Festival du Film Vert 2012

Du 9 au 18 mars dans 22 villes de Suisse romande et France

Ferney-Voltaire est le premier site  français à rejoindre le Festival du Film Vert en 2012.

Ferney-Voltaire est le premier site français à rejoindre le Festival du Film Vert en 2012 Les buts du festival

Présenter des films peu connus sur des sujets écologiques actuels

L’idée de ce festival est venue d’un double constat. Premièrement, de par sa nature, le cinéma est un média très efficace pour présenter des problèmes complexes, en particulier dans le domaine de l’écologie. Deuxièmement, il existe de nombreux documentaires d’excellente qualité qui ne sont que très peu diffusés : il est difficile d’obtenir une projection en salle pour ce genre de films, les télévisions préfèrent leurs propres productions et le public ne s’en procure pas volontiers en DVD.

Des sujets moins médiatisés

Dans les médias, les grands thèmes environnementaux sont désormais à l’ordre du jour:  journaux, radios et télévisions mentionnent à tout bout de champ le réchauffement climatique, les énergies ou les OGM. On ne peut que s’en féliciter, mais d’une part ces questions méritent d’être approfondies et d’autre part il existe de nombreux autres sujets qui ne doivent pas être oubliés, tels l’agro-alimentaire, la privatisation de l’eau, les matières premières nécessaires à l’énergie nucléaire, la biodiversité menacée etc.

Voici la liste des films sélectionnés pour la programmation 2012 du Festival du Film Vert.

Le film commun à tous les sites du Festival est Dirt. C’est le coup de coeur du comité de sélection.
Dirt fait partie de la liste de 6 nominés, qui sont en compétition pour le prix Tournesol du Documentaire Vert 2012.Et, tous les films présentés sont en sélection pour le Prix GreenPeace Suisse 2012.

Tous les films 2012

http://www.festivaldufilmvert.ch/

 

Extraits

  • Chercher le courant

Film documentaire – en 1ère suisse
Chercher le courant – Réalisateur Nicolas Boisclair & Alexis de Geldhere (2010, Canada, 85mn)chercher le courant
Age légal: 10 ans / Age conseillé: 12 ans

Nicolas Boisclair et Alexis de Gheldere parcourent en canot les 500 km de la rivière Romaine avant la construction de 4 barrages hydroélectriques par Hydro-Québec. En parallèle, accompagnés de Roy Dupuis, ils explorent les différentes énergies renouvelables et leur rentabilité en interviewant des experts à travers le Québec

 

  • Into eternity

Réalisateur Michael Madsen (2011, Danemark, 67mn)
Prix: Grand Prix Vision du Réel, Prix du public au festival CPH:DOX Festival Kopenhagen, le Green Screen Award au festival IDFA Amsterdam Documentary Film Festival…
Age légal: 16 ans / Age conseillé: 16 ans

Le chantier d’un sanctuaire conçu pour durer cent mille ans. Creusée dans le nord de la Finlande, à Onkalo, cette gigantesque grotte Into eternityabritera des déchets nucléaires. S’adressant aux générations futures, ce documentaire montre ces travaux gigantesques – cinq kilomètres de galeries plongeant 500 mètres sous terre – et pose la problématique de l’élimination des déchets radioactifs sous l’angle de la temporalité. Impliquant une responsabilité millénaire, celle-ci nous oblige à adopter une autre échelle de durée.

 

  • Mind Bomb

Réalisateur Christophe Montaucieux (2011, France, 55mn)
Age légal: 12 ans / Age conseillé: 14 ans

Il s’agit de montrer à ceux qui ne veulent pas les voir les injustices faites à l’environnement. Cette bombe non-violente influence le regard que nous portons sur la Mind bombdestruction de la planète. Elle nous pousse à ne plus être seulement observateur. Elle nous incite à agir et devenir acteur du changement.

  • Severn

Réalisateur Jean-Paul Jaud (2010, France, 120mn)
Age légal: 10 ans / Age conseillé: 12 ans

En 1992, au Sommet de la Terre à Rio de Janeiro, Severn Cullis-Suzuki, une enfant de 12 ans interpellait les dirigeants du monde entier sur la situation Severnhumanitaire et écologique de la planète. En 2009, Severn est une jeune femme de 29 ans qui s’apprête à donner naissance à son premier enfant. Ce long-métrage documentaire propose une mise en regard du discours de Severn en 1992 avec la vision qu’elle porte sur le monde en 2009. Que s’est-il passé depuis 18 ans ? Quels sont les engagements environnementaux qui ont été tenus ? A quelles urgences et nouveaux défis le monde doit-il faire face.

BA du documentaire «Severn, la voix de nos… par LibeOrleans

é menacée, etc.

  • Tchernobyl – an XXV, et après ?

Réalisateur Raphaël van Singer (2011, Suisse, 22mn)
Age légal: 10 ans / Age conseillé: 12 ans

26 avril 2011. Une dizaine de parlementaire se sont rendent en Ukraine afin d’assister aux commémorations des 25 ans de la catastrophe de Tchernobyl. Suite à Tchernobyl - an XXV, et après?la catastrophe de Fukushima cette visite a pris une dimension inattendue, le problème nucléaire est de retour au cœur du débat politique suisse. Coup de tonnerre quelques semaines plus tard, le Conseil Fédéral annonce que la Suisse va sortir du nucléaire en 2034!
 

Tchernobyl an 25, et après? from astrophule prod. on Vimeo.

 

  • Tipping point, ocean acidification

Réalisateurs Laurence Jourdan, Nicolas Koutsikas (2010, France, 52mn)
Age légal: 10 ans / Age conseillé: 12 ans

Les émissions de CO2 dans l’atmosphère ne contribuent pas seulement au réchauffement climatique. Les océans aussi sont touchés, puisqu’ils absorbent Tipping point, ocean acidificationd’énormes quantités de ce gaz, ce qui modifie leur composition chimique et porte gravement atteinte à leur environnement. Grâce à de magnifiques images sous-marines et à une approche scientifique méticuleuse, ce film sensibilise les téléspectateurs aux problèmes causés par ce phénomène relativement nouveau et propose un certain nombre de solutions, avant qu’il ne soit trop tard.

 

 

 

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Centrale gaz : le projet se confirme à St-Vulbas

Le projet d’une centrale à gaz sur le Parc industriel de la plaine de l’Ain poursuit son chemin, mais prend du retard. Un report de quelques mois est déjà annoncé. L’enquête publique est ouverte encore jusqu’au 14 mars inclus et vise à recueillir toutes les interrogations des citoyens.

Centrale gaz st vulbas

Après l’étude de faisabilité et l’obtention des autorisations, le projet d’implantation d’une centrale à gaz à Saint-Vulbas, est donc entré dans sa deuxième phase : celle de l’enquête publique, avant sa construction et son démarrage initialement prévu courant 2013.

L’enquête publique, actuellement en cours, organisée et supervisée par un commissaire enquêteur invite tous les villibadois et autres citoyens à venir consulter les documents décrivant le projet en mairie, et faire part de leurs remarques, auxquelles « Statkraft », société norvégienne d’exploitation, doit apporter une réponse.

Ce chantier, qui s’élève à hauteur de 500 millions d’euros d’investissements, devrait employer 600 personnes pendant toute la durée de sa construction prévue sur 3 ans, et à terme, entre 40 et 50 emplois seront créés sur place. L’activité nécessitera également l’intervention de personnel extérieur (sous-traitants, bureaux d’études et d’ingénierie, services divers) et devrait avoir des répercussions sur l’activité locale régionale. Il est difficile d’estimer cependant le nombre d’emplois indirects que générera cette centrale à gaz.

Bien que les recrutements n’aient pas encore débuté, la direction de la société Statkraft explique gérer pour l’instant, d’avantage de demandes d’emploi, que de questions relatives à l’environnement ou à la sécurité, tels que les possibles rejets toxiques sur les habitants de la région.

“On ne fait pas de centrales à gaz sans rejeter un minimum de CO2”, précise Catherine Hertog, directrice de la communication de la société Statkraft, “mais c’est extrêmement peu au regard des anciennes centrales à charbon”.

Des propos appuyés par Francis Meunier, professeur au CNAM, spécialiste en énergétique et auteur de plusieurs ouvrages sur l’énergie et l’effet de serre, lequel avait déjà réagi à l’implantation d’une centrale gaz dans le Finistère.

