles instruments,
nous annoncerons les taux de radiation;
Croyez et vous serez sauvés.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sources : http://fr.globalvoicesonline.org/2011/07/25/74566/
Autres sources ici mais en japonais : http://bunkasaikibun.hamazo.tv/e2683164.html


  • Kraftwerk – Radioactivity

  • Immortal Souls – Nuclear Winter


Liste des artistes engagés contre le nucléaire : http://groupes.sortirdunucleaire.org/mot/musique

Petite sélection personnelle…

Les poutrelles feverPOUTRELLES FEVER, originaire du Bugey (01), est issu de plusieurs formations (Pipe Arrustut et Copains calins) qui pendant près de 8 ans ont sillonné les routes de France, de Belgique et d’Espagne. C’est en mai 2008 que le groupe se forme pour donner son premier concert à Barcelone (devant 2000 personnes ) en juin 2008.

Les 6 musiciens ; Julien TISSIER (chant, accordéon), Clément VINCENT (guitare), Alexandre VINCENT (batterie) fraîchement remplacé par Jérôme DESMARIS (en février 2011), Xavier BOUTIN (saxophone), Selim VOIS (trombone), Jérémy GARCIA (basse), accompagnés de 2 techniciens, Pierre-Marie PRESTAL (son) et Julien GREMEL (lumière) tissent les toiles d’une aventure musicale qui s’envolera début 2009.

http://www.poutrellesfever.com/

High Tone

Véritables apprentis sorciers quant au sampling vinylique de masse, à l’alchimie dub en matière de sounds effects, aux néo-bidouillages (…)

 

Les doigts de l’homme

LéOparleur

Un monde sans frontières où l’Espagne gitane et maure emprunte ici au son cubain, prend là des airs de Syldavie et dans lequel (…)

 

Wampas

Ils ont inventé le rock’n’roll !

Les Ogres de Barback

Les Ogres de Barback sont parmi les incontournables de la scène française. Avec plusieurs albums à leur actif, dont 2 à destination des (…)

 

Marcel & son Orchestre

Marcel et Son Orchestre : Groupe d’appellation et d’origine incontrôlable au nom volontairement handicapant. Spécialistes (…)

 

Les fils de Teuhpu

Entre humour cuivré et rock’n’roll qui transpire, les Fils de Teuhpu délivrent des tempos ravageurs, sur des textes à vous dénuder de (…)

 

Ministère des Affaires Populaires

Flow ’prolo, accordéon, violon, machines électro-hip hop et pas de chichis ni fioritures, le MINISTERE DES AFFAIRES POPULAIRES c’est (…)

 

 

 

 

 

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Le terrible destin des liquidateurs de Fukushima

Liquidateurs FukushimaDe l’ouvrier ordinaire aux liquidateurs…il n’y a qu’un pas

Recensement des sacrifiés: Les liquidateurs de Fukushima

 

 

 

 

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Plongée au cœur du centre de retraitement des déchets de la Hague

Baisser la part du nucléaire, d’accord. L’abandonner, certainement pas. C’est en substance ce qu’il ressort du rapport de l’office parlementaire de l’évaluation des choix scientifiques et techniques (OPECST) sur « l’avenir de la filière nucléaire en France » publié ce 15 décembre. A une condition toutefois : que la sûreté soit assurée et même renforcée, insistent les rapporteurs.

 

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L’usine de retraitement de la Hague est-elle sûre ?

Une piscine de La HagueAlors que l’attention est focalisée sur la sûreté des centrales nucléaires, des experts pointent du doigt les failles de l’usine de retraitement des combustibles nucléaires de La Hague, qui concentre la plus grande radioactivité d’Europe. Revue des points qui posent question.

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Areva: l’ardoise d’une gestion désastreuse

La façon dont le ministre de l'industrie, Eric Besson, a commencé, dès dimanche, à préparer les esprits prouvait à elle seule le côté brûlant du sujet. Le groupe Areva, le joyau nucléaire français dont l'Etat est actionnaire à 87%, est en difficulté, reconnaissait-il. Aimable euphémisme.

Lundi, à l'issue d'un conseil de surveillance, le groupe nucléaire a dévoilé l'ampleur de la catastrophe : il va enregistrer une perte de 1,4 à 1,6 milliard d'euros en 2011.

