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Lyon, ville la plus atomique de France

Jeudi 28 mars, à l'aube, des activistes de Greenpeace ont projeté un immense message sur la centrale nucléaire de Fessenheim sur lequel on pouvait lire "Pourquoi seulement moi ?" Cette opération accompagne la publication d’un rapport qui révèle et analyse les cinq centrales nucléaires françaises à fermer en priorité : Blayais, Bugey, Fessenheim, Gravelines et Tricastin.

En avril 2011, Lyon Capitale avait publié un dossier sur les risques nucléaires en Rhône-Alpes, l'une des régions les plus nucléarisées du monde

En voici un extrait.

Dossier paru dans Lyon Capitale-le mensuel d'avril 2011.

Lyon est l’une des très rares métropoles de la planète à être cernée par autant de centrales nucléaires en activité. On compte, en Rhône-Alpes, une tranche nucléaire pour 430.000 habitants, l’un des taux les plus élevés au monde. Face au risque invisible et redoutable de l’atome, Lyon n’a pas d’autre choix que de vivre avec.

Face à l’onde de choc de l’accident nucléaire japonais qui s’est propagée en France, François Fillon a promis un audit du parc nucléaire français. Ces mesures de contrôle de la sûreté des centrales porteront particulièrement sur les risques d’"agressions externes" de type inondation, séisme ou canicule. La région, qui compte un quart des réacteurs français – fournissant 22% de l’électricité du pays –, devrait faire l’objet d’un suivi “approfondi” selon l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). L’objectif est de répondre à des questionnements légitimes : les quatre centrales de la région sont-elles dimensionnées pour résister à un tremblement de terre ou à une montée des eaux ? Quels dégâts peut générer le crash d’un avion de ligne sur un réacteur ? Est-il dangereux d’habiter aux alentours d’une centrale ?

Carte Risques sismiques 1 © Lyon Capitale
@Lyon Capitale

Risque sismique 

La prise en compte du risque sismique dans l’industrie nucléaire se base sur le plus gros séisme qui a eu lieu dans la région d’implantation des centrales, à la magnitude duquel on rajoute 0,5. Ainsi, la centrale du Tricastin peut résister à un tremblement de terre de magnitude 5,2 alors que le séisme référent (1873) était de magnitude 4,7.

Selon Éric Debayle, sismologue à l’ENS Lyon, "en Rhône-Alpes, on s’attend à un séisme de magnitude 5 tous les trente ans et à un séisme de magnitude 6 tous les trois cents ans. Comparé au séisme japonais, ce sera vingt-sept mille fois inférieur".

Olivier Bellier, du Centre européen de recherche et d’enseignement des géosciences de l’environnement (Cerege), explique le contexte local par le fait que les failles du sud-est de la France, dont certaines remontent en région, se déplacent "à des vitesses très lentes, de l’ordre de 0,1 mm par an", alors qu’au Japon les plaques bougent de 8,3 cm par an.

"Mais rien ne dit qu’un jour de plus gros séismes ne pourront pas se produire, tempère François Thouvenot, sismologue pour le réseau de mesures sismiques Sismalp, compte tenu du peu de recul que nous avons." 

Dans l’émission C dans l’air du 7 avril 2009, le géophysicien Vincent Courtillot, directeur de l’Institut du globe, allait même jusqu’à dire qu’ "il y a quelques décennies, les organismes qui étaient chargés d’installer les centrales nucléaires étaient ceux qui payaient les géologues qui devaient leur dire s’il y avait des risques ou pas. Les géologues ont eu tendance à ne pas bien voir les failles".

Tous les experts sont néanmoins unanimes pour dire qu’un séisme de magnitude 9 comme celui du Japon est pratiquement exclu en France.

Pourquoi les centrales sont-elles dans des zones sismiques ?

"La vallée du Rhône (le couloir rhodanien) est une immense faille, très ancienne. Si le Rhône coule à cet endroit, c’est justement parce qu’il s’est "glissé" dans cette zone de faille, explique le sismologue François Thouvenot. Or, les centrales ont besoin d’énormes quantités d’eau pour refroidir leurs réacteurs. D’où leur proximité des fleuves."

Risque d’inondation 

Du fait de leur proximité avec le Rhône, toutes les centrales de la région sont soumises au risque d’inondation et donc potentiellement situées en zone inondable. En France, l’incident de référence est celui de la centrale du Blayais, en Gironde. Dans la nuit du 27 au 28 décembre 1999 (la grande tempête), l’eau de l’estuaire de la Gironde avait franchi les digues et inondé les sous-sols de cette centrale, mettant hors d’usage des installations de sécurité. La moitié des pompes qui prélèvent l’eau de la Gironde avaient été noyées. Or, ce sont ces pompes qui permettent de refroidir l’ensemble du réacteur. Sans eau, le cœur du réacteur entre en fusion, pouvant conduire à la rupture de l’enceinte de confinement. Heureusement, on n’en est pas arrivé à ce stade. Pourtant, dès 1998, la nécessité d’une surélévation de 50 cm des digues avait été notifiée à EDF, qui avait repoussé les travaux, probablement en raison de leur coût.

Risque de radiation

Peut-on être irradié en habitant près d’une centrale ? La vérité est ailleurs… Du côté de l’Allemagne. Une vaste étude, commandée par le Gouvernement et portant de 1980 à 2003 sur des populations habitant dans un rayon de 5 km autour des centrales, est sans appel : "Le risque de développer une tumeur ou une leucémie augmente de manière significative en corrélation avec la proximité du lieu d’habitation et d’un réacteur." 

Les enfants qui habitent à moins de 5 km d’une centrale ont un risque plus élevé de 60% de développer un cancer avant l’âge de 5 ans. Ce risque est accru de 117% pour ce qui est des leucémies. En ligne de mire : les radiations et les rejets d’effluents radioactifs dans l’air et dans l’eau en quantités réglementées. Des normes existent et sont généralement respectées. Mais cette étude rappelle que toute dose de rayonnement comporte un risque cancérigène et génétique. Au menu : cuivre, zinc, morpholine, ammoniaque, phosphates, bore, hydrazine, chlorure, etc., qui se retrouvent dans les nappes phréatiques.

Carte 2 © Lyon Capitale
@Lyon Capitale

Risque bactériologique

Inoffensives les vapeurs qui sortent des tours des centrales ? Question radioactivité, oui, ces vapeurs d’eau sont réputées inoffensives. Mais elles peuvent contenir un danger d’une tout autre nature : les légionelles. Des bactéries tueuses qui prolifèrent dans les eaux douces à des températures comprises entre 25 et 45°C et qui, inhalées, provoquent des troubles respiratoires. Les légionelles étaient si inquiétantes que l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset) s’en est mêlée. L’Afsset a estimé que les seuils tolérés pour les tours aéroréfrigérantes des centrales étaient trop élevés (les tours permettent d’évacuer dans l’atmosphère, sous forme de vapeur d’eau, une partie de la chaleur produite par les réacteurs). Les centrales de Cruas et du Bugey sont concernées.

Risque de crash aérien

Une centrale peut-elle résister au crash d’un avion ? Oui, dit EDF. La structure des centrales nucléaires rhônalpines a été dimensionnée pour supporter l’impact d’un avion de type Cessna 210 de 1.500 kg (projectile "dur" et perforant) ou d’un biréacteur d’affaires de 5.700 kg (projectile "mou") de type Learjet 23. La vitesse d’impact prise en compte est de 100 m/s, ce qui correspond à 360 km/h. EDF estime la "probabilité de chute d’avion à 0,1 par ansur une enceinte de confinement.

Quant au réacteur dit de troisième génération, l’EPR, dont plusieurs sont en construction à Flamanville (Manche), en Finlande et en Chine, l’association Sortir du nucléaire a créé la polémique en publiant, courant 2006, un document "confidentiel défense". Le document indiquait que l’enceinte, une double paroi en béton armé, avait été conçue avant le 11 septembre 2001, pour résister à une chute d’avion militaire mais pas à une chute d’avion commercial. Depuis mars 2010, Areva affirme sur ses plaquettes commerciales que le réacteur résisterait bien au crash d’un gros avion de ligne, "de type A380précise Jean-François Carenco, préfet de Rhône-Alpes.

Si le doute existe pour l’EPR, il n’y en a aucun concernant les centrales de "deuxième génération" présentes dans la région : elles ne résisteraient pas au crash d’un avion de ligne. Dans le cas où cela se produirait, l’enceinte de confinement serait détruite, provoquant la libération de radioactivité. Surtout, la centrale pourrait exploser, et là…

Risque de canicule

De grosses chaleurs n’ont aucune influence sur le fonctionnement d’une centrale. À un bémol près. Il ne doit pas faire plus de 50°C dans le bâtiment qui abrite le réacteur nucléaire. Vu comme ça, on a du mal à imaginer la centrale muer en sauna. C’est pourtant ce qui est arrivé lors de la canicule de 2003, à Fessenheim, en Alsace. EDF a dû asperger les murs de béton de la tranche n°1 avec des brumisateurs, en pompant l’eau de la nappe phréatique voisine, à raison de à 5 m3 d’eau par heure.

Au-dessus de 50°C, les matériaux électriques se dégradent, ce qui peut entraîner d’importants dysfonctionnements dans la centrale. Enfin, quand les rivières sont basses, le cocktail chimique rejeté dans l’eau quotidiennement par les centrales a tendance à moins se diluer.

Risque Tchernobyl

Selon l’Académie des sciences de New York, qui a récemment publié le recueil le plus complet de données scientifiques concernant la nature et l’étendue des dommages infligés aux êtres humains et à l’environnement à la suite de l’accident de Tchernobyl, le nombre de décès à travers le monde attribuables à ses retombées, entre 1986 et 2004, est de 985.000, un chiffre qui a encore augmenté depuis cette date. Des 830.000 "liquidateurs" intervenus sur le site après les faits, 112.000 à 125.000 sont morts. Les pays les plus touchés sont la Biélorussie, la Russie et l’Ukraine.

Selon l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) ont été contaminés des territoires habités par plus de 7 millions de personnes, dans un rayon de 100 km autour de la centrale et jusqu’à 500 km au nord-est de celle-ci.

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Centrale du Bugey (Ain)

Centrale du Bugey © EDF

FICHE D’IDENTITÉ

Situation : 45 km de Lyon

Commune d’implantation :Saint-Vulbas

Puissance : 4 réacteurs de 900 MW

Démarrage des réacteurs 2 et 3 : 1978

Démarrage des réacteurs 4 et 5 : 1979

Production : Fournit l’équivalent de 40% de la consommation annuelle électrique de Rhône-Alpes, soit 5% de la consommation française.
Un réacteur à uranium naturel graphite gaz, mis en service en 1972 et arrêté en 1994, est actuellement en cours de démantèlement.