“Dans l’ère actuelle de transition énergétique post Fukushima, vers une production électrique décarbonée, paradoxalement, la production électrique à partir de centrales au gaz à cycle combiné fait sens. Et pourtant, une centrale au gaz produit du CO2.

Et le spécialiste d’ajouter que les cycles thermodynamiques des nouvelles centrales gaz sont à la pointe de la technologie :

“Aujourd’hui, ces cycles constituent de véritables bijoux technologiques présentant les meilleurs rendements tant énergétiques qu’économiques. Par comparaison, les centrales nucléaires constituent des technologies ringardes cantonnées au cycle des turbines à vapeur, et incapables, pour des raisons de sécurité, de combiner la technologie haute température de la turbine à gaz. Le rendement d’une centrale à cycle combiné au gaz est supérieur à 50 % contre seulement 34 % pour le nucléaire et moins de 30 % pour une centrale obsolète au charbon largement utilisée comme centrale d’appoint en France en hiver. De plus, le charbon émet près de deux fois plus de CO2 que le gaz naturel. Résultat, des centrales au gaz à cycle combiné produisent trois fois moins de CO2 que des centrales obsolètes au charbon ! D’un point de vue écologique, il n’y a pas photo. Les partisans du nucléaire objectent que le nucléaire émet moins de CO2 que le gaz, sauf que le manque de flexibilité du nucléaire l’empêche de répondre aux pics de consommation, ce qui est un sujet tabou, et pourtant essentiel, dans les débats actuels…
Enfin, le coût d’investissement d’une centrale au gaz à cycle combiné est inférieur à celui d’une centrale nucléaire, mais surtout il faut noter que sa rentabilité économique est beaucoup plus élevée…”

De son côté, le Comité de vigilance de la plaine de l’Ain demeure attentif au suivi du dossier. Son président, René Pampouille, invité en Norvège pour visiter les installations d’une centrale équivalente, se dit confiant et rassuré, tout en regrettant que ce projet n’ait pas abouti aux mains d’EDF, qui selon lui, “avait toutes les compétences pour le mener à bien”.

Une chose est sûre, la centrale gaz pourrait répondre à une demande forte en matière de production d’énergie. La consommation d’énergie électrique a été multipliée par 10 entre 1973 et 2008. En outre, depuis une dizaine d’années les pics de consommation sont de plus en plus élevés et fréquents, provoquant parfois des délestages dans certaines régions. D’ici 2020, En Rhône-Alpes, une augmentation de 0,6 % par an de la consommation d’énergie est attendue…

Source : http://www.bugey-cotiere.fr/article.php?news=1474


Cycle combiné à gaz de la plaine de l’Ain

Le projet de centrale à cycle combiné à gaz dans la Plaine de l’Ain, d’une envergure de 1200 MW pour environ 500m€ d’investissement.
Il propose une solution au risque de pénurie qui existe aujourd’hui sur le marché français de l’électricité en raison de l’augmentation régulière de la consommation et de la fermeture progressive jusqu’en 2015 des centrales à charbon fortement émettrices de dioxyde de carbone en application de la directive 2001/80/CE – Grandes Installations de Combustion (GIC).

Animation sur le fonctionnement d’une centrale à gaz


Statkraft veut implanter une centrale à gaz à Saint-Vulbas (01)

Le groupe énergétique norvégien Statkraft (siège France à Lyon), qui figure parmi les premiers producteurs d′énergie renouvelable en Europe, projette de créer une centrale à gaz qui produirait de l′électricité via des turbines. La structure verrait le jour sur un terrain de 13ha et pourrait être raccordée à la canalisation de gaz qui relie Paris à Marseille par un piquage, au niveau de la commune de La Boisse sur la Côtière. ′Le tracé est à l′étude et fera l′objet d′une enquête publique en 2011′. Après un chantier qui mobilisera jusqu′à 500 ouvriers, la centrale pourrait ouvrir ses portes fin 2014. Elle générerait 25 emplois locaux et emploierait jusqu′à 50 personnes. Statkraft compte 3.400 salariés dans une vingtaine de pays et a réalisé 3,1Mds� de CA en 2008. (www.statkraft.com )
Publié le 13/07/2010 —

Source : http://www.firsteco.fr/article.php?id=1148


Halte au développement anarchique des Centrales thermiques au gaz en France

Une étude de René MOMPER démontre, chiffres à l’appui, que la maitrise s’impose
Les projets d’installation de centrales thermiques au gaz se multiplient dans l’hexagone, c’est une très mauvaise nouvelle pour le climat ! Ces centrales sont appelées Cycle Combiné Gaz (C.C.G.). L’actualité énergétique en France, cet hiver, était surtout braquée sur l’importation d’électricité du fait de l’arrêt de nombreuses tranches de centrales nucléaires. Il faut pourtant s’intéresser à un autre phénomène qui se prépare tout en douceur. La construction et les projets de C.C.G. et leurs conséquences.

Avis défavorable pour la centrale à gaz d’Hambach

Un avis défavorable a été émis sur la future implantation par Direct Energie d’une centrale à cycle combiné gaz à Hambach, en Moselle.

Les opposants au projet critique tout particulièrement l’absence de cogénération pour ce type d’installation et dénonce un surdimensionnement de la centrale (900 MW) par rapport aux besoins de la région. Ils s’alarment également sur la destruction de l’environnement et sur la pollution induite pouvant potentiellement provoquer des maladies chroniques (allergies, asthmes, bronchites) voire mortelles (cancers).


Centrale à gaz en Bretagne : plus de 1 000 personnes manifestent à Landivisiau

Plus d’un millier d’opposants à un projet de centrale électrique au gaz ont manifesté dans le calme samedi 3 mars 2012 à Landivisiau (Finistère), trois jours après l’annonce du choix de ce site par le ministère de l’Industrie, ont constaté des journalistes de l’AFP.

centrale gaz bretagne« Non à la centrale ici ou ailleurs », ont scandé les manifestants, 1 000 selon la gendarmerie, 1 500 selon le collectif d’associations Gaspare, avant d’entamer une marche en direction du site de 10 ha retenu pour la construction de la centrale.
La manifestation a notamment réuni des militants écologistes et de gauche, mais aussi des élus comme Alain Somme, conseil municipal Modem du village voisin de Plougonvest.

« C’est un projet inepte, coûteux, polluant et qui va sacrifier des terres agricoles », a dénoncé Gaëlle Rolland-Chapelain, candidate Europe écologie-Les Verts aux législatives dans la circonscription.

« Gaspare ne s’arrêtera pas. Il y a une réelle dynamique. Nous ferons plier le gouvernement », a assuré à l’AFP la porte-parole du collectif Christine Bertho.

Mise en service 1er octobre 2016 – Mercredi 29 février, le ministre de l’Industrie Eric Besson a annoncé avoir retenu le site de Landivisiau et le consortium Siemens-Direct Energie pour la construction d’une nouvelle centrale à cycle combiné au gaz pour soutenir l’alimentation électrique en Bretagne.
Siemens et Direct Energie, qui étaient en concurrence avec des projets d’EDF et d’Enel, doivent construire à Landivisiau une centrale de 422 mégawatts, qui devrait être mise en service d’ici le 1er octobre 2016.

L’appel d’offres pour cette nouvelle centrale dans la pointe de la Bretagne, véritable serpent de mer depuis l’abandon du projet de construction d’une centrale nucléaire à Plogoff (Finistère) en 1981, avait été lancé en juin 2011.

La Bretagne ne produit que 8 % de l’électricité qu’elle consomme et est régulièrement menacée d’un risque de black-out en hiver, lié notamment à l’usage du chauffage électrique.
Les opposants à la centrale préconisent des investissements dans les économies d’énergie et d’autres modes de chauffage.


Source: http://www.lagazettedescommunes.com/103638/centrale-a-gaz-en-bretagne-plus-de-1-000-personnes-manifestent-a-landivisiau/

Autre source sur la centrale gaz en Bretagne: http://www.letelegramme.com/local/finistere-nord/morlaix/landivisiau/landivisiau/landivisiau-29-un-bon-millier-de-manifestants-contre-la-centrale-au-gaz-03-03-2012-1620754.php

 

Avant de prendre position, SDN Bugey souhaite recueillir plus d’informations afin de bien analyser la situation et le projet de centrale à gaz à St Vulbas dans l’Ain.

