La catastrophe de Fukushima a atomisé les ambitions d’Areva. Le fleuron de l’industrie nucléaire française va annoncer des pertes “vraisemblablement importantes”, selon le ministre de l’Industrie, Eric Besson, qui a confirmé du bout des lèvres, hier, des rumeurs insistantes.
Luc Oursel, qui a pris la suite d’Anne Lauvergeon à la tête du groupe, à la fin de juin 2011, doit présenter son “plan d’orientation stratégique” aujourd’hui, devant le conseil de surveillance puis aux représentants du personnel. Le patron du leader mondial du nucléaire, qui doit faire face au bouleversement provoqué depuis neuf mois par l’accident majeur de la centrale japonaise, a pour mission de redresser les finances d’Areva. Selon un document interne révélé par l’AFP fin novembre, les coûts de fonctionnement doivent être réduits de 750 millions d’euros d’ici à 2015, dont 500 d’ici à 2013.
Le PDG du groupe pourrait aussi annoncer des provisions pour un montant compris entre un à deux milliards d’euros. Une charge exceptionnelle qui s’expliquerait par la dépréciation de plusieurs actifs importants du groupe, en particulier de la mine d’uranium de Trekkopje, en Namibie. Cette mine, dont le minerai s’est révélé moins riche que prévu, démarrera sa production courant 2013 et non plus à la mi-2012 comme annoncé initialement.
Le plan stratégique présenté aujourd’hui devrait inclure un plan social record, le plus lourd jamais mis en œuvre par le groupe français. Cependant, à la suite de la révélation d’un projet confidentiel de suppression de plus de 1 000 emplois en France, Luc Oursel a pris fin novembre dernier l’engagement de ne pas licencier dans l’Hexagone, où travaillent la moitié des employés d’Areva. Les salariés allemands, en revanche, devraient subir de plein fouet la sortie du nucléaire décidée par la chancelière Angela Merkel. Avec ce plan d’économies draconiennes, Areva solde la décennie Lauvergeon (patronne de 2001 à 2011), dont la gestion avait été épinglée par un rapport commandé par la commission des Finances de l’Assemblée nationale rendu public en octobre dernier. Pour entrer dans une ère qui pourrait marquer la fin de la toute puissance nucléaire.
Source: http://www.metrofrance.com/info/le-nucleaire-ne-paie-plus-pour-areva/pklk!WYlEFQT53D0T002slqWDqw/