Nombre de personnes employées : 1.200

Taxe foncière : 2,8 millions d’euros

Autres redevances : 62,4 millions d’euros

RISQUE SISMIQUE

Séisme de référence : 1822 (Bugey-Chautagne) – Magnitude 5,5

La commune de Saint-Vulbas, où est implantée la centrale du Bugey, se trouve en zone sismique modérée. Le dernier séisme a été enregistré le 11 janvier 2006, à 35 km du site nucléaire. Le tremblement de terre, de magnitude 3,5 sur l’échelle de Richter, a produit quelques dégâts très limités (chute d’une cheminée et de tuiles, fissuration du dallage de l’église) dans le village de Conand, sous lequel se situait l’épicentre (940 m de profondeur). Selon l’Autorité de sûreté nucléaire, la centrale est dimensionnée pour résister à un séisme de magnitude 6. François Thouvenot, sismologue responsable du réseau Sismalp, une zone de failles "assez peu active" pourrait se situer sur le coude du Rhône, près de la centrale.

RISQUE D’INONDATION

Crue millénale de référence : 3 400 m3/s

"Initialement, le site du Bugey a été construit sur une plate-forme aménagée permettant de préserver le site en cas de crue millénale du Rhône", explique la centrale.
Le scénario dimensionnant et majorant est celui d’une rupture du barrage de Voulgans (103 m de haut au-dessus de l’Ain, 605,7 millions de m3) sur crue centennale de l’Ain cumulée à cette crue historique du Rhône. Il y aurait alors une vague qui descendrait de la rivière jusqu’au fleuve.

RISQUE BACTÉRIOLOGIQUE

La centrale est concernée par le risque de prolifération de légionelles dans l’air, occasionnée par ses quatre tours aéroréfrigérantes.

RISQUE DE CANICULE

Le problème des fortes chaleurs est le rejet dans le fleuve d’eau trop chaude, avec des conséquences sur la faune et la flore. Le 20 juillet 2003, la centrale a relâché des eaux supérieures de 0,9°C à la réglementation. Dix jours plus tard, la centrale a commis une infraction pendant 9 heures. La température mesurée n’a pas été révélée.

RISQUE TCHERNOBYL

Si un accident identique à Tchernobyl se produisait un jour à la centrale du Bugey, les départements du Rhône (1,7 million d’habitants), de l’Ain (560.000 habitants) et de l’Isère (1,26 million) seraient entièrement touchés.

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Centrale du Tricastin (Drôme)

Centrale du Tricastin © EDF

FICHE D’IDENTITÉ

Situation : 175 km de Lyon

Implantation : Saint-Paul-Trois-Châteaux

Puissance : 4 réacteurs de 900 MW

Démarrage des réacteurs 1 et 2 : 1980

Démarrage des réacteurs 3 et 4 : 1981

Le réacteur n°1 est le premier réacteur français à avoir été prolongé de 10 ans.

Production : Fournit l’équivalent de 40 % de la consommation annuelle électrique de Rhône-Alpes, soit 5% de la consommation française. Nombre de personnes employées : 1.500

Taxe foncière : 2,1 millions d’euros

Autres redevances : 18,9 millions d’euros

RISQUE SISMIQUE

Séisme de référence : 1873 (Tricastin) – Magnitude 4,7

Les 630 hectares du site nucléaire du Tricastin (1 centrale, 5 usines permettant de transformer l’uranium issu des mines en combustible pour les réacteurs, 1 usine de décontamination) sont à cheval sur deux départements (Drôme, Vaucluse) et trois communes (Pierrelatte, Saint-Paul-Trois-Châteaux, Bollène). La zone est classée en aléa sismique modéré. Le Tricastin serait sur un segment nord de la faille des Cévennes. Pour Olivier Bellier, chercheur au Cerege, "la centrale se situe entre deux accidents majeurs français, la faille des Cévennes et la faille de Nîmes, non considérées comme des failles actives par la grande majorité des experts". Ce qui n’exclut pas de futurs séismes, les derniers de forte intensité (VII à VIII) datant de 1773 et 1873 – dégâts massifs avec destruction des habitations les plus vulnérables. Le dernier séisme enregistré par Sismalp remonte au 25 novembre 2008 : une magnitude de 2,1 à 10 km de Pierrelatte. Selon EDF, le Tricastin peut résister à un séisme de magnitude 5,2. Lors de la troisième visite décennale de l’ASN, EDF a investi 5 millions d’euros pour mieux se protéger en cas de séisme (renforcement de la structure de la salle des machines, supports de plancher en acier). Quant à l’usine d’enrichissement d’uranium Georges-Besse II, dont les travaux sont actuellement en cours, elle repose sur des appuis antisismiques.

RISQUE D’INONDATION

Crue millénale de référence : 11 910 m3/s

Lors de sa troisième visite décennale, l’ASN a estimé que "la protection de la centrale nucléaire du Tricastin en cas de crue millénale majorée n’est pas assurée à ce stade". EDF a jusqu’au 31 décembre 2014 pour réaliser des travaux portant sur l’aménagement hydraulique du canal de Donzère-Mondragon.
La nouvelle usine d’enrichissement de l’uranium Georges-Besse II a été élevée 4 mètres au-dessus du niveau du sol pour éviter les inondations basées sur la crue millénale de référence majorée de 15%.

RISQUE DE CANICULE

Du 12 au 22 juillet 2003, la centrale nucléaire du Tricastin a dépassé à plusieurs reprises la température autorisée (27°C) du canal de Donzère-Mondragon, en aval du site, pour une durée totale supérieure à 44 heures et une température maximale atteinte de 28,8°C.

RISQUE TCHERNOBYL

Si un accident identique à Tchernobyl se produisait un jour à la centrale du Tricastin, les conséquences pourraient être encore plus désastreuses que sur les autres sites, compte tenu de la présence d’une usine d’enrichissement et de conversion de l’uranium. La radioactivité dégagée par les seuls réacteurs en fusion couvriraient l’Ardèche (230.000 habitants) et la Drôme (480.000).

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Centrale de Saint-Alban (Isère)

Centrale de Saint-Alban © EDF

FICHE D’IDENTITÉ

Situation : 50 km de Lyon

Commune d’implantation : Saint-Alban-du-Rhône

Puissance : 2 réacteurs de 1.300 MW

Démarrage du réacteur 1 : 1985

Démarrage du réacteur 2 : 1986

Production : Fournit l’équivalent de 13% de la consommation électrique de Rhône-Alpes.

Nombre de personnes employées : 670

Taxe foncière : 5,5 millions d’euros

Contribution économique territoriale : 14,25 millions d’euros

RISQUE SISMIQUE

Séismes de référence : 24 juin 1878 (Villefranche-Lyon) et 9 septembre 1879 (Lagnieu) – Magnitude 4,7 et 5,1

Saint-Alban est en zone d’aléa sismique modéré, comme les trois quarts du territoire régional.

Un séisme de magnitude 2,1 a été enregistré le 24 juin 2010 tout près de Grenoble. La centrale iséroise peut, selon son concepteur, résister à un séisme de 5,5 sur l’échelle de Richter.

RISQUE D’INONDATION

Crue millénale de référence : 8.150 m3/s

Des travaux d’un montant de 1,5 million d’euros débutés en 2007 viennent de s’achever pour construire une digue et un muret au nord du site.

La digue a été construite pour résister à une crue de 9.370 m3/s (majoration de 15%).

Pour comparaison, le débit moyen du Rhône est de 1.600 m3/s.

RISQUE DE CANICULE

Le 14 juillet 2003, la centrale nucléaire a commis une infraction d’une durée de 4 heures et d’une valeur moyenne de +0,36°C au-dessus de la limite autorisée ; le 21 juillet suivant, une infraction en moyenne de +0,3°C, pendant 5 heures.

RISQUE TCHERNOBYL

Si un accident identique à Tchernobyl se produisait un jour à la centrale de Saint-Alban, il affecterait la moitié des départements de l’Ardèche, de la Drôme (dont l’agglomération de Valence qui compte 120.000 habitants), de l’Isère (dont l’agglomération de Grenoble et ses 400.000 habitants).

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Centrale de Cruas (Drôme)

Centrale de Cruas © EDF

FICHE D’IDENTITÉ

Situation : 140 km de Lyon

Communes d’implantation : Cruas et Meysse

Puissance : 4 réacteurs de 900 MW

Démarrage des réacteurs 1 et 2 : 1984

Démarrage des réacteurs 3 et 4 : 1985

Production : Fournit l’équivalent de 40% de la consommation annuelle électrique de Rhône-Alpes, soit 5% de la consommation française.

Nombre de personnes employées : 1.100

Taxe foncière : 5,5 millions d’euros

Autres redevances : 24,2 millions d’euros

RISQUE SISMIQUE

Séisme de référence : 8 août 1873 (Châteauneuf-du-Rhône) – Magnitude 4,7

La centrale de Cruas-Meysse est la seule centrale nucléaire française à avoir été construite sur des appuis antisismiques. La géologie locale y est pour beaucoup : les terrains durs propagent plus vite les ondes sismiques, alors que sur des terrains meubles les vibrations sont piégées. La centrale de Cruas se trouve non loin d’un segment au nord de la grande faille des Cévennes, pour laquelle certains experts suggèrent une activité possible. EDF a dimensionné cette centrale pour résister à un séisme de magnitude 5,2.

RISQUE D’INONDATION

Crue millénale de référence : 11.390 m3/s

Le 2 décembre 2009, l’arrivée massive de végétaux a bloqué l’arrivée d’eau dans une des stations de pompage de la centrale et a conduit à la perte totale du refroidissement de systèmes importants pour la sûreté du réacteur n°4.

RISQUE BACTÉRIOLOGIQUE

La centrale est concernée par la prolifération de légionelles occasionnée par ses trois tours aéroréfrigérantes.

RISQUE TCHERNOBYL

Si un accident identique à Tchernobyl se produisait un jour à la centrale de Cruas, les départements de l’Ardèche (230.000 habitants) et de la Drôme (480.000) seraient entièrement touchés par les rejets de radioactivité.

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REPÈRES

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ASN

Exposition et effets des radiations

0,00009 mSV

Débit de dose horaire reçue par les Lyonnais, le 28 mars 2011, suite à l'accident de Fukushima. Soit 3 fois moins que la radioactivité naturelle reçue pendant un an. Il s'agit des rayons gamma, des ondes électromagnétiques émises par les atomes radioactifs lors de leur désintégration.

0,001 mSV

Dose reçue lors de notre visite de une heure dans l’un des réacteurs (à l’arrêt) de la centrale du Bugey.

0,007 mSV

5 heures de vol en avion.

0,1 mSV

Radiographie des dents.

1 mSV

Limite légale que peut recevoir le public (radioactivité non naturelle). Pour la Criirad*, cette dose n’est pas inoffensive, avançant le chiffre d’un mort pour 500.000 personnes.