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Fukushima,1 an après

11 mar 2012, triste anniversaire de la catastrophe nucléaire de Fukushima

Retrouvez quelques articles glanés sur différents sites qui traite du sujet :

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La série “Récits de Fukushima”

« Crêperie Bretonne », c’est écrit sur la devanture de ce petit établissement à Sasazuka, un quartier de Tokyo calme et résidentiel.

Récits de FukushimaDavid est Breton. Avec sa femme Eiko, cela fait 5 ans qu’ils travaillent dur pour développer leur affaire. Et ça commençait à bien marcher. Mais ils ont pris une décision très lourde : partir du Japon.

Leur fille Yuna a quatre ans. Eiko et David ne veulent pas jouer à la roulette russe. Si le problème n’était que la radiation, cela serait encore gérable. Tokyo n’est pas Fukushima. Certes certains quartiers sont contaminés, mais la plupart sont sains. Ce qui les a vraiment décidé à tout abandonner c’est surtout la façon dont le gouvernement gère la situation.

Les produits alimentaires sont mal tracés. On parle de répartir de façon « équitable » les déchets de la centrale et des travaux de décontamination un peu partout au Japon, y compris dans la baie de Tokyo. Le pays ne semble pas avoir compris que la cinquantaine d’autres réacteurs sont autant de dangers potentiels.

En 2007, suite à un tremblement de terre, la centrale de Kashiwazaki-Kariwa avait déjà fait trembler le Japon. Des fuites importantes de liquide radioactif avaient polluées la mer. Eiko m’a fort éclairé sur le « politiquement correct » au Japon. Il est si difficile dans cette culture d’exprimer des opinons qui vont à l’encontre de celle qui domine. On passe alors très vite pour un traître ou un rebelle. Peut-être cet accident est-il l’occasion pour les Japonais de prendre conscience que chacun se forge son destin, que chacun doit marquer l’Histoire de sa petite pierre en cherchant à élaborer son propre rapport au monde, mais cela ne vaut-il pas également pour nous.

Retrouver tous les récits de Fukushima diffusés sur ARTE.TV : http://fukushima.arte.tv/files/la_grande_question.jpg


Le réalisateur, Alain de Halleux

Petit manuel pour voyager
au Japon contaminé.

Shintaro, mon assistant japonais et moi avons pris 2 mois pour préparer ce voyage. On n’entre pas si facilement dans la maison d’un Japonais. Très affable et respectueux de l’autre, il ne dévoile pas facilement ses secrets. Au Japon, il y a deux mots qui résument très bien la chose. Honne et Tatemae, l’apparence et la vérité intérieure. Ce qu’on dit et ce qu’on pense. Et l’un ne correspond pas nécessairement à l’autre. Autre difficulté rencontrée lors de cette préparation : le Japonais ne fait confiance à quelqu’un qu’à partir du moment où il l’a rencontré. Ainsi, par exemple, pour réussir à obtenir un rendez-vous avec Nakate-san, il nous a fallu écrire une dizaine de mails et donner de multiples coups de téléphones non seulement à Nakate lui-même, mais aussi à des connaissances. Lorsque j’ai fini par le rencontrer en personne, il m’a avoué : « Alan-san, je m’étais fait de vous l’image de quelqu’un de très compliqué ! ». J’ai éclaté de rire car j’avais vécu la même expérience dans l’autre sens.
Un Japonais n’exprimera jamais que l’opinion ambiante. Il est né politiquement correct, si l’on veut. Il existe d’ailleurs une expression Kokyu rumi : lire ce qui est dans l’air. La langue se prête bien à cet exercice périlleux qui consiste à ne jamais contredire ou choquer qui que ce soit. La structure de la phrase est telle que le verbe arrive à la fin ainsi que la négation ou l’interrogation éventuelle. De plus, le Japonais possède une multitude de petits mots qui lui permettent de temporiser ou de diluer sa phrase. Ainsi, tout en parlant, il peut jauger les réactions de son interlocuteur et modifier au dernier moment le sens de son propos. Imaginons que je veuille proposer un verre de bière à mon invité, mais je ne suis pas sûr qu’il en boive. Je pourrais le vexer en sous-entendant qu’il aime ça. Mais peut-être justement n’attend-il que ça, que je lui demande justement s’il aime la bière. Comment lui proposer dès lors de boire avec moi ? En Japonais, c’est très simple. Je vais dire un truc du genre : « Vous…et bien…un verre de bière…n’est-ce pas…vous boirez… » En fonction de la mimique de mon invité, je pourrais d’une syllabe dire : « N’est-ce pas » ou « Sûrement pas ! ». Les Japonais sont donc passés maîtres dans l’art du sous-entendu et de son décryptage. Ils ont développé une intuition qui leur permet d’évaluer au plus vite l’autre. Je me souviens qu’au début de notre travail, j’avais demandé à Shintaro d’envoyer un mail de 3 lignes à Nakate pour lui proposer un rendez-vous téléphonique. Si j’ai pris 15 minutes pour écrire ce mail en anglais, c’est beaucoup. Nous sommes lundi matin. Shintaro est censé traduire ce mail et l’envoyer. Mardi matin, je lui demande s’il a des nouvelles de Nakate, si celui-ci a répondu à notre mail. Shintaro me dit qu’il ne l’a pas encore traduit. Je suis un peu ennuyé. Je me demande si Shintaro a oublié ce travail. Il me rassure. Il travaille à la traduction, mais celle-ci n’est pas encore terminée. Je lui rappelle qu’il est urgent d’entrer en contact avec Nakate. Shintaro, se vexe. Il le sait très bien. C’est pour ça qu’il prend le temps de bien traduire mon mail.
Mercredi matin, je réitère ma demande. Shintaro me rassure. Il a traduit le mail. Enfin, me dis-je, il n’est pas trop tôt ! Mais, poursuit-il, il attend le retour d’un de ses amis qui est occupé à le corriger. Quoi ?! Et quand aurons-nous cette fameuse correction ? Mercredi soir ?
Bref, le mail que j’avais écris le lundi a fini par partir jeudi. Inutile de dire qu’à ce rythme, il nous était impossible de trouver des familles qui accepteraient de nous rencontrer et d’organiser tous les rendez-vous. Je me suis fâché. Shintaro aussi ! Je ne comprenais pas encore l’importance de la première impression que l’on laisse sur un japonais. Elle est déterminante. On n’effacera jamais cette image-là, d’où l’importance de prêter attention à ne faire aucune erreur au début d’une relation.

Au bout de deux mois de travail intensif, l’agenda était en place. Départ pour le Japon. A peine arrivé à Narita, surprise ! La première chose qu’un fumeur fait après 12 heures d’avion, c’est d’aller fumer une cigarette à l’entrée de l’aéroport. Je fume depuis à peine dix secondes lorsque quatre Japonais se tournent vers moi et m’indiquent gentiment du regard une espèce d’aquarium planté sur le trottoir. C’est là que je dois aller fumer. Je me dis que cette situation ne vaut que pour l’aéroport et que dans la ville, comme partout au monde, rien ne m’empêchera de fumer dans la rue. J’arrive au centre de Tokyo. Pas un mégot par terre et pas un fumeur. Je suis pris d’angoisse. Soudain, au coin d’une rue, un « Smoker corner ». Une dizaine de personnes sont rassemblées autour d’un cendrier. L’espoir revient. Ainsi tous les deux ou trois carrefours, les autorités ont-elles installés de petites îles de survie pour fumeur. Arrive l’heure de dîner. J’entre dans un restaurant. Et là, surprise, l’atmosphère est bleue. Tout le monde fume à table en mangeant. Le monde à l’envers. Je raconte cette anecdote pour faire comprendre que les codes sont ici assez radicalement différents des nôtres. Certains en ont déduit que les Japonais sont si différents de nous qu’il est difficile d’entrer en communication avec eux. Pour ma part, j’ai vu des êtres humains, mes frères. J’ai eu d’autant moins de difficultés à créer une relation avec eux que je me suis présenter exactement tel que j’étais. Cela dit, au fur et à mesure du voyage, je m’amusais à adopter les coutumes locales, ce qui est fortement apprécié.