L'essentiel de ces pertes est lié à des dépréciations d'actifs. Areva efface 2,4 milliards d'euros de valeur, dont 1,4 milliard pour le rachat d'UraMin, la société d'uranium canadienne reprise en 2007. 1.500 emplois doivent être supprimés en Allemagne mais plus de 1.200 disparaîtront aussi en France, par non-remplacement de départs en retraite, contrairement aux demandes du gouvernement. Compte tenu de sa dégradation financière, le groupe public prévoit de réaliser un plan d'économie de 1 milliard d'euros par an jusqu'en 2015. Mais il devra sans doute être recapitalisé au moins à hauteur de 1 milliard. Pour pallier l'impécuniosité de l'Etat, EDF risque d'être sollicité.

Comment le groupe public a-t-il pu en arriver là ? L'argumentaire a déjà été préparé : l'accident de Fukushima serait la principale cause. Le choc créé par le cataclysme nucléaire au Japon a coupé les ailes au renouveau tant espéré de l'énergie nucléaire dans le monde. Tous les projets d'expansion du groupe sont à revoir. L'Allemagne a déjà décidé de fermer toutes ses centrales : d'où la suppression imposée de 1.000 emplois dans ce pays, faute de débouchés. Après Fukushima, Areva a perdu l'essentiel de son activité commerciale au Japon. Huit réacteurs ont été fermés et personne ne sait s'ils repartiront un jour. Le groupe nucléaire a donc perdu des clients pour son MOX, le combustible qui a mis le parti socialiste en fusion lors de son accord avec EELV.

Cet effondrement industriel et commercial sans précédent justifie une réflexion profonde sur la nature d'Areva et une révision forte de tous les projets du groupe et de sa dimension pour s'adapter à un avenir qui risque d'être de moins en moins nucléaire. Mais ce constat n'explique pas à lui seul une telle déconfiture financière.

Luc Oursel.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Luc Oursel.© Reuters

Car ce que le groupe solde aujourd'hui, ce ne sont pas ses rêves d'expansion détruits dans l'explosion de Fukushima mais ses erreurs de gestion passées. La tactique du successeur chargeant au maximum la barque de son prédécesseur, pour mieux être libéré du passé, est à l'œuvre, ne vont pas manquer d'avancer les défenseurs d'Anne Lauvergeon, qui a trouvé refuge au conseil de surveillance du quotidien Libération. C'est incontestablement le cas. Luc Oursel qui a pris la présidence du directoire en juin a certainement envie de se redonner un peu d'oxygène.

Dans son cas, l'opération vérité est cependant à double tranchant. Car il est dans le groupe depuis dix ans, au comité exécutif depuis trois ans. Il était chargé de la surveillance industrielle du calamiteux chantier finlandais de l'EPR. Il a sa part de responsabilité dans ce qui s'est fait auparavant.

Mais le bilan de la folle gestion d'Areva ne pouvait plus être tu. Le groupe public est depuis des mois sous la pression des agences de notation qui menacent de le dégrader jusqu'en catégorie « junk bonds ». Les banques, une à une, se retirent du jeu, laissant l'Etat seul assumer la suite. Pour finir, une mission d'enquête de la commission des finances, que le député UMP Camille de Rocca-Serra s'est empressé de quitter, a commencé depuis juin à se plonger dans les comptes et les errements du groupe public et a rendu un premier rapport d'étape des plus alarmistes en octobre.

Le rapport final devrait remis fin janvier. Avant même ses conclusions, beaucoup s'alarment.

Un EPR à 6,6 milliards d'euros

Mille alertes ont été lancées depuis des années sur les dérives financières et industrielles d'Areva. Tout a été enterré, masqué par la communication dispendieuse mais redoutable d'Anne Lauvergeon, patronne atomique en butte, à l'en croire, à des complots redoutables  d'ennemis industriels et politiques ne visant qu'à sa défaite. Aujourd'hui, Anne Lauvergeon est partie. Les livres de compte s'ouvrent et les additions se font.

Il y a d'abord l'EPR. Après des années de déni, Areva a dû reconnaître que le chantier finlandais du réacteur nucléaire de troisième génération était un gouffre financier. Défauts de conception, pertes de main-d'œuvre qualifiée, sous-estimation des difficultés, insuffisance des suivis du chantier, problèmes avec le régulateur finlandais, retards en tout genre… La centrale qui devait être achevée en 2009 ne le sera peut-être même pas à la fin 2013 (voir notre enquête sur un fiasco industriel).

Le groupe a déjà provisionné plus de 2 milliards d'euros, ces dernières années. Le conseil de surveillance a décidé de rajouter 150 millions d'euros cette fois-ci encore. « L'EPR finlandais va coûter 6,6 milliards au lieu de 3 milliards», dit le député PS Marc Goua qui conduit la mission d'enquête de la commission des finances. Pour l'instant, le groupe nucléaire assume seul le surcoût, Siemens ayant quitté le navire. En espérant que le réacteur fonctionne bien après sa mise en marche car Areva s'est aussi engagé sur une puissance produite.