2,45 mSV

Radioactivité naturelle.

10 mSV

Scanner du corps entier.

20 mSV

Dose annuelle maximale imposée aux travailleurs du nucléaire.

33 mSV

Exposition moyenne des personnes évacuées des zones hautement contaminées de Tchernobyl (expositions maximales de l’ordre de quelques centaines de mSV).

50 mSV

Exposition moyenne des personnes habitant dans les zones strictement contrôlées de Tchernobyl (exposition cumulée de 1986 à 2005).

70 mSV

Traitement thérapeutique de la thyroïde (dose moyenne sur tout le corps).

100 mSV

Dose annuelle à partir de laquelle la probabilité de développer un cancer augmente significativement.

117 mSV

Dose moyenne reçue par les “liquidateurs” de Tchernobyl.

400 mSV

Dose partielle reçue en une heure, mardi 15 mars, sur le site de Fukushima selon l’AIEA.

6 000 mSV

Tous les salariés ayant reçu cette quantité de radiations durant l’accident de Tchernobyl sont morts en un mois.

* Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité.

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15 thèses sur le nucléaire

« 15 thèses sur le nucléaire », c’est le titre du dernier article de Jean-Marc Royer qui vient de paraître dans la revue de Sciences-Po, Ecologie et Politique (n° 46). Nous en publions ici l’intégralité, avec l’autorisation de son auteur. Le rédacteur de l’appel « Hiroshima, Tchernobyl, Fukushima : des crimes contre l’Humanité » revient une nouvelle fois sur l’histoire du nucléaire en analysant les rouages des évènements, des horreurs et des crimes commis et sur les conditions similaires à Fukushima qui amèneront, si rien ne change, à une nouvelle catastrophe nucléaire en France. Selon Jean-Marc Royer, « des possibilités immenses » pour changer la donne sont en chacun d’entre nous, « pour peu que nous en sentions la nécessité en tant qu’être humain ».

15 thèses sur le nucléaire.

Jean-Marc Royer

 « La leçon pourra s’écrire ainsi : toute authentique science politique nouvelle – de celle qu’invoquait autrefois impérativement Tocqueville, et qu’il convoquait comme une nécessité alarmée – ne s’amorcera dorénavant que d’une éthique de la désillusion, portail des œuvres de lucidité. Il n’y aura probablement plus d’autre Éthique pertinente aujourd’hui que celle qui s’amorce dans l’orientation de cet "axe". Qui y établit ses bases. Qui ne dit pas le Bien, mais qui scrute d’abord le Mal. » (1) 

 Ces thèses ne sont que la suite d’un travail sur le rôle, la place du mode de connaissance scientifique dans l’imaginaire occidental et les préliminaires d’un travail en cours. Elles se situent résolument du côté de la réflexion philosophique qu’impose l’ère nucléaire et sur les traces de Günther Anders (2).

 Première thèse

Ce 6 août 1945, l’énergie nucléaire s’est d’emblée et massivement imposée à la conscience de l’humanité comme un commandement adressé à chacun, car, dès le lendemain, tous les pouvoirs (sauf Staline qui fulminait), tous les journaux, tous les intellectuels, tous les éditorialistes, tous les philosophes, à l’exception de Simon Charbonneau, Albert Camus et Günther Anders, se sont abandonnés à cette lourde menace, ou pire, l’ont célébrée comme une grande révolution scientifique, voire la promesse d’une ère nouvelle pour l’humanité (3). Mais entre l’exhortation générale à célébrer le progrès, et la conscience diffuse qu’un meurtre de masse venait peut-être encore d’être commis (les photos publiques d’Auschwitz dataient de quelques semaines), tout s’est passé comme si une gigantesque injonction subliminale avait été adressée à l’humanité dans son ensemble, que l’on pourrait ainsi formuler : « tu admireras ma science du désastre », ou, autrement dit, « tu honoreras ce qui détruit l’humanité à laquelle tu appartiens ». Ainsi, comme aux temps des Pharaons, la prosternation fut générale devant cette éclatante démonstration de toute-puissance et, dès le premier jour, le grand œuvre du refoulement fut initié : il fut à la mesure de la menace qui pesait pour la première fois sur l’ensemble du vivant et de l’écosphère. Cet été-là, les trois coups mortifères de la toute-puissance occidentale ont retenti (4) ; le second acte de cette tragédie n’est pas terminé.

 Deuxième thèse

Toutes les premières photos (vues du ciel, et transmises par les militaires), montrent la dévastation des villes d’Hiroshima et Nagasaki (il faudrait plutôt dire leur volatilisation) qui fut si complète que les mots manquèrent pour le dire : les militaires, les politiques et même les scientifiques, avaient déjà éprouvé cette stupéfaction inouïe le seize juillet précédent lors du premier essai à Alamagordo. En conséquence, outre les aspects purement destructifs de cette nouvelle arme scientifique, des effets d’un autre ordre étaient « attendus, et même espérés », (d’une manière quasi mystique (5)), et que l’on pourrait formuler de la manière suivante : en sidérant les esprits, il s’agissait de ficher, au creux des inconscients, une munition anti-personnelle à retardement, destinée à faire des trous dans l’ordre symbolique du sujet (le langage) longtemps après l’explosion. Depuis, ces trous dans l’ordre symbolique n’ont fait que croître et sont devenus les niches d’une nouvelle servitude, car un des moyens dont dispose l’idéologie pour devenir inintelligible et invulnérable, c’est justement d’infiltrer le langage, les mots de chaque jour. D’autre part, cette forte stupéfaction des consciences a constitué ce que l’on pourrait appeler l’expérimentation princeps (à cette échelle) de la « stratégie du choc », laquelle, – combinée au dispositif  (6) à 360° – inaugure ainsi l’usage d’un des leviers de la gouvernance propre au totalitarisme démocratique (7). Condition insuffisante, certes, mais nécessaire : c’est dans la critique radicale de cet ordre symbolique embarqué (embedded) et dans celle de l’imaginaire qu’on lui propose à peu de frais, que le sujet a des chances de maintenir une parole vivante, et le monde de survivre.

 Troisième thèse

Levinas a attiré l’attention sur le fait, pour lui paradoxal, qu’une civilisation, qui avait proclamé la valeur absolue de la personne, ait industriellement massacré ou laissé massacrer six millions d’êtres humains du seul fait qu’ils étaient juifs, tziganes, homosexuels, internés en psychiatrie ou opposants. Il ajoutait que, malheureusement, la culture occidentale n’avait pu l’empêcher. Or, le premier génocide du siècle, déjà perpétré par l’Allemagne, le fut entre 1904 et 1908 en Namibie, contre les Hereros (8) tandis que dès ce moment-là, les pratiques eugénistes à la base du nazisme y fleurissaient (9) comme aux États-Unis et ailleurs (10). Une constatation s’impose : cette civilisation était déjà corrodée de l’intérieur, à un point inimaginable aujourd’hui ; il était donc vain d’en attendre un secours face à la barbarie (11).

N’en déplaise aux antiquaires de l’Histoire et de la Philosophie, il faut considérer ensemble Auschwitz et Hiroshima parce qu’ils sont l’avers et le revers d’une même médaille, et qu’ils ont marqué à jamais la conscience de l’humanité et le devenir de la planète de leurs sceaux indélébiles. Ce n’est pas seulement que la mort industrielle et scientifique y montrait son vrai visage, en 1945 ; il s’est alors ouvert une nouvelle période de l’histoire humaine et de l’Anthropocène dont toutes les dimensions sont encore méconnues ou très largement mésestimées, ce qui fait que l’on parle encore de manière laudative des trente années qui ont suivi la seconde Guerre mondiale comme de « trente glorieuses » années alors que jamais, depuis la nuit des temps, la Terre, le vivant et l’humanité n’avaient été confrontés à d’aussi dures épreuves. Deux exemples : sait-on que, depuis 1945, plus de cinquante millions de personnes sont mortes des suites d’accidents automobiles et qu’autant sont gravement handicapées à vie (12) ? Et qui sait que, depuis cette date les 2 400 explosions atomiques – et tous les autres avatars du nucléaire – auront provoqué plus de soixante-cinq millions de morts ? C’est-à-dire que ces deux non-évènements auront fait deux fois plus de victimes que la seconde Guerre mondiale (13) tout en restant insu.

 Quatrième thèse

Au-delà de leurs spécificités, Auschwitz et Hiroshima ont plusieurs traits en commun dont l’un d’entre eux est capital : ce sont des crimes commis contre l’Humanité (14). De ce fait, la génération d’après-guerre a eu en cadeau dans son berceau les signifiants des plus radicales expériences de déshumanisation que le monde ait jamais connues. L'effet de ces désastres n’est toujours pas apuré dans les consciences (et la civilisation) occidentales, ce qui contribue à mettre entre parenthèses tout sens moral et à refouler ce qui en fait l’inhumanité radicale. La transmission entre générations en est profondément affectée : sur quel crédit moral la parole des ascendants peut-elle encore s’appuyer ? L’avènement de l’image télévisuelle, (qui a préparé celle de l’informatique généralisée), est venu approfondir cette césure par la prévalence d’une procédure de connaissance qui se voudrait immédiate (dans les deux sens du terme), c’est-à-dire sans aucun intermédiaire et « en temps réel ». C’est ainsi que la parole des anciens et notre langue maternelle sont progressivement mises hors-jeu. Or, cette transmission entre générations, c’est l’apprentissage de la butée, de la limite ; quand il fait défaut, il se fait par le passage à l’acte avec tous les effets délétères et mortifères que cela entraîne. Cet état des choses (visible aussi bien au plan individuel et collectif que politique) est porteur des plus gros dangers pour notre monde en tant que nous avons acquis les possibilités technoscientifiques de tout détruire d’une manière systémique, que ce soit violemment, très lentement, ou même en faisant passer cet anéantissement minutieux pour un projet salvateur (Cf. les projets de géo-ingénierie nanotechnologique comme recours contre les effets des surcroîts de gaz à effet de serre).

 Cinquième thèse

Tout ce qui précède (y compris les profonds traumas de guerres) constitue le terreau d’une évolution sociale et psychique inédite qui a été favorisée et s’incarne à merveille dans « l’American Way of life » : la jouissance de l’objet (15) et la tyrannie de l’immédiat fondent une double « forclusion du sujet » (16). Les dispositions psychiques elles-mêmes, qui permettaient de penser, de sublimer, ont progressivement été dévaluées : ce qui est de l’ordre de la Culture, de la création, de la réflexion critique, est partout mis au ban, sans avoir même besoin de le formuler, encore moins de le planifier ; l’efficacité immédiate, le taux de retour sur investissement ou l’image de marque sont devenus les critères d’un utilitarisme universellement admis et promu. Cela a engendré, avec le leurre généralisé d’un prétendu individualisme (17) (en fait un conformisme totalement et vulgairement formaté), une irrésistible « mèreversion » (18) de la démocratie dont la figure s’est progressivement tournée vers une sorte de totalitarisme démocratique. La mise en place de cet État politique doit beaucoup au coup de maître initial (encore très largement sous-estimé, car peu étudié, et dont les archives sont encore pour partie inaccessibles), qu’a représenté le Manhattan Project durant les années de guerre.