A Tokyo, j’ai habité chez David et Eiko qui tiennent la crêperie bretonne. Pas trop dépaysant donc. Ça me laisse le temps d’absorber mon décalage horaire. Eiko a habité en France et en Belgique. Enfin, c’est ce que je crois lorsque j’arrive chez eux. Car à peine les bagages déposées, je fonce chez David et Royoko, un couple américano-japonais. J’y tourne mes premières interviews. Je rentre à la crêperie. Je suis à l’ouest. David a fini son service et nous rentrons à son appartement. Nous buvons une bière. Je m’endors presque, mais David me dit d’attendre Eiko. Elle a tant de choses à dire. J’hésite, mais David insiste. Eiko finit par arriver vers 1H30 du matin. Cela fait déjà 30 heures que je n’ai pas dormi. Mais la conversation est si passionnante que je finis par prendre ma caméra et filmer. Quand enfin je m’écroule sur mon futon, c’est déjà l’aube.

Ensuite, j’ai déménagé à Fukushima City chez Isao, un retraité célibataire de 61 ans. C’est un ancien ingénieur en aéronautique. Il s’est fait construire une maison somptueuse dans la campagne pas loin de la ville. Je n’ai jamais vu une maison comme ça. Elle parle : « Votre bain est prêt ! ». « Bonjour ! »…même les toilettes sont électroniques. Comme le mode d’emploi décrit sur la chasse d’eau est en Japonais, impossible de la programmer. Je m’assieds à tout hasard sur la planche, en optant pour un style finalement extrêmement classique. La planche est chaude, sursaut de surprise. Il paraît que si le Japon supprimait toutes les toilettes électroniques, il pourrait supprimer 2 réacteurs nucléaires. Je ne sais si c’est vrai, mais je suis sûr que le simple fait de pisser au Japon coûte un pont en électricité…
Isao est un spécialiste de karaoké. Il a bien évidemment une installation dernier cri. De temps en temps le soir, nous buvons une bière avec lui et Rie et nous chantons. Je me sens chez moi. Isao est formidable. Il nous emmène avec sa voiture un peu partout. Il nous fait à manger. Et comme c’est un grand mangeur, je déborde de sushi, de soupe au bœuf et de pâtes. Si les deux trois premiers jours à Tokyo, j’ai fait très attention à la provenance de la nourriture, je dois bien avouer que j’ai vite baissé la garde. On comprend dès lors l’attitude de la population de Fukushima après un an…la radioactivité est non seulement invisible, mais elle a aussi la faculté de nous rendre amnésique.

Par Alain de Halleux, réalisateur


Source: http://fukushima.arte.tv/#!/4883

 

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Occupy ! Kasumigaseki : dans le campement des anti-nucléaire

Devant le ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, un vieil homme entre dans une tente. Il a une barbe blanche très touffue et un gros anorak rouge.

Mitsuro Sudo (Alissa Descotes-Toyosaki)En ce matin de janvier à Tokyo, le carrefour de Kasumigaseki est rempli de fonctionnaires qui se hâtent vers les bureaux. « Certains d'entre eux entrent parfois dans notre tente pour nous dire “Courage ! ” avant de regagner leur poste », sourit le vieil homme.

Depuis 124 jours, Mitsuro Sudo, surnommé « Kuma », participe aux sit-in devant les haut lieux du gouvernement japonais pour protester contre la politique menée après Fukushima, accusant le pouvoir de :

  • non-assistance à personne en danger,
  • reconstruction économique dans des zones hautement irradiées,
  • exporter le nucléaire ailleurs en Asie.

« A la fin de l'année, le gouvernement a décrété que la situation à la centrale de Fukushima-Daiichi était sous contrôle. Mais le 1er janvier, il y a eu un séisme de magnitude 7 au large de Fukushima qui a provoqué des dégâts sur le réacteur numéro 4. La nature est vraiment remarquable ! »

Le 2 janvier, l'opérateur Tepco avait annoncé que le niveau d'eau de la piscine de refroidissement du réacteur numéro 4 (où est stocké le combustible usé), avait baissé brusquement, ce que rapporte le Nikkansports.

Kuma se frotte les mains les unes contre les autres pour se réchauffer. Il fait presque 0°C dans la tente comme à l'extérieur. « On attend le passage de l'électricien pour mettre le chauffage », plaisante Etsuji Shimada. Ce quinquagénaire a été chargé de planter la première tente le 11 septembre

« Nous avons choisi ce jour symbolique pour le monde entier et débarqué tout le matériel et la nourriture devant le ministère. Une quinzaine d'agents de sécurité sont arrivés et ont crié : “Qu'est ce que c'est que ce cirque ! ” »

Monsieur Shimada rit encore au souvenir de ce premier jour de sit-in :

« Pendant que je débattais avec la police sur notre droit à occuper ces lieux, mes camarades ont monté la tente en sept minutes ! »

Activiste antinucléaire de longue date, Shimada se félicite de cette initiative qui a permis de réunir et coordonner des actions au niveau de Tokyo.

« Nous avons monté une deuxième tente en novembre pour accueillir des femmes de Fukushima. »

Les femmes peuvent aussi changer l'avenir

La tente voisine est occupée par plusieurs femmes assises sous un « kotatsu », une table chauffante. « Depuis le 1er décembre, nous soutenons l'action “dix mois dix jours” » dit Yukiko Takahashi, une jeune etudiante :

« Au Japon, on dit que les futures mamans accouchent au bout de dix mois et dix jours. C'est une manière de dire que pendant cette période, les femmes peuvent aussi changer l'avenir. »

Yukiko est originaire de la ville de Fukushima mais avoue ne jamais avoir été inquiétée par la centrale nucléaire jusqu'à l'accident :

« Avant le 11 mars, je n'aurais jamais pensé me retrouver un jour à manifester ou faire un sit-in ! »

« Nous organisons des roulements entre nous, et il y a une permanence de nuit aussi pour éviter les incendies », dit une autre femme. Les incendies et autres « vexations », les manifestants et activistes japonais sont habitués à les subir.

A Kasumigaseki (Alissa Descotes-Toyosaki)

Yukiko s'en amuse :

« Au début, il y avait toutes les nuits des camions de la droite ultra-nationaliste qui venaient faire du tapage nocturne. Il y avait quatre, parfois huit camions ! Ils mettaient à fond des chants patriotiques en nous insultant. »

Le plus étrange c'est que l'extrême droite se met aussi à tenir des discours antinucléaires. « lls ne supportent pas de voir des tentes dans le quartier ministériel, cela n'est pas conforme à l'image du Japon nationaliste », conclut Yukiko.

Ne pas laisser redémarrer le nucléaire

La prochaine manifestation importante qui réunira les femmes des associations pour protéger les enfants de la radioactivité à Fukushima et dans tout le Japon aura lieu au mois de mars.

Sur les blogs. des mères s'insurgent :

« Nous ne voulons pas passer encore les fêtes de fin année avec la peur au ventre. Le gouvernement fait des “stress tests” et assure que tout est sous contrôle, mais le césium a augmenté dans certaines régions de Fukushima. »

« Il n'y a plus que 6 réacteurs sur 54 encore en marche. Tous les autres sont à l'arrêt, mais ça ne veut pas dire que le gouvernement va les abandonner définitivement », ajoute Kuma san en montrant une banderole : « Nous ne laisserons pas redémarrer le nucléaire ! »

En avril, le Japon fonctionnera sans aucun réacteur nucléaire, du jamais vu depuis l'installation du premier réacteur en 1966. Kuma san raconte :

« Il y a deux jours, un spécialiste allemand des stress tests est venu au Japon et s'est inquiété pour nous. Mais quand il a vu les illuminations de Noël à Tokyo et Osaka, il s'est exclamé : “Mais vous avez de l'électricité en trop ! ” »

A Kasumigaseki (Alissa Descotes-Toyosaki)

Les semaines après le 11 mars, Tokyo vivait sous la menace d'une panne d'électricité généralisée, mais en janvier, aucun foyer ne manque de chauffage. Kuma San ajoute :

« L'énergie provient des centrales thermiques et hydrauliques. Mais l'Etat va chercher par n'importe quel prétexte à remettre en route les centrales. Car le Japon était exportateur, et commence même à construire des centrales au Vietnam ou en Thaïlande.

