Rejet de notre recours en référé
Comme d’habitude, ce dangereux transport aura lieu sans aucune information du public. Le Réseau "Sortir du nucléaire" a donc déposé un référé-liberté pour faire annuler ce convoi. L’audience a eu lieu ce vendredi 11 janvier au tribunal de Cergy-Pontoise et notre recours a été rejeté.
Nous déplorons cette décision. Encore une fois, un transport dangereux va traverser la France sans que les populations ni même leurs élus ne soient informés de son existence et des risques inhérents.
Selon le ministère public, la publication d’informations sur le convoi aurait généré un "trouble à l’ordre public", méconnaissant d’ailleurs le fait que cette pratique est en vigueur dans d’autres pays, comme en Belgique. Surtout, de qui se moque-t-on ? Si un accident survenait sur le parcours, les élus des communes concernées ne seraient pas en mesure d’organiser les secours et devraient improviser au pied levé une intervention de crise à laquelle ils ne seraient absolument pas préparés.
Devant le refus d’annuler ce convoi, nous allons maintenant nous attacher à faire, autant que possible la lumière sur ce convoi, en publiant sur notre site les itinéraires et horaires potentiels et en appelant à des vigies et des mobilisations sur tout le trajet.
Que contient ce convoi ?
Ce convoi sera normalement composé de deux wagons Q70 chargés de combustibles usés italiens qui doivent être traités à l’usine Areva de La Hague.
Dans le cadre d’un contrat conclu entre AREVA et la société italienne SOGIN (Société de gestion des installations nucléaires), AREVA doit traiter à l’usine de La Hague plus de 200 tonnes de combustible usé issu des réacteurs italiens en démantèlement. Un accord a donc été signé entre la France et l’Italie en 2006 et a été ratifié par décret en 2007 portant sur l’acheminement de ce combustible entre les deux pays.
A l’occasion du premier transport de combustible usé italien, l’ASN avait tenu « à rappeler publiquement ses réserves » sur l’accord intergouvernemental encadrant ces transports et notamment, s’agissant des délais de retour de ces déchets en Italie prévus entre 2020 et 2025 [1]. Pour l’heure, aucune solution de stockage ou d’entreposage n’existe en Italie pour accueillir ces déchets après leur retraitement en France.
Les arrivées de combustible usé italien sur le sol français avaient cessé depuis le mois de mai 2011 suite à de fortes mobilisations dans le Val de Suse, mais les transports ont repris en juillet 2012. Une nouvelle expédition vers La Hague doit avoir lieu dans le courant de la semaine prochaine.
Pourquoi s’opposer à ce transport ?
Un transport tenu secret au mépris des élus, des cheminots et de la population
Malgré les risques de ce transport, la population n’est pas informée du passage de ce train. Comme à leur habitude, les autorités et l’industrie nucléaire ont fait le choix du secret et de l’opacité, tenant les élus, les cheminots et les riverains dans l’ignorance la plus totale.
Un transport absurde et dangereux
Non seulement le traitement à l’usine de La Hague ne diminue pas la radioactivité des déchets, mais il augmente leur volume. Cette activité est également extrêmement polluante et contamine l’eau et l’environnement. De plus, les wagons spéciaux restent irradiés pleins ou vides et il est fortement déconseillé de s’en approcher à moins de deux mètres ou d’intervenir sur le train. En outre, transporter ces déchets est extrêmement risqué : le combustible usé transporté dans les conteneurs étant hautement radioactif, les conséquences d’un accident pourraient être gravissime.
Quand le retraitement des déchets italiens à La Hague cache en réalité un stockage en France
Pour l’heure, aucune solution de stockage ou d’entreposage n’existe en Italie pour accueillir ces déchets après leur retraitement en France. A l’occasion du premier transport italien en 2008, l’Autorité de Sûreté Nucléaire avait d’ailleurs rappelé publiquement ses réserves sur ces convois et sur les délais de retour prévus par l’accord entre la France et l’Italie [2]. Ceux-ci doivent retourner en Italie entre 2020 et 2025, ce qui est très tardif. Pourquoi un tel délai de retour qui a pour conséquence de stocker les déchets italiens en France, faute de solution en Italie pour les recevoir ?
Non seulement le « retraitement » à La Hague ne constitue en rien un recyclage, mais l’envoi des déchets radioactifs à La Hague semble surtout une astuce pour certains pays afin de faire oublier temporairement le problème insoluble de leur gestion.
Déchets nucléaires : un casse-tête impossible à résoudre
Les centrales nucléaires produisent chaque année en France 1200 tonnes de déchets, dont personne ne sait quoi faire. Il n’existe aucune solution pour les gérer ou pour s’en débarrasser, et certains d’entre eux resteront radioactifs et dangereux pendant des milliers d’années.
Ne surtout pas enfouir, arrêter d’en produire !
A Bure, un petit village de 92 habitants à la limite des départements de la Meuse et de la Haute-Marne, l’État et l’ANDRA (l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) ont implanté un "laboratoire de recherches scientifiques souterrain" pour étudier les possibilités d’un stockage en profondeur. Mais derrière ce laboratoire, se cache un projet de stockage industriel des déchets nucléaires, le projet "CIGEO".
Un débat public sera organisé entre la mi-mars et la mi-juillet pour faire accepter ce projet, prévu depuis 1994 par l’État et l’ANDRA, qui achètent les populations et les élus à coups de subventions.
Les déchets sont le talon d’Achille du nucléaire et les laisser enfouir, c’est laisser la possibilité à l’industrie de persister. Loin d’être une réelle solution pour ces déchets, l’enfouissement est le seul moyen qu’elle a trouvé pour les cacher. Et ce n’est pas parce que nous ne sommes pas responsables de ses déchets que nous ne sommes pas tous concernés.
A Bure, comme ailleurs, pour arrêter le nucléaire, attaquons-nous à son point faible : ses déchets qui resteront radioactifs pendant des dizaines de milliers d’années.