 Sixième thèse (première forme du déni)

J’appelle « secrets de la famille occidentale » tout ce qui a conduit à Auschwitz et à Hiroshima. Ceux-ci, d'indicibles après-guerre, sont devenus innommables à la seconde génération et deviennent inimaginables pour la troisième, celle d’aujourd’hui. Cela a également entraîné des ruptures de mémoire qui compliquent la nécessaire conscience du « peu d’avenir que contient le temps où nous sommes » (19). En plus de la difficulté accrue qui s’ensuit pour affronter l’immensité de ces crimes voilés contre l’humanité, cela entraîne évidemment leur refoulement. Il en résulte que la mort à grande échelle véhiculée par l’énergie atomique (et cette civilisation industrielle) a été prise dans la banquise de profonds dénis, ce qui a fortement contribué à anesthésier la conscience de cette CHOSE et de ses dangers à tous les niveaux de la société : civile, technicienne, scientifique, philosophique et politique. La privatisation « des exploitants » en cours depuis trente ans, avec son cortège de démotivations et de suicides reconnus après-coup, d’externalisations et de départs massifs à la retraite, occasionnent d’autres types de ruptures de mémoire propre aux macro-systèmes sociotechniques à interactions complexes et couplages forts (20) qui sont totalement inédits par leur extension et leur diversité. D’autres facteurs historiques, sociaux, organisationnels et techniques, notamment le vieillissement des installations jusqu'à soixante ans, comme le souhaite EDF, augmentent la probabilité d’une occurrence de catastrophe nucléaire majeure dans ce pays, jusqu’à la rendre inéluctable.

 Septième thèse (la mémoire et le déni)

La France entretient de drôles de liens avec sa mémoire historique, et pour cause. Comme il y eut une drôle de guerre de septembre 1939 à mai 1940, une profonde défaite de juin 1940 à juin 1944, une curieuse collaboration durant ces quatre années, une troublante libération importée d’outre-Atlantique et initialement prévue en occupation militaire (21), il s’est mis en place une étrange victoire d’août 1944 à octobre 1945. Que l’historiographie française ait eu besoin d’être ébranlée, trente ans après, par un chercheur étranger, Robert Paxton, pour ouvrir les yeux sur ce douloureux passé, n’est pas sans signification pour ce qui nous préoccupe. Car dans ce pays, plus que partout ailleurs, le nucléaire s’est établi sur le profond déni d’une réalité historique plus que désagréable à affronter, sans parler de la réitération de ces amères défaites, quelques années plus tard, en Indochine et en Algérie.

C’est ce déni de tout un pan du passé (de 1940 à 1962, presque le temps d’une génération), largement partagé dans la société française, qui coule encore, souterrainement, dans tout l’imaginaire de la classe politique à travers le fantasme de « glorieuses années ». C’est ce qui explique aussi le statut intouchable et enkysté du nucléaire dont ils espéraient une rédemption et qui en conserve une part de sacré à leurs yeux, sacralité illustrée par la locution suivante : « l’indépendance-énergétique-et-militaire-de-la-Nation » (22). Érigé en principe intangible qui infuse dans la haute administration, dans les grands corps et parmi les technocrates, ce profond déni est caractéristique de l’imaginaire des politiques français : ils veulent encore tous croire dur comme fer que le nucléaire français est exceptionnellement sûr et qu’il n’y a donc pas lieu d’affoler la population, ni même de s’en préoccuper.

Cela constitue évidemment une des meilleures manières de préparer l’avènement d’un accident majeur car ce fut exactement l’état d’esprit du « village nucléaire » japonais (politiques, administrateurs, régulateurs, industriels et exploitants confondus (23)) à la veille de Fukushima – un état caractérisé par une incompétence à peine croyable, la dissimulation, les malversations, une impréparation maximale – et ce sera exactement la même chose en France.

 Huitième thèse

C’est dans les semaines suivant Nagasaki, avant même la création de la « joint commission (24)» puis de l’Atomic Bomb Casualty Commission (25), que se sont mis en place les termes d’un débat sur les contaminations aux faibles doses qui n’en finit pas depuis plus de soixante ans, alors que c’est une question de santé publique de première importance. Étudier ce qui s’est vraiment passé juste après le désastre, au Japon, en 1945, reste d’une brûlante actualité : autant que l’on sache, des pans entiers de cette réalité sont encore sous le sceau du secret. J'emploie l’expression autant que l’on sache, car, au fur et à mesure que l’on se penche sur l’histoire de cette industrie nucléaire civile et militaire, on prend conscience qu’elle est marquée du double sceau du secret et de la mort. Cette question mériterait également d’être examinée d’un point de vue épistémologique : au village nucléaire international qui dénie ces effets en les nommant « stochastiques », c'est-à-dire non déterministes, il faudrait renvoyer l’indéterminisme fondamental qui caractérise tout ce qui concerne les phénomènes engendrés par le bombardement neutronique non contrôlé d’un noyau d’uranium ou de plutonium.

 Neuvième thèse

Les dimensions exceptionnelles du « Manhattan Project » n’ont pas été suffisamment étudiées ou prises en compte pour de multiples raisons et dans de multiples domaines. Or ce projet inaugure ce « dispositif à 360° » caractéristique d’une dérive des États, synchrone de l’impériale « American Way of life » qui fut non négociable depuis ses débuts. Sur le mode d’une rationalité calculatrice sans vérité, avec la science pour puissant référent universel, le totalitarisme démocratique qui s’est progressivement mis en place n’a pas pris pour modèle celui des années 30 en Europe. Le « plus jamais ça » est donc totalement inadéquat pour décrypter cette mutation économique et politique du lien social. L’encerclement idéologique des individus qui s’en est suivi a pour pendant la misérable « circularité des raisons de vivre » que la production industrielle de masse a imposé avec la consommation de ses produits par ses propres producteurs.

 Dixième thèse

Ce que contient la piscine N°4 de Fukushima, ce ne sont pas seulement trois cents tonnes d'assemblages neufs et irradiés, c’est l’équivalent de trois « cœurs » de réacteurs (50 % de plus qu’à Tchernobyl). Elle contient le danger, suspendu à trente mètres de hauteur, de rayer de la carte une grande partie du Japon, avec des conséquences mondiales imprévisibles (26). Qu’en disent les autorités, le village nucléaire international et les médias, en particulier en France ? Les uns sont dans leur déni constitutif, quant aux autres, il faut avoir entendu, au moins une fois dans sa vie, ce type de conférence de presse pour en croire ses oreilles (27) … Au temps de l’Anthropocène, la notion de catastrophe sous-entend la dévastation totale de l’écosphère comme horizon, même si les spécificités, les spatialités et les temporalités des diverses catastrophes ne sont pas prévisibles. Depuis les années 40, le monde est devenu un laboratoire d’essais de la toute-puissance à l’échelle1:1. Les animaux sont devenus des produits industriels dès 1865 à Chicago ; les êtres humains, eux, de la chair à canon, des cobayes (28), des ressources, puis des variables d’ajustement selon les besoins ; quant au vivant, aujourd'hui brevetable, il est en passe d’être entièrement aux mains de trusts transnationaux.

 Onzième thèse

Tout comme il y eut des Faurisson, il y a des négationnistes de l’Anthropocène. Il est de la toute première importance de comprendre que la toute puissance – au besoin armée – fut et reste le cadre dans lequel ils ont vécu, dans lequel ils demeurent, et qui a façonné leur être intérieur : ils s’y accrocheront jusqu’à la dernière minute. En ce sens, avec Auschwitz, le nucléaire, « fils-aîné-de-la-science » reste une clé de voûte capitale de l’imaginaire occidental qui mène le monde à sa perte. La toute-puissance nucléaire représente le saut de la mort où certains veulent entraîner l’Humanité et l’écosphère. La déconstruction de cet imaginaire, pièce à pièce, est une condition nécessaire, bien qu’insuffisante, pour préserver notre humanité au quotidien et aussi celle de nos descendants.

 Douzième thèse

Tout comme le néolibéralisme financier n’a plus besoin de parler politique pour faire la politique du monde, mieux, pour mettre à genoux des dirigeants politiques partout asservis à leurs soifs de liquidités, le nucléaire, qui, partout, a été promu par des complexes scientifico-militaro-industriels et a été imposé par des minorités, se présente comme l’assurance d’un confort à bon marché incontournable, encouragé en cela par la consommation de masse et une politique de croissance illusoire. Encouragé aussi par l’absence d’études exhaustives contradictoires en la matière, il se paye le luxe de se présenter sur le papier glacé des médias comme une énergie propre et économique. Et même après la catastrophe de Fukushima, s’il advenait que des aménagements de sécurité en viennent à lui être imposés, le village nucléaire international a d’ores et déjà préparé sa réponse : il exige d’ores et déjà en contrepartie de pouvoir prolonger l’exploitation des installations le plus longtemps possible (29), c'est-à-dire jusqu’à la dernière minute.

 Treizième thèse. Le nucléaire, essence du politique « postmoderne ».

Avec la domination sans partage du mode de connaissance scientifique, tous les verrous qui rendaient le réel incontournable et avivaient ainsi le DESIR ont sauté. Le réel a alors acquis un autre statut : de fondamentalement inatteignable, il est prétendument devenu à la portée de l’homme demain matin. Cela peut s’énoncer autrement : les sciences peuvent nous dire tout le vrai, plus rien ne peut échapper, la transparence est possible et toute entrave à la jouissance immédiate trouvera sa solution finale (c’est ainsi que doivent se penser les projets de géo-ingénierie). Ce paradigme de la toute-puissance est au cœur de l’invention et de l’utilisation de l’énergie atomique. C’est, – avec ses dangers incommensurables – ce qui fait du nucléaire l’essence philosophique incontournable du politique postmoderne. En ce sens, la toute-puissance constitutive du nucléaire participe bien plus que d’une idéologie ou d’un récit de fondation. Elle s’appuie et relève d’une nouvelle conception de l’humanité, post-prométhéenne, et son anthropologie reste à faire.

 Quatorzième thèse.