Pourtant, la Mongolie a réagi après l'accident de Fukushima en refusant que le Japon exporte ses déchets radioactifs dans une décharge provisoire sur son sol. »

Depuis que le Japon a violé l'article 9 de sa constitution en envoyant des forces d'auto-défense à l'étranger, ce sexagénaire a quitté son travail en entreprise pour mieux s'impliquer dans le sort de son pays.

« Je me suis dit que le Japon risquait de revenir comme avant 1945 », dit-il. Activiste mais sans vraiment appartenir à une organisation, Kuma étudie les tournesols et leur capacité d'absorption du césium.

« J'aime la nature et ce qui me plairait vraiment c'est de pouvoir crier tout mon amour aux bureaucrates de Kasumigaseki ! », rit Monsieur Kuma, parodiant le titre d'un roman de Kyoichi Katayama, « un cri d'amour au centre du monde ».


Source : http://blogs.rue89.com/alissa-descotes-toyosaki/2012/01/24/dans-le-campement-des-anti-nucleaire-kasumigaseki-226335

http://www.rue89.com/fukushima

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N’oublions pas Fukushima

Japon, le 11 mars 2011. Trois catastrophes ont eu lieu. Un séisme, un tsunami et un accident nucléaire. Une seule de ces catastrophes aurait pu être évitée… Un an après, retour à Fukushima.

La contamination empoisonnera Fukushima pour longtemps

L’Institut de Radioprotection et de sûreté Nucléaire français (IRSN) a indiqué dans un de ses derniers rapports que la contamination radioactive autour de la centrale nucléaire de Fukushima Diichi a fortement décrue. Mais l’institut la décrit désormais comme chronique et pérenne”. Chronique car cette contamination radioactive, si elle ne connaît pas de pic majeur depuis la catastrophe, et désormais inscrite durablement, profondément dans l’environnement de la centrale. Pérenne, car cette radioactivité va durer. Longtemps et en diminuant très lentement…

Les trois réacteurs accidentés ainsi que les explosions d’hydrogène dans les bâtiments de la centrale dans les jours qui ont suivis le 11 mars 2011 ont ainsi libéré de grandes quantités de césium radioactif. Ce césium a une durée de vie longue. Il est considéré qu’il sera “inoffensif” qu’au bout de 300 ans. Il reste aujourd’hui 98% de sa radioactivité initiale dans l’environnement, un taux qui sera encore de 81% en 2020.

Au total, sur environ 24 000 km2 du territoire japonais contaminés par le césium 137, seuls 600 km2 dépasseraient aujourd’hui le seuil des 600 000 becquerels par m2, estime l’IRSN. Il existe toutefois des terres contaminées en “taches de léopard” jusqu’à 250 km de distance de la centrale, avec des “points chauds” extrêmement localisés liés à l’accumulation de dépôts radioactifs par les pluies et le ruissellement. 
Les indicateurs ont relevé des niveaux très ou trop élevés de radioactivité dans des municipalités de la zone évacuée autour de la centrale. Des lieux qui resteront pour certains définitivement inhabitables.

La centrale accidentée de Fukushima reste fragile. Si les autorités japonaises ont annoncé que les réacteurs endommagés ont été “stabilisés”, la situation reste en fait préoccupante et le restera encore des mois probablement de nombreuses années.
En effet, le corium, magma métallique, qui s’est constitué lors de la fusion du cœur reste instable et une réaction de criticité reste possible.
Si des réactions venaient à se produire, des rejets radioactifs importants ne pourraient alors être exclus. De même, les conditions actuelle des piscines de désactivation et d’entreposage des combustibles irradiés continuent de présenter un très grand danger, tant qu’elles n’auront pas été vidées de leur contenu. L’instabilité physique des installations fragilisées par l’accident pourrait présenter un énorme risque en cas de nouveau tremblement de terre ou de tsunami même de faible amplitude.


Agrandir le plan

carte réalisée par l’université d’Osaka

L’inaction des pouvoirs publics face à la catastrophe 

Au rythme des rapports, des fuites de documents, des analyses, la réaction des pouvoirs publics japonais face à la catastrophe ne peut que choquer, ou à minima, laisser songeur... Un document découvert récemment, émanant du ministère Japonais pour l’éducation, la culture, les sciences et les technologies (MEXT), révèle que le ministre de l’époque, Yoshiaki Takaki et d’autres officiels, sont à l’origine de la décision de ne pas diffuser au public l’ampleur des radiations dans les jours qui ont suivis les explosions d’hydrogènes et la réaction en chaîne dans les réacteurs de Fukushima Daiichi. Le mémo en question précise que les données ” ne doivent, par aucun moyen, être diffusés au public”. 

Pour tirer une leçon de la catastrophe de Fukushima, Greenpeace a commandé un rapport.
Ce rapport, rédigé par trois experts indépendants (un physicien nucléaire, un correspondant pour un magazine sur la santé et un ingénieur nucléaire), explique et démontre comment le Gouvernement, les organes de contrôle et l’industrie nucléaire ont rendu possible la catastrophe de Fukushima Daiichi, puis n’ont pas réussi à protéger la population contre l’impact de la catastrophe.

Ce rapport tire deux conclusions principales :

    La catastrophe de Fukushima remet en question la crédibilité de l’industrie nucléaire. L’industrie soutient que le risque d’accident nucléaire se limite à 1 fois pour 1 million (ou moins) d’années d’opération d’un réacteur. L’expérience montre toutefois qu’un accident significatif est à prévoir quelque part dans monde à chaque décennie.

    L’influence politique exercée par l’industrie nucléaire sur les autorités japonaises de réglementation de la sûreté nucléaire est l’une des causes principales de l’accident à Fukushima.

Voir l’intégralité du rapport

Au lieu de reconnaître ces risques nucléaires, de nombreux politiques et autorités ont demandé à restaurer la confiance de l’opinion publique en l’énergie nucléaire. Un an après la catastrophe nucléaire, les autorités protègent à nouveau l’industrie nucléaire au lieu de protéger leurs citoyens.

Les stress tests que subissent les réacteurs du monde entier constituent également la preuve que nous n’avons rien appris de nos erreurs. Les réacteurs existants ont automatiquement  bien réussi ces tests, justifiant ainsi la poursuite de leur activité. Seule l’Allemagne a décidé de fermer 8 de ses 17 réacteurs pour des raisons de sécurité. Après la catastrophe de Fukushima, aucun autre réacteur ne fut déclaré dangereux ni fermé dans le monde. Mais avec les critères retenus, parions que même Fukushima Daiichi aurait réussi le test ! 

Silence et contamination … la vie à Fukushima

Un an après avoir été forcés d’abandonner leur domicile à cause de la catastrophe nucléaire de Fukushima, des dizaines de milliers de réfugiés vivent toujours dans l’incertitude du lendemain, sans savoir quand –ou si– ils pourront rentrer chez eux.

Seuls les habitants de la zone des 20 km autour de la centrale ont été évacués. Mais la “zone à risque” elle, est bien plus étendue. La contamination, on l’a vue est pérenne, chronique, et beaucoup plus étendue ! Le quotidien de ces milliers de personnes se résume aujourd’hui à des questions, des incertitudes. Dans de nombreuses écoles, les enfants ne sont pas autorisés à rester plus d’une heure dans les cours de récréation et du césium a été également découvert dans de nombreux aliments.
Beaucoup n’ont pas les moyens de partir et n’ont d’autre choix que de continuer à vivre avec cette contamination invisible.

Des enfants sont toujours contaminés à 220 km de la centrale de Fukushima,montrent les résultats publiés par l’ACRO, l’Association pour le contrôle de la radioactivité de l’Ouest. Sur les 22 enfants japonais dont l’Acro a analysé les urines, 14 sont encore contaminés au césium 134 et césium 137. Cette persistance montre que la contamination des enfants vient de l’alimentation et non du panache.

Ne restent à Fukushima que le silence et la contamination.
 
C’est ce qu’a capturé la pellicule de Robert Knoth, photographe, dans l’exposition Shadowland (le pays des ombres). Robert Knoth a hanté, avec son appareil, ce pays des ombres: villages désertés, cours de récréation vides, fermes abandonnées … Ces clichés sont un rappel, impérieux, des dommages irréversibles de l’insécurité nucléaire.