Pour le groupe nucléaire, ces déboires étaient inhérents à une tête de série. L'ennui est que l'EPR de Flamanville rencontre des difficultés à peu près comparables et a déjà trois ans de retard. Seuls les chantiers chinois se déroulent normalement. Mais de l'avis de tous, « les méthodes chinoises, tant sociales qu'industrielles, ne sont pas du tout transposables en Occident ». Pour ressortir à un prix acceptable, Areva espère abaisser ses coûts de 20 à 25%. Mais derrière ces objectifs affichés, plus personne n'y croit vraiment. Fukushima risque d'avoir enterré les perspectives de développement nucléaire. Et l'EPR apparaît de plus en plus comme un éléphant blanc, comme l'histoire industrielle en compte tant.

Passé le dossier de l'EPR, en voici un autre: quelles circonstances atténuantes va-t-on pouvoir avancer sur le rachat d'UraMin ? Après avoir déjà passé une provision de 426 millions d'euros en 2010, Areva va passer une nouvelle dépréciation de 1,5 milliard à la fin de l'année. Ainsi, d'une acquisition qui a coûté au total plus de 2,2 milliards d'euros, il ne va rester qu'à peine 400 millions inscrits au bilan : 80% de la valeur de la société rachetée en 2007 va être effacée. Il faut remonter à la bulle internet pour retrouver une telle destruction de valeur.

La mission d'enquête parlementaire a commencé à se pencher sur cette étrange acquisition « On ne peut pas dire que Bercy nous a facilité la tâche. Il a fallu l'intervention de Jérôme Cahuzac, président de la commission des finances, pour avoir enfin l'accès aux documents en septembre », raconte Marc Goua.

Le ministère des finances n'a peut-être pas envie de s'attarder sur ce dossier où tout dérange (voir notre enquête : UraMin, l'autre dossier qu'Areva voudrait oublier). Profitant de la vacance du pouvoir entre les deux tours de l'élection présidentielle de 2007, Anne Lauvergeon s'est lancée dans le rachat d'une société minière au cours boursouflé, au sommet de la bulle spéculative sur l'uranium, sans prendre la moindre règle de prudence. 

Aucun examen approfondi des gisements, comme le veut la tradition minière, n'a été effectué avant le rachat. Le groupe le reconnaît lui-même dans son communiqué, en expliquant la dépréciation des actifs notamment par la faiblesse des teneurs en minerai de certains gisements. En clair, il n'y a rien d'exploitable. Aucune étude juridique précise, fiable, ne semble avoir été conduite auparavant : Areva a dû racheter par la suite des droits d'exploitation des mines qu'elle n'avait pas. Tout est à l'avenant.

Une chaîne de responsabilité défaillante de bout en bout

Anne Lauvergeon.© Reuters

Anne Lauvergeon.

Près de deux milliards d'euros de pertes d'argent public, des milliers d'emploi supprimés  justifient, surtout au moment où l'on ne cesse de parler des fraudeurs sociaux, quelques questions. Car dans cette opération, la chaîne de responsabilité semble avoir été défaillante de bout en bout.

« Si des comptes doivent être demandés, c'est certainement à Anne Lauvergeon (l'ex-présidente d'Areva), mais certainement aussi aux responsables politiques qui, à l'époque, ont donné leur accord à un investissement très onéreux, payé dans un paradis fiscal et dont on s'aperçoit aujourd'hui qu'il ne vaut plus rien », a affirmé Jérôme Cahuzac, président de la commission des finances de l'Assemblée nationale dimanche.

Les silences dans cette affaire sont en effet éloquents, et pas seulement parce que le nucléaire est un domaine régalien. Comment l'Agence de participations de l'Etat (APE), qui représente l'Etat comme actionnaire principal, a-t-elle pu cautionner sans y regarder de plus près une telle acquisition ?

Une première note de l'APE souligne bien les risques et incite à la prudence. Mais quelques semaines après, l'Agence a radicalement changé d'avis et donne son feu vert à l'opération. Dans la marge, une mention manuscrite relève une « belle victoire industrielle de la France ».

Ainsi, à aucun moment, cet organisme censé veiller sur les intérêts publics ne se posera la question des cours surévalués, de l'absence d'audit minier, de l'absence de la moindre exploitation ou réalisation industrielle. Il ne s'interrogera même pas sur le fait que cette société canadienne n'a pas dix-huit mois d'existence et est logée aux îles Vierges britanniques. Et il fermera les yeux sur le fait qu'Areva paiera son rachat dans les paradis fiscaux, ce qui est tout de même inhabituel pour un groupe public. Le ministère des finances, sous la tutelle à l'époque de Christine Lagarde, ne sera pas plus ému par la situation.