La synergie avec le néolibéralisme financiarisé est devenue envahissante, très préoccupante même, car la consigne sociale de celui-ci est de faire sauter toutes les bornes, de gommer la notion même de limite, pour pouvoir miser sur une croissance et une expansion sans fins, avec pour horizon une catastrophe planétaire à laquelle les uns et les autres préparent subrepticement les populations (30). Au niveau individuel, il est devenu hautement recommandé de faire appel à la technoscience pour éviter d’avoir à se confronter au réel et à éprouver la perte, la solitude, la finitude, notre mortalité – autrement dit la condition humaine qui nous amènerait à prendre conscience et à réagir.

 Quinzième thèse. Appels à la surrection des consciences.

La critique, pour identifier les éléments négatifs d’un ordre social et politique, a besoin d’un horizon de sens, et le seul qui vaille, en ces domaines, c’est celui de l’émancipation. Or, de ce côté-là, le ciel s’était bien obscurci, et pour de multiples raisons, depuis quelque temps. Ce qui fait que, souvent, l’analyse n’a plus de points d’appui, plus de repères, évite même soigneusement de développer toute problématique : « on se réfère à un ensemble de connaissances très élaborées mais qui deviennent sans conséquences, dont il ne sera rien tiré. C’est par exemple ce que l’on rencontre fréquemment dans certains discours académiques : une accumulation de connaissances très développées, très intéressantes, un déploiement de savoirs rigoureux et argumentés qui, pourtant, peuvent très bien ne jamais devoir engager leur auteur et se révèlent dès lors sans aucun effet (31) ». C’est le prix, depuis trente ans, des défaites, des reniements, de l’envahissement néolibéral et d’une forme de servage inédite dans l’histoire de l’humanité. Faute de cet horizon d’émancipation, le devenir catastrophique du monde et du vivant – qu’il ait pour origine des activités industrielles, nucléaires ou financières – est venu en prendre la place dans la critique. Et après tout, ce pourrait être un retour salutaire à la matérialité, à la réalité… de ce que nous vivons.

 1) Le temps est venu de lancer des groupes de recherche, des conférences ou des séminaires autonomes, bref toute forme d'élaboration intellectuelle indépendante, sans laquelle aucun changement de cap ne pourra se faire. Sans oublier que les réseaux informatiques ne pourront jamais rivaliser avec l’action coordonnée des hommes, le devenir de tous les « printemps arabes » est une malheureuse illustration de cette autre nécessité : celle de « penser le monde » avant que d’autres le fassent à notre place et s’emparent de l’espace de démocratie ainsi créé. Les militaires, les économistes, les politiques libéraux, avaient très tôt compris (dès 1947 avec la société du Mont Pèlerin) qu’il ne pouvait y avoir d’issue politique en leur faveur sans avoir au préalable gagné la bataille des idées : ils ont financé les radios, les télévisions, les universités, les « think-tank » par milliers pour défaire l’ex-URSS puis les mouvements contestataires des années 60 et ont préparé patiemment l’avènement néolibéral. Hors cette lutte déterminée sur le terrain des idées, il n’y a pas d’autre possibilité de les empêcher de mener le monde et notre humanité à leur perte. Le nombre de décennies qu’il nous reste pour les arrêter se compte vraisemblablement sur les doigts d’une main … Pour le moment, ce que nous avons tous à y gagner, c’est qu’il n’y a pas non plus d’autre manière de rester humain, jour après jour.

 2) En 2011, pour le vingt-cinquième « anniversaire de Tchernobyl » et suite à la catastrophe de Fukushima, un appel (32) intitulé « Hiroshima, Tchernobyl, Fukushima : des crimes contre l’Humanité » fut publié. Cet appel à la conscience morale et politique, signé par un certain nombre de philosophes et de personnalités – Paul Ariès, Marc Atteia, Marie-Christine Gamberini, Raphaël Granvaud, Alain Gras, François Jarrige, Eva Joly, Baudouin Jurdant, Paul Lannoye, Serge Latouche, Frederick Lemarchand, Corinne Lepage, Stéphane Lhomme, Jean-Marie Matagne, Jean-Marie Pelt, Pierre Rabhi, Jacques Testart, Alexeï Yablokov – traduit en six langues (dont le japonais et le chinois) fit le tour du monde sur Internet. Fallait-il le transformer en pétition internationale ou le laisser subsister ainsi, fragile, à la surface de la mémoire, comme l’émotion qui suit l’écoute d’une œuvre musicale, surtout quand l’artiste indique au public que le silence qui suit fait partie de l’interprétation qu’il vient de lui donner ? En tous cas, nous avons eu la satisfaction de constater (y compris aux Etats-Unis) qu’il n’est pas rare maintenant de voir CES CRIMES appelés par leurs noms. Cet appel est une illustration des possibilités immenses de chacun d’entre nous, pour peu que nous en sentions la nécessité en tant qu’être humain.

 3) Une des marques essentielles d'une œuvre artistique, c’est qu’elle bouleverse notre être. Et, lorsqu'une chape de plomb pèse sur les mémoires et les consciences, une œuvre d’art peut contribuer de manière décisive à dessiller nos regards, car elle a ce pouvoir incomparable de nous rendre envisageable (et même représentable) ce qui est socialement refoulé et qui fait défaut dans l’élaboration intellectuelle. En France, des films comme Les sentiers de la gloire de Stanley Kubrick, Le chagrin et la pitié de Marcel Ophüls, et Shoah de Claude Lanzmann, quelques réserves que l'on y fasse, furent des événements multidimensionnels aussi bien par leur propos que leur ampleur de vues. De même, les œuvres de Primo Levi, Robert Antelme, David Rousset, Charlotte Delbo, Elie Wiesel, Jorge Semprun, Jean Améry, furent d'une importance décisive lorsque dans l’après-guerre, il fallut rendre la voix à ces rescapés des camps de la mort alors que l’on s’échinait à en étouffer la parole une seconde fois. Autrement dit, lorsque le silence ou le refoulement sont de mise, les artistes ont un rôle de dévoilement irremplaçable (33). Or il s’est passé quelque chose de fondamental à Hiroshima sur le plan de la tragédie, du pathétique, du politique, de la vie elle-même. Souvenons-nous que les cinquante-cinq réacteurs japonais ont avant tout été construits sur les failles de cette mémoire. Il y aura d’autres Fukushima, ici même, car du point de vue de la mémoire, nous avons des béances au moins aussi imposantes que celles du peuple japonais, et le déni en plus (le parallèle entre les deux pays est d’ailleurs fort instructif). C’est pourquoi nous attendons avec impatience des Canto Général écrits par des Patrick Chamoiseau, Édouard Glissant, Viviane Forrester, André Velter, Armand Gatti, Beaudoin de Bodinat et orchestrés par un Mikis Theodorakis. C’est un Sophocle, un Euripide ou un Eschyle que nous espérons, pour mettre en scène la tragédie, unique, que l’humanité et le monde sont en train de vivre.

Jean-Marc Royer décembre 2012/janvier 2013.

 Je tiens à remercier Christophe Bonneuil pour ses encouragements et Alain Gras, Quentin Hardy, Serge Latouche et Sandrine Marchal pour leur relecture de cet article.
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 1 Gérard Rabinovitch, Inquiète ton voisin comme toi-même. Notes critiques sur Modernité et Holocauste de Zygmunt Baumann, Travailler, 2003/2 n° 10, p. 163-184. DOI : 10.3917/trav.010.0163, http://www.cairn.info/revue-travailler-2003-2-page-163.htm

 2 Et sur celles de Michel Henry, Jean-Claude Michéa, Majid Rahnema, Cornélius Castoriadis, Jean-Pierre Lebrun.

 3 Roger Belbéoch a lu la presse internationale. Il fait part de ce travail dans une interview (en bas de page) sur http://www.dissident-media.org/infonucleaire/brevet_bombea.html. Tout cela revenait aussi à présenter cette explosion comme l’implacable illustration du fait que, dorénavant, nul ne pourrait plus jamais arrêter la marche du Progrès car sa puissance dépassait maintenant, et de loin, toute volonté humaine.

 4 16 juillet, 6 et 9 août 1945.

 5 Les premiers mots d’Oppenheimer furent ceux de la Bhagavad-Gîtâ : « Maintenant, je suis devenu la mort, le destructeur des mondes ».

 6 Dispositif : « tout ce qui a, d'une manière ou d'une autre, la capacité de capturer, d'orienter, de déterminer, d'intercepter, de modeler, de contrôler, et d'assurer les gestes, les conduites, les opinions et les discours des êtres vivants », Giorgio Agamben, Qu'est-ce qu'un dispositif ? Rivages, 2007.

 7 Il s’agit là, pour le dire vite, de l’utilisation des moyens démocratiques contre la démocratie, ce qui tend à devenir systématique en Occident. Une autre forme en est la dénégation des votes populaires rejetant les différents traités européens ou, les « ajustements » législatifs et constitutionnels des pouvoirs exécutifs afin de se soustraire aux poursuites judiciaires encourues à la suite d’agissements délictueux ou criminels ou pire encore et plus récemment, la nomination de quatre financiers ayant transité par la même banque, Goldmann Sachs, à la tête de responsabilités gouvernementales européennes en dehors de tout processus démocratique.

 8 Ingolf Diener, Namibie, une histoire, un devenir, Éditions Karthala, Paris, 2000, http://www.lautresite.com/new/edition/explo/hereros/ et http://pressafrique.com/m102.html. De même, au Congo, entre 1890 et 1907, durant le règne du roi Léopold II de Belgique des massacres de masse avec ordre d'extermination des villageois ont été constatés, tout comme dans l’Oubangui-Chari. Sources : Arthur Conan Doyle, Le crime du Congo belge, Nuits rouges, 2005. Adam Hochschild, Les fantômes du roi Léopold ; la terreur coloniale dans l’État du Congo, Tallandier, 2007. Jules Marchal, E.D. Morel contre Léopold II ; l'histoire du Congo, 1900-1910, t. 1 et 2, Harmattan, 2003, 2010. Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres, Flammarion, 2012. http://www.pressafrique.com/m396.html et Stephen Smith, Géraldine Faes, Bokassa 1er; un empereur français, Calmann-Lévy, 2010.

 9 En 1915 déjà, un scientifique américain, Vernon M. L. Kellogg est nommé directeur du Comité d’aide aux Belges par le gouvernement des USA. C'est à ce titre qu'il se trouve au Grand Quartier Général allemand en 1917 et qu'il en rapporte un livre peu connu " Headquarters Nights, a record of conversations and experiences at the headquarters of the german army in France and Belgium " dans lequel il rapporte les théories âprement discutées au GQG allemand qu'il a fréquenté au jour le jour. J’en ai traduit quelques extraits dans mon ouvrage, La science creuset de l’inhumanité. Décoloniser l’imaginaire occidental, l’Harmattan, 2012, pp 49 et 152.

 10 Et jusque dans la législation suédoise des années 1970. Cf. André Pichot, La Société pure. De Darwin à Hitler, Flammarion, coll. « Champs », 2009.