Nous sommes tous dans une zone à risque … 

Après la publication par Greenpeace France de la carte des zones à risques nucléaires pour l’hexagone, c’est au monde entier que la démarche a été étendue.
Plus de 400 réacteurs sont en activité dans le monde aujourd’hui. Vous, votre famille, vos amis, habitent probablement à proximité de l’un d’eux. Que ferions-nous face à un accident nucléaire comme Fukushima? Qui appellerions nous ? À qui écririons nous ? Qu’emmènerions nous? Voilà des questions auxquelles nous ne voudrions jamais devoir répondre… Mais que les habitants de la région de Fukushima ont dû se poser.

N’oublions pas Fukushima : rendez-vous le 11 mars

Il est temps. Il est temps de nous tourner vers des systèmes d’énergie modernes, basés sur l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables, grâce auxquels nous pourrons nous affranchir de ces réacteurs et profiter des avantages supplémentaires d’une meilleure sécurité énergétique, de prix énergétiques stables et de millions d’emplois de qualité.

Parce que nous devons dire non à l’éventualité d’un autre Fukushima, nous nous rassemblerons, avec le Réseau Sortir du Nucléaire et d’autres associations, dimanche 11 mars, pour constituer une chaîne humaine contre le nucléaire. Cet évènement aura lieu en France, mais aussi au Japon, et partout dans le monde. 
Rejoignez nous, nous avons besoin de vous !


Source: http://energie-climat.greenpeace.fr/noublions-pas-fukushima

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Fukushima : quarante années de travaux et trois siècles de pollution

Comment va Fukushima ? Pour le premier anniversaire de la catastrophe nucléaire, les médias du monde entier enchaînent les reportages sur place. L'occasion de voir le site sous tous les angles et de faire le point sur l'état du site, de la pollution environnante et de la situation des populations locales.

SITUATION SUR LE SITE

L'exploitant a mis en place des webcams qui permettent de visualiser l'ensemble du site -les quatre bâtiments réacteur- en temps réel. Les journalistes enchainent les tournages aériens (malheureusement en japonais). En dépit de l'annonce, faite en décembre, de l'arrêt à froid des réacteurs endommagés, l'électricien Tepco ne parvient pas à rétablir une situation complètement normale. Il tient un journal complet de ses opérations à disposition d'un public averti.

Depuis mars 2011, les réacteurs n°1, 2 et 3 sont constamment refroidis par l'injection d'eau douce dans les cuves contenant les combustibles -environ 10 m3 par heure. Les moyens d’injection d’eau dans les cuves ont été fiabilisés. Ils permettent de maintenir la température du circuit primaire (RPV) aux alentours de 60° C pour les réacteurs n°2 et 3 et 30° C pour le réacteur n°1. Le circuit primaire n’est néanmoins pas étanche ; l’eau qui y est injectée est récupérée dans les parties basses des bâtiments. Quant aux piscines d'entreposage, elles sont désormais refroidies en circuit fermé et la température de l'eau y est maintenue à 20°C.

En décembre 2011, l'opérateur TEPCO a annoncé que la température dans ces cuves était inférieure à 100°C. C'est ce que l'on appelle l'arrêt à froid. Cependant, début février, la température au sein du réacteur n°2 a connu de nombreuses fluctuations, grimpant brutalement jusqu'à 70°C. En cause? Une trentaine de fuites dans le circuit de refroidissement provoquées par le gel de l'hiver nippon. L'opérateur a dû augmenter le débit de l'eau (passant à plus de 13 m3 par heure) et injecter de l'acide borique dans les cuves pour éviter toute réaction nucléaire. Le 28 février 2012, les caméras montraient une fumée s'échappant d'une conduite reliant les bâtiments entre eux.

L'autre problème majeur du site reste la gestion de l'eau radioactive, laquelle s'apparente au mythe de Sisyphe ! Selon Tepco, il y aurait 200000 m3 d'eaux contaminées sur le site, un volume qui ne cesse d'augmenter, notamment à cause de l'eau injectée en permanence dans les circuits de refroidissement et qui ressort contaminée. Pour l'heure, un millier de réservoirs ont été installés près du réacteur n°1 pour recueillir 165000 m3 d'effluents contaminés (photo). D'autres réservoirs sont actuellement en construction pour accueillir 40000 m3 supplémentaires, ainsi qu'un réservoir d'une capacité de 4000 m3 destiné à être enfoui dans le sol. Toutes ces installations seront remplies à l'automne. Et il faudra alors en installer de nouveaux.

Afin de limiter la dispersion de la contamination, le recouvrement du bâtiment réacteur n°1 a été achevé le 28 octobre 2011. Une opération similaire est étudiée pour les réacteurs n°3 et 4 dont les bâtiments sont les plus endommagés. Des rejets radioactifs gazeux dans l’environnement se poursuivent ; ils sont de l’ordre de 60 MBq/h soit 10 000 000 fois moins que l’activité rejetée au moment de l’accident.

Plus que jamais, le site reste sous haute surveillance. La catastrophe de Fukushima continue. Et même si le ministre français de l'énergie, Eric Besson, s'est montré particulièrement rassurant lors de sa visite à la centrale en février 2012, la Commission de sûreté nucléaire japonaise a été très claire : il faudra attendre au moins 2022 pour retirer les combustibles fondus dans les réacteurs. Et patienter trente années supplémentaires pour envisager le démantèlement du site.
 

SITUATION AUTOUR DE LA CENTRALE

La surveillance de l’environnement est coordonnée par les autorités japonaises et réalisées par différents acteurs, ONG comprises. Les différentes mesures sont détaillées dans le Comprehensive Monitoring Plan qui détaille les zones à surveiller, les analyses à mener sur la poussière, le sol, l'herbe, l'air, certaines plantes, …

Désormais, on trouve en majorité des césiums radioactifs disséminés dans l’environnement, les iodes ayant diminué sous l’effet de la décroissance radioactive (note IRSN 27/09/2011). Les césiums ont une durée de demi-vie de trente ans, ce qui signifie qu'ils auront perdu la moitié de leur radioactivité en 2042. Et qu'il faut compter environ dix périodes pour qu'ils ne soient plus du tout actifs, soit trois siècles. En mer, malgré les quantités importantes rejetées, la conjonction de deux grands courants marins à proximité du site a entraîné une dispersion très importante des radionucléides (note IRSN 26/10/11).

Fin février 2012, le Yomiuri Daily a publié la dernière mouture de la carte des relevés officiels de débits de dose à un mètre du sol. Il existe deux zones : une zone d'exclusion totale à 20 km autour de la centrale, ce qui représente une surface de 1250 km2, puis une seconde zone dite « d'évacuation étendue », soit 800 km2 supplémentaires, qui englobe les faubourgs de la ville d'Itate jusqu'à 50 km du site accidenté. Sur la carte, la zone "orange" (> 10 mSv/h à 1 m du sol) s'étend jusqu'à l'entrée d'Itate, à 35 km du site à vol d'oiseau. Au total, 2050 km2 de territoire sont contaminés. La zone la plus contaminée – à plus de 600 000 Becquerels au m² (Bq/m2) – fait environ 600 km², contre 13000 km2 autour de Tchernobyl.

Toutefois, il ne faut pas confondre surfaces et populations. Les Japonais ont évacué des zones moins contaminées qu'en ex-URSS. Au total, 150000 personnes (contre 270000 en Ukraine) ont été relogées. Au Japon, les autorités envisagent le retour d'une partie des populations japonaises à condition de décontaminer les sols, ce qui n'a pas été envisagé en Ukraine.

Pour les denrées alimentaires (feuilles de thé, abricots, viandes de bœuf et de sanglier, poissons, …), des analyses sont menées chaque semaine depuis mars 2011. Au total, sur 97 664 échantillons testés sur l’ensemble des 44 préfectures japonaises, 1 078 (1,1 %) présentent des niveaux de contamination supérieurs aux niveaux maximaux admissibles japonais. Les résultats sont actualisés chaque semaine.

Les résultats de mesure récents montrent la persistance d’une contamination des espèces marines (poissons principalement) pêchées sur les côtes de la préfecture de Fukushima. Les organismes benthiques et filtreurs ainsi que les poissons au sommet de la chaine alimentaire sont, dans la durée, les plus sensibles à la pollution au césium.

Le 30 aout 2011, la loi encadrant la décontamination et la gestion des déchets afférents est entrée en vigueur. A l’exception des zones où l’exposition est inférieure à 20 mSv/an, le gouvernement japonais porte la responsabilité de la décontamination. Ailleurs, celle-ci est à la charge des municipalités. Des documents détaillent les spécificités techniques de ces travaux de décontamination qui touchent le milieu urbain, agricole et forestier.