Que dire aussi des conseils d'Areva ? La banque Rothschild et des juristes ont supervisé l'acquisition et ont été payés pour cela. Comment ont-ils pu oublier les principes de base ? Des opérations de rachat se mènent après des audits financiers et industriels. Des sécurités juridiques sont imposées à toutes les étapes. Là, rien de tel : pas une expertise minière, pas une vérification juridique. Les banquiers d'affaires ne semblent même pas avoir vu la surévaluation manifeste de la société, des mouvements suspects boursiers qui fleurent bon le délit d'initiés. Autant de signes qui, normalement, conduisent à recommander l'abstention.

Mais le silence a continué. Les commissaires aux comptes, qui approuvent les comptes, auraient normalement dû demander une dépréciation d'UraMin dès la fin de 2007, ne serait-ce que, comme le veulent les règles comptables, pour acter la chute des cours de l'uranium qui s'étaient effondrés depuis l'acquisition. Ils se sont tus et ont approuvé les comptes sans émettre la moindre réserve. Par la suite, René Ricol, dépêché par l'Elysée et le conseil pour faire un état de la situation d'Areva, se montrera tout aussi prudent. Certes, l'acquisition avait été surpayée mais les mines d'uranium sont des actifs sûrs qui finiraient par retrouver leur valeur, était-il dit. Une dépréciation de 400 millions d'euros suffirait pour couvrir le tout. Cette politique de l'édredon visait-elle seulement à ne pas porter ombrage à Anne Lauvergeon, les auditeurs n'osant pas l'affronter, ou à ne pas trop attirer l'attention sur cette opération ?

Et puis, il y a le conseil de surveillance d'Areva. Lui non plus, dans la bonne tradition française, n'a rien vu ou voulu voir. Est-ce parce le président de l'APE, Bruno Bezard, y siégeait comme administrateur représentant l'Etat et qu'il n'a pas voulu se déjuger ? « C'est l'habitude de l'administration qui, désormais, considère que l'Etat est par nature disqualifié pour parler et qu'il faut laisser faire le privé », soupire un observateur.

Mais il y avait tous les autres administrateurs, notamment Jean-Cyril Spinetta, nommé spécialement par l'Elysée comme président du conseil de surveillance pour veiller sur les intérêts d'Areva et de l'Etat. Tous ont accepté de valider sans sourciller les comptes et les explications d'Anne Lauvergeon. Aujourd'hui, le conseil de surveillance a annoncé que trois de ses membres indépendants allaient constituer un «comité pour enquêter sur les conditions d'acquisition et d'exploitation d'UraMin ». Il est temps de rappeler que les administrateurs ne sont pas seulement là pour encaisser des jetons de présence mais ont aussi des responsabilités.

Manifestement, l'enquête parlementaire sur UraMin dérange. Et tout le monde commence à essayer de se dédouaner. Car au fur et à mesure que les éléments s'assemblent, il apparaît que tout ne peut pas seulement être la faute à «pas de chance», à la bulle sur les matières premières, à la spéculation boursière, dont auraient profité les seuls actionnaires d'UraMin en procédant à sa vente. Des informations arrivent, par la presse namibienne notamment, de voyages de représentants français, de disputes aussi entre membres du gouvernement du pays autour des mines rachetées par Areva. « Il y a de nombreux éléments dérangeants dans ce dossier. Je ne vois pas comment la justice ne pourra pas être saisie », pronostique un banquier.

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Le nucléaire ne paie plus pour Areva

La catastrophe de Fukushima a atomisé les ambitions d’Areva. Le fleuron de l’industrie nucléaire française va annoncer des pertes “vraisemblablement importantes”, selon le ministre de l’Industrie, Eric Besson, qui a confirmé du bout des lèvres, hier, des rumeurs insistantes.

Areva ne paie plusLuc Oursel, qui a pris la suite d’Anne Lauvergeon à la tête du groupe, à la fin de juin 2011, doit présenter son “plan d’orientation stratégique” aujourd’hui, devant le conseil de surveillance puis aux représentants du personnel. Le patron du leader mondial du nucléaire, qui doit faire face au bouleversement provoqué depuis neuf mois par l’accident majeur de la centrale japonaise, a pour mission de redresser les finances d’Areva. Selon un document interne révélé par l’AFP fin novembre, les coûts de fonctionnement doivent être réduits de 750 millions d’euros d’ici à 2015, dont 500 d’ici à 2013.

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