 11 Cf. mon ouvrage, opus cité, pp 43-65 et 82-85.

 12 Contribution personnelle au séminaire GATSEG de Dominique Pestre, Sezin Topçu, Soraya Boudia, Amy Dahan. Mai 2012.

 13 Je renvoie à ce sujet à la publication du Comité Européen sur le risque de l’Irradiation, (CERI) Recommandations 2003 du CERI, Éd Frison Roche, 2004, p 168 ou au rapport en anglais sur : www.euradcom.org ou aux publications de l’académie des sciences de New-York ou bien encore à mon ouvrage Note XV. Activités nucléaires depuis 1965 : plus de soixante-cinq millions de morts, p 178.

 14 Cf. à ce sujet l’appel international « Hiroshima, Tchernobyl, Fukushima : des crimes contre l’humanité » traduit en plusieurs langues et signé par une vingtaine de philosophes et personnalités publiques.

 15 La première bombe atomique qui explosa le 16 juillet 1945 avait pour nom de code Gadget.

 16 Forclusion ou enfermement. Dire que le « sujet », au sens philosophique, est forclos ou « barré », comme aurait dit Lacan, c’est dire qu’il ne peut advenir à lui-même. Autrement dit, les sujets cèdent le pas à leurs ombres, dans une quête sans fin de la jouissance immédiate, ce qui convient à merveille au système marchand qui sous-tend le « totalitarisme démocratique ».

 17 Cf. à ce sujet l’œuvre de Cornélius Castoriadis.

 18 Concept emprunté à Jean-Pierre Lebrun dans son maître ouvrage, La condition de l’homme n’est pas sans conditions, Denoël, 2010.

 19 Beaudoin de Bodinat, La vie sur Terre. Réflexion sur le peu d’avenir que contient le temps où nous sommes, Encyclopédie des nuisances, 2008.

 20 Extension du concept d’Alain Gras : les Macro systèmes complexes.

 21 Occupation militaire préparée par les États-unis sous le nom d’AMGOT, Allied Military Government of Occupied Territories.

 22 « Indépendance » largement appuyée sur un néocolonialisme plus destructeur que l’ancien. Cf. à ce sujet Raphaël Granvaud, Areva en Afrique ; une face cachée du nucléaire français, Agone, 2012.

 23 Cf. à ce sujet le rapport de la commission indépendante de la Diète japonaise sur Fukushima, The national Diet of Japan. Fukushima Nuclear Accident Independent Investigation Commission (NAIIC), année 2012.

 24 En septembre et octobre 1945 au moins trois commissions états-uniennes différentes se rendirent au Japon. Cela commençait à tirer à hue et à dia. Mac Arthur exigea donc une réunion de ces entités de manière à mieux les contrôler.

 25 Atomic Bomb Casualty Commission, fondée en 1946 par les États-Unis dans le Japon occupé pour récupérer le maximum d’éléments, d’enquêtes et de travaux sur les irradiations et les contaminations atomiques afin d’en interdire l’accès ou l’usage ultérieur.

 26 Cf. l’étude que j’ai coordonnée avec P. Fetet, publiée sur son blog : http://ddata.over-blog.com/4/37/62/00/piscine-4/Piscine-du-R4-V9–2-.pdf

 27 Pour se faire une idée précise ce cette complicité, il faut absolument regarder la seconde partie de la conférence de presse de l’ASN du 28 juin 2012 sur son site : http://www.asn.fr/index.php/S-informer/Actualites/2012/Rapport-de-l-ASN-2011-il-y-aura-un-avant-et-un-apres-Fukushima.

 28 Entre 1942 et 1961, diverses « expériences » d’irradiation et d’inoculation radioactives furent pratiquées sur des enfants et des adultes civils et militaires états-uniens dénommés HP, Human Products : JP Desbordes, Les cobayes de l’apocalypse nucléaire, Roularta, 2011, pp 54 à 62.

 29 Ce qui revient à tenter de reprendre d’une main ce que l’on a accordé de l’autre, sans parler de toutes des stratégies de lobbying destinées à affaiblir le contenu des recommandations applicables, ni des lenteurs bureaucratiques opposables, ni du détournement des règles dans l’application des procédures obligatoires, ni des externalisations galopantes. Cf. à ce sujet le rapport de la commission indépendante de la Diète japonaise sur Fukushima, opus cité.

 30 Cf. le projet Ethos in bulletin Criirad : http://www.criirad.org/actualites/tchernobylfrancbelarus/conclusionsonu_aieasept05/tu22mensonges.pdf

 ou la vidéo de Michel Fernex : http://www.youtube.com/watch?v=tyiSRxLYAss ou encore : http://www.dissident-media.org/infonucleaire/codirpa.html ou bien encore l’étude des projets Ethos, Core, Sage, Parex in Marc Atteia, Le technoscientisme, le totalitarisme contemporain, Yves Michel, 2009.

 31 Jean-Pierre Lebrun, La condition humaine n’est pas sans condition, Denoël, 2010, p 23. Voir aussi Un monde sans limite, érès, 2009.

 32 Publié par les Zindigné(e)s en novembre 2011 et mis en ligne par Pierre Fetet sur le blog dédié à Fukushima : http://fukushima.over-blog.fr/article-appel-international-hiroshima-tchernobyl-fukushima-des-crimes-contre-l-humanite-101458831.html

 33 L’horreur économique de Viviane Forrester, un essai publié en 1996, diffusé à trois cent cinquante mille exemplaires et probablement lu par un million de Français, traduit en vingt-quatre langues a, de ce point de vue, constitué un événement qui était l’œuvre, comme dans toutes les périodes troubles, d’un artiste, en l’occurrence d’un écrivain-essayiste. D’où cette dernière thèse en forme de triple appel.


.Source : http://fukushima.over-blog.fr/article-15-theses-sur-le-nucleaire-116587970.html

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Fukushima : les français trompés et conditionnés à accepter l’hypothèse d’un accident nucléaire

Lors des commémorations du second "anniversaire" du début de la catastrophe de Fukushima, de nombreuses voix se sont élevées pour évaluer (plus ou moins bien) les conséquences financières d'un accident nucléaire, prétendre que des "enseignements" avaient été tirés pour "améliorer" la supposée sûreté des réacteurs, et surtout affirmer qu'il fallait "se préparer" à une telle catastrophe.
 
En résumé, les français sont conditionnés à accepter, comme s'il s'agissait d'une fatalité, la continuation de l'activité des centrales nucléaires. Et à accepter, comme s'il s'agissait d'un risque "naturel", l'hypothèse d'une catastrophe nucléaire.
 
Pourtant, il existe une autre option, qui consiste à se donner l'assurance absolue de ne pas connaître un Fukushima français : arrêter, au plus vite et définitivement, les installations nucléaires. A titre d'exemple, avant de remettre hélas en service les deux réacteurs de Ohi, le Japon a fermé en un an la totalité de ses 54 réacteurs. Un parfait exemple pour la France qui en compte 58, c'est-à-dire pratiquement le même nombre.
 
On nous rétorque que, avant Fukushima, le nucléaire ne produisait "que" 35% de l'électricité du Japon, alors que c'est 75% en France. Certes, mais si 130 millions de Japonais peuvent vivre sans nucléaire, que l'on ne nous dise pas que c'est impossible pour les Français… qui sont deux fois moins nombreux (65 millions).
 
On nous rétorque que seul le nucléaire peut produire massivement de l'électricité "décarbonée" alors que, sur la planète, les énergies renouvelables produisent deux fois plus d'électricité : 20% – dont 17% d'hydroélectricité – contre à peine 10% pour le nucléaire, selon les chiffres officiels de l'Agence internationale de l'énergie (*).
 
En effet, après avoir atteint son maximum en 2001 avec 17% de l'électricité mondiale, ce qui était déjà assez modeste, la part de l'atome n'a cessé de décroître depuis, et ce bien avant Fukushima. Aujourd'hui, avec l'arrêt des réacteurs japonais, de 8 vieux réacteurs allemands, et de quelques autres comme les réacteurs belges aux cuves fissurées, le nucléaire représente moins de 10% de l'électricité mondiale. Ce qui correspond à moins de 2% de la consommation totale d'énergie sur la planète.
 
De fait, contrairement à ce qui nous est affirmé continuellement, la contribution de l'atome à la marche de l'économie mondiale, mais aussi à la lutte contre les émissions de co2, est parfaitement marginale. Il est donc parfaitement ridicule de prétendre que c'est "le nucléaire ou le réchauffement climatique".
 
S'il existe une chance de réduire les émissions de co2, c'est par les économies d'énergie et les énergies renouvelables, mais certainement pas avec ce pauvre nucléaire dont la part est faible et en déclin mais qui, paradoxalement, est tout de même capable… de contaminer un continent entier.
 
Ce n'est qu'avec une propagande forcenée, en particulier avec d'incessantes campagnes de publicité de la part d'EDF et d'Areva, que le lobby de l'atome arrive à faire croire à la population que le nucléaire est une énergie "massive" dont "on ne peut pas se passer". Et, de fait, qu'il faut accepter la continuation de l'activité des centrales et l'hypothèse d'une catastrophe.
 
Les mêmes mensonges sont de mise concernant l'emploi – à investissement égal, les alternatives créent 10 fois plus d'emplois que l'atome ! – ou le tarif de l'électricité : pour construire des réacteurs en Grande-Bretagne, EDF est actuellement en train d'exiger de Londres des garanties exorbitantes, à savoir le remboursement des pertes financières pendant 35 ans ! Aujourd'hui comme hier, le nucléaire n'est "rentable" que s'il est massivement subventionné par l'argent public.

Trop cher, peu créateur d'emploi, excessivement dangereux, trop marginal pour réduire les émissions de co2, le nucléaire cumule les tares les plus graves. Mais, tant que la propagande parviendra à le faire passer pour "incontournable", un nouveau Fukushima sera de plus en plus probable, en particulier en France.

Lundi 11 mars 2013 (Fukushima + 2 ans)
Stéphane Lhomme
Directeur de l'Observatoire du nucléaire
http://www.observatoire-du-nucleaire.org  
 

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Sécurité nucléaire : jusqu’à maintenant, le facteur chance a été favorable

De Three Mile Island en 1979 à Fukushima en 2011 en passant par Tchernobyl en 1986, l’histoire du nucléaire civil est jalonnée d’accidents majeurs dont chacun aurait pu – pourrait encore dans le cas de Fukushima – avoir des conséquences bien plus graves. Ayant déjà frôlé le pire au moins à deux reprises (le 14 avril 1984 au Bugey et le 27 décembre 1999 au Blayais), la France serait donc bien inspirée d’engager rapidement sa sortie du nucléaire pour réduire son exposition téméraire aux « jeux de l’atome et du hasard ».