Les orientations en matière d’indemnisation ont été fixées par le Dispute Reconciliation Comittee for Nuclear Damage Compensation. L’indemnisation des populations et des professionnels est en cours ; à cet effet un fonds spécifique a été constitué et doté de 6 milliards d’euros. Un bilan des indemnisations versées par Tepco a été publié au 18 décembre 2011.

L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire vient de publier son rapport sur les rejets radioactifs lors de l'accident mais aussi des contaminations dans la zone des retombées radioactives. De même, la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) a élaboré un dossier Spécial Japon à partir de ses propres mesures, réalisées sur place. Et ses interprétations sont beaucoup plus alarmistes.
 

SITUATION SANITAIRE

Il est beaucoup trop tôt pour évaluer les conséquences sanitaires de l'accident de Fukushima. D'une part parce que la relation dose-effet est difficile à établir, d'autre part parce que la radioactivité, à faibles doses, n'a un impact que sur le long terme. Dans tous les cas, tout dépend des doses de radioactivité reçues. Celles-ci sont mesurées par différents organismes -officiels ou indépendants- à partir des éléments radioactifs cartographiés dans l'environnement. Voici une carte de l'IRSN établie à partir des mesures du département d'Etat américain réactualisées en octobre 2011. L'ONG française Criirad a mené des campagnes de mesures indépendantes au lendemain de l'accident.

Quoiqu'il en soit, la guerre des interprétations a commencé. Le scientifique américain Franck Von Hippel, docteur en physique de l'université de Princeton, table sur environ 1000 morts par cancer dans les années à venir. Tandis que pour Wolfgang Weiss du Comité scientifique onusien sur les effets des rayonnements ionisants, l'impact sanitaire de l'accident devrait être « très faible ».

Dans les premiers jours qui ont suivi l'accident, le radioélément le plus dangereux est l'iode-131 qui vient se fixer sur la thyroïde. Heureusement, ce dernier a une durée de vie (ou période radioactive) très courte : il perd la moitié de sa radioactivité au bout de huit jours et n'est plus dangereux au bout de 80 jours. Durant cette période, à cause de leur croissance, les plus vulnérables sont les enfants qu'il faut immédiatement éloigner de toute zone contaminée.

En aout 2011, des chercheurs de l'Université Hiroshima ont publié les résultats de leurs analyses: 1149 enfants issus de la province de Fukushima avaient de l'iode radioactif dans leur glande thyroïde. D'autres analyses ont montré que 45% des enfants testés en mars 2011 (au total 1080 individus) avaient incorporé de l'iode-131. En novembre, cet élément radioactif figurait dans 104 des 1500 échantillons d'urine prélevés auprès d'enfants de moins de six ans vivant à Minamisoma. Une énorme campagne de mesures est actuellement en cours sur les 360000 enfants âgés de 0 à 18 ans de la préfecture de Fukushima. Celle-ci devrait prendre fin en mars 2014.

Pour les ouvriers qui ne cessent de travailler sur le site de la centrale, Tepco surveille leurs doses d'exposition. Environ 18000 liquidateurs ont travaillé sur le site. Souvent pour de courtes périodes.

Quant aux éleveurs de la zone d'exclusion, ceux-ci refusent d'abandonner leurs troupeaux à leur sort, comme le montrent ces images rapportées par le quotidien britannique The Guardian. Le gouvernement a ordonné d'euthanasier les bêtes condamnées à vivre dans la zone d'exclusion. Mais certains éleveurs, comme Yukio Yamamoto, refusent d'obtempérer. Tous les deux jours, il vient prendre soin de ses vaches.

Ne pas manquer
Le blog de Fukushima (certaines parties sont en allemand).

De Laure Noualhat


Source : http://www.arte.tv/fr/Fukushima—quarante-annees-de-travaux-et-trois-siecles-de-pollution/6391576,CmC=6445736.html

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Fukushima et les chiens de garde du nucléaire

Le 11-mars sera commémoré par une minute de silence. Ce sera peut-être pour nombre de Japonais l’occasion de se rappeler que la catastrophe nucléaire de Fukushima qui débuta un an plus tôt a prospéré sur le silence des autorités, relayé par une presse bien complaisante à l’égard des informations reçues (lire l’écrivain Ikezawa Natsuki, « La catastrophe comme occasion », Le Monde diplomatique de mars, en kiosques).

La grande presse (télévisions et principaux journaux) s’est en effet réveillée tardivement. Ce n’est qu’à partir du mois d’avril que certains médias, notamment les quotidiens Tokyo Shinbun (560 000 exemplaires) et Mainichi Shinbun (3,5 millions d’exemplaires) ont commencé à enquêter sur les mesures prises par Tokyo Electric Power Company (Tepco), l’opérateur de Fukushima Daiichi, et par les autorités japonaises, ou à s’interroger sur la politique nucléaire du pays. Le deuxième grand quotidien japonais, Asahi Shinbun (7,9 millions d’exemplaires), n’a publié qu’à l’automne une série d’enquêtes soulignant les multiples dysfonctionnements et dissimulations qui ont conduit à la prise de mesures inadéquates (dysfonctionnements confirmés par le rapport intermédiaire du comité d’enquête sur l’accident de Fukushima, rendu public le 26 décembre).

On sait désormais que les informations officielles communiquées par Tepco et les autorités japonaises suite au séisme et au tsunami étaient non seulement insuffisantes mais minimisaient systématiquement la gravité de l’accident et de la contamination radioactive : n’a t-il pas fallu plus de deux mois à Tepco pour reconnaître que c’était bien dans les premiers jours que le cœur du combustible des trois réacteurs avait fondu (melt down) ? N’a t-on pas appris que le Système informatisé de prévision des informations d’urgences environnementales (SPEEDI, en anglais) qui prévoit la diffusion des radionucléides dans l’atmosphère, n’a pas servi à la protection des populations ? Les habitants des villes de Futaba et de Namié, par exemple, ont été évacués vers le nord-ouest sans être informés que le vent dispersait les rejets radioactifs dans cette direction, ce que la simulation montrait ? Les résultats de celle-ci, pourtant obtenus dès les premières heures de l’accident, n’ont été publiés qu’à partir du 3 mai [1].

Chantage à la publicité ?

Plus grave encore, les grands médias japonais ont systématiquement relayé, sans analyse critique de la situation, les déclarations des porte-paroles de Tepco et du gouvernement. Cette atonie peut d’abord s’expliquer par le budget publicitaire colossal que Tepco distribue copieusement à chacun d’eux : 25 milliards de yens par an (230 millions d’euros) selon les chiffres officiels. Si l’on prend celui des dix compagnies électriques japonaises, on dépasse le milliard d’euros, plus que le budget publicitaire de Toyota. A cette pression sonnante et trébuchante s’ajoute un système traditionnel spécifiquement japonais appelé kisha club (club des journalistes), où la proximité excessive entre les journalistes et les organismes ou compagnies qu’ils sont chargés de « suivre » engendre de la connivence.

De plus, au Japon, les télévisions, les radios et la presse écrite sont souvent affiliés aux grands groupes de communication et il n’existe pas d’organe de régulation audiovisuelle ni de commission indépendante. Un exemple significatif : celui du PDG du plus grand quotidien japonais, Yomiuri Shinbun (9,9 millions d’exemplaires), M. Matsutarô Shôriki, qui fut l’artisan majeur de l’introduction du nucléaire civil au Japon : la chaîne Nippon Television (NTV), qu’il venait de créer, fut utilisée pour la campagne pro-nucléaire de 1955. Ancien haut fonctionnaire de la police et criminel de guerre de classe A, il fut le premier président de la Commission japonaise de la sûreté nucléaire en 1956. Après l’accident de Fukushima, Yomiuri Shinbun persiste et signe son engagement pro-nucléaire.

Seuls des journalistes japonais travaillant hors de ces circuits médiatiques (et quelques correspondants étrangers) ont permis de mettre en doute l’information diffusée par les autorités en se rendant immédiatement aux abords de la centrale pour mesurer la radioactivité et en poursuivant les enquêtes alors que les principaux organes d’information avaient rappelé leurs journalistes. De même, lors des conférences de presse de Tepco et des autorités, ils savaient poser des questions dérangeantes retransmises en direct sur Internet par un media indépendant (Web Iwakami)  [2].

Le rôle du Web a donc été capital. Dès le 12 mars, quelques scientifiques et ingénieurs ont alerté la population en présentant leurs propres analyses sur les dangers réels de la situation. Ces initiatives, diffusées sur leurs sites par des associations antinucléaires, ou au travers de blogs et de forums, ont rendu possible l’accès à des informations décrivant la gravité de la catastrophe en cours, pendant que les chaînes de télévision et les grands quotidiens, focalisés sur les seuls effets du tsunami, diffusaient uniquement les propos lénifiants des autorités et de leurs scientifiques « maison »  [3]. On pouvait lire ou entendre que la radioactivité « n’entraînerait pas de conséquences immédiates sur la santé » ou encore que telle « mesure de sécurité [ était prise] par précaution ». Des expressions emblématiques de ce déni.

La plus grande manifestation antinucléaire

La prise de conscience des citoyens s’est faite à travers les échanges sur les réseaux sociaux, à l’image des révoltes du monde arabe. Cependant, l’indignation des Japonais est restée cantonnée à la sphère d’Internet malgré des initiatives exceptionnelles, et notamment la manifestation du 19 septembre 2011 à laquelle participa l’écrivain Ōe Kenzaburō [4], et qui rassembla 60 000 personnes — un fait remarquable pour une population qui n’a pas l’habitude de manifester. Cependant, la majorité des Japonais ignorent l’existence d’un grand nombre d’actions citoyennes à travers lesquelles des militants continuent ici et là à informer par des conférences de spécialistes, à réclamer la sortie du nucléaire et une politique de transition énergétique, ou à appeler à la protection des habitants contraints de rester dans les zones hautement contaminées. C’est le cas, par exemple, du sit-in organisé fin octobre devant le ministère de l’économie et de l’industrie, à l’initiative de femmes résidant dans la Préfecture de Fukushima, et dont seuls les quotidiens Tokyo Shinbun et Mainichi Shinbun se sont faits l’écho ; aucune chaîne de télévision n’en a montré la moindre image. La vigie devant ce ministère emblématique a débuté le 11 septembre 2011 : avec leurs trois tentes plantées au cœur du quartier ministériel, c’est dans l’esprit du mouvement Occupy que des militants et des citoyens japonais essaient de créer un espace de contestation et d’échanges démocratiques.

Peut-on y voir le début d’une fissure dans le consensus prôné pour faire face au plus grand désastre national depuis la défaite de 1945 ? Rien n’est moins sûr tant les vieux réflexes ont la vie dure. Et pour tous les grands médias, malgré quelques dissidences, la règle reste la même : caresser dans le sens du poil, ne pas susciter de polémique ni déplaire aux clients que sont les lecteurs-consommateurs et le monde économique, encore et toujours rassurer et, surtout, ne pas poser les questions qui dérangent. Ainsi, les propos des scientifiques ou des médecins critiquant les mesures gouvernementales sont rarement cités (alors que leurs livres se vendent pourtant comme des petits pains). La télévision montrera des scènes de décontamination, mais jamais celles où des habitants réclament un dédommagement pour pouvoir partir ailleurs.

La catastrophe nucléaire est désormais un sujet parmi d’autres, et pas question de trop en dire sur la responsabilité de Tepco ou les mesures gouvernementales qui ont enfreint la loi sur le seuil d’irradiation non naturelle. La déclaration stupéfiante, le 16 décembre 2011, du gouvernement japonais proclamant « l’arrêt à froid » des réacteurs de Fukushima a certes suscité quelques critiques, mais les grands médias semblent plutôt vouloir privilégier une attitude aseptisée et policée, loin de l’angoisse, de la révolte et du désarroi d’une population plus que jamais préoccupée par la menace d’une contamination radioactive en expansion.

On peut dire que ces grands médias ont participé à l’écriture du scénario inventé par Tepco et les autorités japonaises, qui veulent à tout prix nier la réalité afin de préserver leur pouvoir et leurs intérêts. En persistant à couvrir ce déni, c’est son rôle de contre-pouvoir que la grande presse sacrifie et avec lui les conditions d’existence d’une démocratie saine. A rebours de leur gouvernement qui affirme sa volonté de continuer le nucléaire, 85 % des Japonais désireraient en sortir [5]. Que choisiront de faire ces grands médias au milieu d’un pareil grand écart ? Et les nouveaux médias citoyens réussiront-ils à avoir enfin prise sur la société pour faire bouger les lignes ?

Yûki Takahata est traductrice et auteure de plusieurs ouvrages sur la société française en japonais. Dernier ouvrage traduit en japonais : Yannick Haenel, Jan Karski.

Notes

[1] Sauf le 23 mars 2011, où le pouvoir a mis en ligne le résultat, aussitôt retiré du site. Rien ne sera plus publié jusqu’au 3 mai (cf. l’enquête publiée par le New York Times, « Japan Held Nuclear Data, Leaving Evacuees in Peril », 8 août 2011). L’agence de presse japonaise Kyodo News a révélé le 16 janvier que les résultats de la simulation étaient communiquées dès le 14 mars à l’armée et aux autorités américaines.

[2] Un journaliste indépendant, Kazuo Hizumi (rédacteur en chef du site d’information News for the People in Japan) vient de publier, en collaboration avec un autre journaliste indépendant, Ryuichi Kino, un livre sur la dissimulation et le mensonge de Tepco et des autorités japonaises intitulé Vérification : l’accident nucléaire de Fukushima — La conférence de presse (en japonais) aux éditions Iwanami shoten.

[3] A de rares exceptions près, notamment l’émission de radio locale d’Osaka « Tanemaki Journal », qui questionne tous les jours un physicien nucléaire et un théoricien anti-nucléaire, M. Hiroaki Koidé, dont les propos sont retransmis sur Internet (en japonais).

[4] Le prix Nobel de littérature, Kenzaburo Oé sera présent au salon du livre de Paris, du 16 au 19 mars, qui rend hommage à la littérature japonaise.

[5] Sondage effectué les 20-21 août par le quotidien Mainichi Shinbun : « sortie immédiate » à 11 %, « sortie progressive » à 74 %, « pas besoin de diminuer la part d’énergie nucléaire » à 13 %.


Source : http://blog.mondediplo.net/2012-03-07-Fukushima-et-les-chiens-de-garde-du-nucleaire#tdm

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Sous-traitance nucléaire, ma zone contrôlée…va mal !

Les centrales nucléaires en France sont sous traitées à 80 %.
“J’ai accepté de rester 20 heures dans le bâtiment sans en sortir” témoigne un salarié de la sous-traitance. Consciencieux dans leur travail, ils ne comptent pas les heures et sont exposés aux radiations au-delà des doses autorisées. Leurs conditions de travail sont loin de s’aligner sur celles des agents EDF.

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Fukushima: Enquête sur une supercatastrophe nucléaire

La catastrophe de Fukushima a ébranlé les croyances de citoyens japonais qui, jusqu’ici, se fiaient à leurs installations nucléaires.

Le début de l’ère du soupçon ?

Il a fallu attendre plusieurs jours, après le 11 mars 2011, avant que les responsables japonais n’admettent qu’il y avait eu à Fukushima un accident nucléaire sans doute plus grave que celui de Tchernobyl.

Puis les autorités – l’exploitant Tepco, le gouvernement, les services de surveillance – n’ont cessé de minimiser l’ampleur de la catastrophe. Le documentaire tente de faire la lumière sur ce qui s’est passé dans les réacteurs 1 à 4 de la centrale. Il analyse aussi la gestion de crise du lobby nucléaire japonais et international et montre que celui-ci met tout en oeuvre pour préserver un marché mondial lucratif.

Reportage Arte (Allemagne, 2012, 52mn)
Documentaire de Peter F. Müller, Michael Müller et Philipp Abresch

Retrouvez le Thema sur ARTE : « Les leçons de Fukushima »

Fukushima a ébranlé les croyances des japonais qui se fiaient à leurs installations nucléaires…

Un an après Fukushima, le gouvernement nippon assure que le site est sécurisé, mais les Japonais en doutent. Enquête sur un accident sans précédent, qui a réactivé le débat sur le nucléaire en France et en Allemagne.

 

 

 

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