Bernard Laponche, Le Cercle – Les Échos, lundi 26 novembre 2012

« Rouge ! cria le croupier » (Dostoïevsky, Le Joueur).

"Les jeux de l’atome et du hasard" de Jean-Pierre Pharabod et Jean-Paul Schapira, publié en 1988 par Calmann-Levy, est le meilleur livre français que je connaisse sur la description et l’analyse des grands accidents nucléaires, avant celui de Fukushima.

Déjà les auteurs posaient la question suivante en sous-titre : « de tels accidents peuvent-ils survenir en France » ? Ils écrivaient dans leur introduction : « l’analyse de la succession des incidents qui jalonnent notre histoire nucléaire semble indiquer que nous avons eu de la chance – peut-être beaucoup de chance ».

Three Mile Island (TMI) : « s’il n’y a pas eu fusion totale et « syndrome chinois » (1), c’est essentiellement grâce au chef de quart de TMI-1 (2) venu, deux heures après le début de l’accident, assister ses collègues en difficulté, et qui a compris (en soulevant une étiquette qui masquait un voyant) que la vanne de décharge du pressuriseur ne s’était pas refermée… on peut dire sans trop s’avancer qu’en Pennsylvanie, le 28 mars 1979 au matin, on a eu de la chance… ».
Et de citer le rapport de l’IPSN (aujourd’hui IRSN) relatif à l’accident survenu sur le réacteur français Bugey 5 le 14 avril 1984 : « L’incident est d’une gravité, en ce qui concerne les sources électriques de puissance de la tranche, encore jamais rencontrée jusqu’ici sur les réacteurs français à eau pressurisée… Une défaillance supplémentaire sur cette voie (refus de démarrage du diesel, refus de couplage sur le tableau LHB (3), etc.) aurait donc conduit à une perte complète des alimentations électriques de puissance, situation hors dimensionnement ».

Après avoir rappelé que la filière RBMK des réacteurs de Tchernobyl, développée en URSS depuis le début des années 1950, était « une filière rodée, performante et jugée très sûre », les auteurs présentent et analysent de la même façon la catastrophe du 26 avril 1986. Le cœur étant détruit, la masse radioactive risquerait de contaminer la nappe phréatique : « Une équipe de mineurs, que l’on fait venir spécialement, entreprend finalement la construction sous le réacteur d’un tunnel, véritable cocon que l’on remplit de béton pour l’isoler de la nappe phréatique ».
Dans son ouvrage récent « Maîtriser le nucléaire – Sortir du nucléaire après Fukushima », le professeur Jean-Louis Basdevant cite le professeur biélorusse Vassili Nesterenko : « Mon opinion est que nous avons frisé à Tchernobyl une explosion nucléaire. Si elle avait eu lieu, l’Europe serait devenue inhabitable ». Et Basdevant de conclure : « C’est pour cela que l’on peut avancer que si l’accident de Tchernobyl n’a pas été dramatiquement plus grave, c’est grâce au courage de quelques-uns, mais surtout grâce à la chance ».

L’accident de Fukushima, qui est loin d’être terminé, est lui aussi causé par la perte totale du refroidissement des réacteurs. C’est, au même titre que Tchernobyl, une catastrophe dont les effets se feront sentir longtemps et loin. Mais les habitants de Tokyo ont eu de la chance car, lors de l’explosion et de l’envoi massif de matières radioactives dans l’atmosphère, le vent soufflait vers l’ouest et l’océan Pacifique. S’il avait soufflé vers le sud, le « Japon était coupé en deux » (4) et il aurait fallu évacuer Tokyo. Jusqu’ici la chance, il n’y a pas d’autre mot, a permis que la piscine remplie de combustibles irradiés très radioactifs du réacteur 4, endommagée et située en hauteur, ne soit pas détruite par une secousse sismique ou un typhon.

Et la France ? Pharabod et Schapira concluaient le chapitre sur Tchernobyl par un avertissement : « Il faudra bien, nous semble-t-il, revoir les décisions (et la politique qui les sous-tend) qui ont conduit à implanter un nombre de plus en plus grand de centrales nucléaires sur l’ensemble de l’Europe et tout particulièrement en France, notamment près de zones à très fortes densités de population ».

Centrale du Blayais, 27 décembre 1999 : tempête et inondation, perte du réseau, dix heures pour récupérer le refroidissement normal du réacteur n°1. Le GSIEN écrit : « La crainte du bogue de l’an 2000 a heureusement aidé : les équipes avaient été entraînées et ont travaillé comme des chefs » (Monique Sené), et la marée était loin du niveau maximal (Bella Belbéoch). On a failli évacuer Bordeaux…

Qu’il s’agisse de l’occurrence d’un accident grave ou de l’ampleur de ses conséquences qui le transforme en catastrophe, le hasard apparaît toujours dans l’accumulation de défaillances ou d’agressions dans ces systèmes complexes que sont la machine elle-même et son environnement, humain et naturel.

Lorsque l’on sait que, pour les réacteurs nucléaires équipant toutes les centrales nucléaires françaises, les accidents graves n’ont pas été considérés lors de leur conception (5), on peut se convaincre de la nécessité et de l’urgence « d’aider la chance » en fermant le plus rapidement possible les réacteurs nucléaires (qui arrivent pour la plupart à la fin de la durée de fonctionnement initialement prévue) sur la base d’une analyse de risques multicritère, tenant compte notamment de la densité de la population environnante.

Bernard Laponche
Polytechnicien, Docteur ès Sciences en physique des réacteurs nucléaires, expert en politiques de l’énergie et de maîtrise de l’énergie, membre de l’association Global Chance.

Notes :
(1) Percement de la cuve et du béton du radier par le combustible fondu (corium) qui s’enfonce dans la terre.
(2) Le réacteur accidenté est TMI-2.
(3) Un des deux tableaux d’alimentation électrique de la centrale.
(4) Témoignage d’un représentant de l’IRSN.
(5) R&D relative aux accidents graves dans les réacteurs à eau pressurisée : bilan et perspectives, La Documentation française, janvier 2007. Rapport rédigé conjointement par l’IRSN et le CEA (Commissariat à l’énergie atomique).


Source: http://www.global-chance.org/spip.php?article304

 

 

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Nouveau convoi GFN de déchets radioactifs traversant l’ain

Ce matin vers 9h20, un convoi nucléaire a tenté de traverser, le plus discrètement possible, une partie de l'ain prouvant une fois de plus que la transparence n’est pas de mise au pays du nucléaire.

Ce convoi a été aperçu à la sortie de Pont d'ain. Il s'agit du même type de convoi EDF cad GFN (Go Fast Nuclear) suivi l'année dernière et transportant des déchets radioactifs, poussé et tracté par 2 camions EDF et provenant certainement du Tricastin. La cuve annoté "classe 7" relative aux matières radioactives affichait 22 000 méga becquerels (l'année dernière c'était 64 000 méga becquerels). Cette cuve pourrait transporter les couvercles irradiés des réacteurs du Tricastin. Le chargement pèserait 100 tonnes et aurait 5m de diamètres.

Même si ce transport émet peu de radioactivité, il en émet quand même et ce, à proximité des populations qui n'ont rien demandé ! Cela constitue tout de même un transport de déchet radioactif particulièrement dangereux en cas d'accident (pollution en cas de renversement des déchets dans l'environnement).

Partie de la Drôme, il va sans doute être acheminé à Soulaines sur le site de l'Andra pour y être entreposé, découpé et stocké pour faire baisser la radioactivté.

Le transport des couvercles de cuve de réacteur – ANDRA

En octobre 2001, l'Autorité de sûreté nucléaire a donné son accord pour que les couvercles de cuve issus des réacteurs des centrales nucléaires EDF soient stockés au centre de stockage de déchets de faible et moyenne activité de l'Aube.

Depuis juillet 2004, ces colis très volumineux sont transportés, sous la responsabilité du producteur (comme les autres colis), par la route sous forme de convoi exceptionnel escorté par la Gendarmerie Nationale. Pendant leur transport, les couvercles sont contenus dans une enveloppe de confinement et une enveloppe de transport (retirée avant dépose du colis dans l'ouvrage de stockage) afin d'assurer une protection biologique contre les rayonnements.
A leur arrivée dans l'ouvrage de stockage, ces colis sont confinés dans une gangue de mortier, comme les autres colis de déchets radioactifs à enveloppe métallique stockés sur ce centre.

Mesurant 5,5 mètres de diamètre, hors enveloppe de transport, et pouvant peser jusqu'à 120 tonnes, ces colis hors norme seront reçus au Centre de stockage FMA de l'Aube dans les ouvrages de stockage spécialement conçues pour les recevoir, au rythme de 6 par an, jusqu'en 2014.
 

Sortir du Nucléaire Bugey s'oppose à toute utilisaton d'itinéraires routiers traversant les agglomérations pour les transports de déchets radioactives, nous exigeons une information préalable des élus et des populations riveraines.

Nous pensons qu'avec le projet ICEDA à Bugey ce genre de convoi ne sera pas 6 par an mais 10 par mois si on en croit le projet d'étude tel que présenté l'année dernière.

Nous pensons que ce genre de transport ne doit pas se "banaliser" et être ignoré des riverains et habitants. Ce transport n'est pas anodin comme semble le faire croire EDF.

Nous pensons que les élus et les populations doivent être systématiquement consultés pour ces types de transports.

Nous pensons que l'industrie nucléaire est une industrie du passé, dangereuse pour l'homme et son environnement. Les faits nous donnes malheureusement raison !

Les citoyens de l'ain ont encore le choix de faire entendre leur voix contre le projet ICEDA (actuellement arrêté) et les futurs conséquences des convois de camions et des pollutions avenir.

STOP BUGEY – STOP ICEDA – STOP NUCLAIRE

Il est temps d'actionner le bouton d'arrêt d'urgence avant Bugeyshima et de mettre en place la transition énergétique

Rejoignez SDN Bugey pour faire entendre votre voix.

Voir aussi l'article de notre ami Olivier Cabanel

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2 ans après Fukushima, SDN Bugey alerte les citoyens !

20 ème opération Rond point pour SDN Bugey pour se souvenir de Fukushima !

Anniversaire Fukushima 2013 - Action rond point Ambérieu - SDN Bugey

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Chaine humaine à PARIS le 9 mars 2013

2 ans après le début de la catastrophe de Fukushima,
encerclons les lieux de pouvoir
où se prennent les décisions sur le nucléaire

Appel national

Reprenons en main notre avenir énergétique, formons une grande chaîne humaine pour encercler les lieux de pouvoir !

Aurions-nous oublié Fukushima ?

Démesurément dangereux et coûteux, le nucléaire soumet les humains et tous les êtres vivants à des pollutions et à une menace inacceptables. Hiroshima, Tchernobyl, Fukushima : aucune autre technologie n’a créé en si peu de temps des catastrophes si « durables ». Avec 58 réacteurs, le parc nucléaire français représente un risque majeur, pour nous et nos voisins européens. Attendrons-nous que la centrale de Nogent-sur-Seine, à 95 km de Paris, devienne le Fukushima français ?

Au départ de LYON : http://chainehumaine.org/Departs-groupes#121

TOUTES LES INFOS SUR LE SITE DE LA CHAINE HUMAINE

 

Une France sans nucléaire : ça marche !
La transition énergétique, c'est l'arrêt du nucléaire

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Action Rond Point SDN Bugey à St vulbas

Action Rond Point SDN Bugey à St vulbas

Action Rond Point SDN Bugey à St vulbas

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Projection « Tous cobayes » organisée par SDN Bugey et le cinéma d’Ambérieu Le Festival

Cinéma Ambérieu Le festival et SDN Bugey-Tous cobayes-jean-paul Jaud

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Recours gracieux de SDN Bugey auprès du maire de St Vulbas

Le 2 février 2013 notre association SDN Bugey a déposé un recours gracieux auprès du maire de St Vulbas  à l'encontre des délibérations du conseil municipal  approuvant la révision simplifiée N°2 du plan local d'urbanisme en date du 6 décembre 2012.

Il lui apparaît que cette délibération est entachée d'irrégularités susceptibles d’entraîner son annulation en cas de recours contentieux, et qui doivent conduire  à la retirer.

stockage-de-dechets-nucleaires-a-iceda-le-oui-des-elus-va-relancer-le-chantier

1- Une procédure de révision simplifiée n'est permise que pour permettre la construction d'un projet et d'un seul.

Or la révision a d'abord été présentée, lors de la phase de concertation ainsi que dans le dossier d'enquête publique, comme nécessaire à la réalisation de trois projets : Installation de Conditionnement et d'Entreposage de déchets Activés (ICEDA), Force d'Action Rapide du Nucléaire (FARN) et Centre de Formation professionnelle d'EDF (UFPI). C'est ainsi qu'elle a été présentée lors de la réunion de concertation et qu'elle apparaît dans le dossier soumis à l'enquête publique. Ces trois projets ont été présentés ensemble dans la même révision simplifiée de PLU.

Ces trois projets n'ont pas le même intérêt pour la commune, en particulier en terme d'emplois, et surtout pas le même impact environnemental. Le Conseil Municipal aurait dû pouvoir voter projet par projet.

La délibération du 6 décembre 2012 mentionne également « la révision simplifiée n°02 du PLU n'a pas vocation à modifier l'emprise de la zone UX, mais de préciser la nature des occupations et utilisation dans ladite zone, afin de permettre l'implantation de cette installation (ICEDA), mais également d'autres projets […]

La nouvelle terminologie choisie pour le PLU est encore différente  « La zone UX correspond à une zone liée aux filières de production d'énergie électrique d'origine fossile, nucléaire et renouvelable »

La révision n'est pas limitée aux seuls remaniements nécessaires à la réalisation du projet ICEDA, ni même des trois projets présentés dans la révision simplifiée mais encore à d'autres projets.

2- Une évaluation des incidences Natura 2000 était nécessaire

Il y a eu une erreur manifeste d'appréciation: la révision du PLU aurait dû faire l'objet d'une évaluation des incidences Natura 2000. Ce n'a pas été fait.

L'Autorité Environnementale du Conseil Général de l'Environnement et du Développement Durable consultée pour l'examen au cas par cas  dans le cadre du nouveau dépôt de permis de construire d'ICEDA a rendu le 24 septembre 2012 sa décision  qui contredit la déclaration d'EDF contenue dans le dossier d'enquête publique demandant la révision simplifiée du PLU.

Elle écrit qu'une évaluation environnementale est nécessaire pour apprécier la bonne prise en compte de l'environnement par le projet et d'assurer la participation du public.

Cette autorité indique encore que le site d'ICEDA est “en relation écologique avec le fleuve et sa nappe d'accompagnement jusqu'à son embouchure, traversant à plusieurs occasions des zones Natura 2000, à commencer par le SIC FR8201727 “L'Ile Crémieu” situé sur la rive gauche du Rhône en face du lieu du projet, et à proximité de plusieurs sites Natura 2000, ZNIEFF de type I, ZNIEFF de type II.”

3 – le champ d'application de l'enquête publique a été présenté de façon ambigüe, voire contradictoire

Dans la délibération du Conseil Municipal du 6 décembre 2012 relative au bilan de la concertation il est indiqué concernant la réunion publique : « En début de séance, la municipalité a clairement précisé que l'objet de la révision simplifiée n° 2 du PLU consistait à débattre sur des dispositions d'urbanisme et non sur le projet ICEDA. »

Or l'enquête publique d'une révision simplifiée porte sur l'intéret général du projet et sur le projet de révision du PLU.

S'il s'agissait de débattre de dispositions d'urbanisme sans lien avec un projet, alors il ne fallait pas faire une procédure simplifiée. Par contre si la révision avait vocation à permettre le projet ICEDA, alors on devait pouvoir en débattre.

Toutes les remarques concernant le projet ICEDA n'ont pas été retenues.

L'ICEDA générera de graves risques de nuisances niés dans le dossier d'enquête publique et que le commissaire enquêteur et la municipalité de Saint-Vulbas ont négligé d'examiner

4 – Le PLU révisé n'est pas compatible avec le SCOT du BUCOPA de la Plaine de l'Ain qui précise que l'activité agricole doit être préservée ainsi que la ressource en eau.

L'entreprise horticole Rozen  a agi en justice car pour elle la présence d'ICEDA  présente des risques pour son exploitation mitoyenne.

 

La nappe a été identifiée par le SAGE comme “aquifère d'intérêt majeur” qui précise que  “ces ressources d'importance pour les populations qui aujourd'hui en dépendent ne doivent pas être altérées afin de garder toutes leurs potentialités pour les générations futures.

 

L'Autorité Environnementale dans son examen du fonctionnement à prévoir d'ICEDA fait état “de la présence d'éléments radioactifs, de faible et de moyenne activité à vie courte et à vie longue, ou toxiques susceptibles de rejets, liquides, gazeux, de poussières et de déchets pouvant induire les impacts à très long terme sur le milieu humain et naturel, notamment dans le Rhône, sa nappe d'accompagnement ou dans l'air.”

L'entreprise  EDF évalue elle même les rejets gazeux d'ICEDA permanents six fois plus importants que ceux de la Centrale de Bugey eux mêmes plus importants que ceux des autres centrales françaises.

Et les rejets aqueux de tritium et autres éléments radioactifs libérés dans l'eau  par les opérations de découpage etc  ne sont même pas évoqués par EDF.

Dans ces conditions, la délibération du 6 décembre 2012 est entachée d'illégalité en ce que :

  • Le PLU aurait dû faire l'objet d'une révision;
  • Le PLU n'a pas fait l'objet d'une évaluation d'incidences Natura 2000;
  • Le PLU a fait l'objet d'une enquête publique insuffisante;
  • Le PLU est incompatible avec le SCOT du  BUCOPA.

Le plus grave étant que ce PLU permettra l'installation d'ICEDA gravement dangereuse et polluante, non seulement  pour les habitants de la commune, mais bien au-delà pour une population très importante.


Lettre envoyée aux conseillers et conseillères municipales de St Vulbas

Les membres du conseil municipale de St Vulbas ayant voté le PLU pour la poursuite du chantier ICEDA :

conseil municipal St Vulbas

1er rang : Jean-Louis GREAU, Gisèle PLAZA, Marcel JACQUIN , Jacqueline PINCEMAILLE, Marie-Odile ROUSSELET, Daniel DALLERY
2ème rang : Jean-Yves NOEL, Luce MARTIN, Gilles CUGNO, Karine BALUFIN, Jean-Paul ANDRE, Sylvain BOUVIER, Patrick MORJARET, Mara PHILIP, Simone BARGE.

Source : http://www.ville-saint-vulbas.fr/Conseil.html

 

Loyettes le 8 février 2013

 

Monsieur le conseiller, Madame la Conseillère,

Vous voudrez bien trouver, ci-joint, la copie du dossier étayant le "Recours gracieux", que nous sollicitons, à l'encontre des délibérations du Conseil Municipal approuvant la révision simplifiée n°2 du Plan Local d'Urbanisme, en date du 6 décembre 2012. Il a été adressé, par lettre recommandée avec A.R, à Monsieur JACQUIN, maire de votre commune, ce 2 Février 2013.

Nous souhaitons vivement que vous puissiez prendre connaissance, et étudier "sereinement" les données chiffrées et les arguments que nous y développons, étayés par des textes et des études officiels.

Nous insistons sur la gravité de cette décision prise, à la majorité (moins deux voix) du Conseil Municipal vilibadois, et la responsabilité dont vous devrez rendre compte aux habitants de notre région, face aux dangers potentiels induits par ICEDA.

C'est bien cette modification du Plu qui autorisera la réalisation d'ICEDA, centre de stockage ouvert aux déchets radioactifs pouvant provenir de toute la France.

La fuite de tritium, non résolue malgré les efforts d'EDF, montre bien encore une fois à tous que la proximité du Rhône et la présence de l'énorme nappe phréatique fait de ce site, pour l'ensemble de la région, une zone à protéger et non à polluer.

EDF est une entreprise qui a généré beaucoup de richesse pour votre commune, mais c'est toute la région qui souffrira des conséquences de ce stockage. D'autres solutions sont possibles pour faire face à la radioactivité des centrales après leur arrêt. Outre sa dangerosité, est-il opportun d'ajouter des risques et des pollutions supplémentaires sur notre bassin régional, qui comporte déjà, sur votre commune, une centrale nucléaire vieillissante, ainsi que plusieurs entreprises classées "SEVESO 2" ? Notre région est-elle destinée à accueillir toutes les entreprises à risques, ou les poubelles industrielles que secrète notre société ? Devrons-nous encore entendre le tristement célèbre et lamentable : "Responsables mais pas coupables" ?!

Notre association n'a pas été créée par des activistes, ou des "écolos" irresponsables! Les 130 membres de notre association sont ouvriers, techniciens, agriculteurs, syndicalistes, enseignants, ingénieurs, professions libérales, ou retraités,  engagés de manière désintéressée dans la construction d'une société qui se doit d'être respectueuse de notre environnement, de notre santé et celle des générations futures, dont nous devons être les garants.

" Le  devoir de chacun consiste à œuvrer pour devenir de bons ancêtres"!

Espérant que le présent dossier vous permette de prendre conscience de l'enjeu et de la gravité de la décision du conseil municipal, dont vous êtes membre,

Je vous prie d'agréer, Madame la Conseillère, l'expression de mes sentiments distingués.

 

p/o  Madeleine CHATARD-LECULIER
Présidente SDN-BUGEY  

 

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