Des associations opposées au projet de tombeau de déchets radioactifs à Bure (est de la France) devaient assigner mardi devant la justice l'agence en charge du programme pour avoir délibérément dissimulé l'intérêt de la ressource géothermique du lieu afin d'imposer une installation nucléaire.
L'assignation de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) en responsabilité pour faute sera déposée aujourd'hui devant le Tribunal de Grande Instance de Nanterre , a affirmé à l'AFP Marie Frachisse, juriste au sein du réseau Sortir du Nucléaire.
Cette démarche intervient à quinze jours de l'ouverture du débat public autour du projet de Centre industriel de stockage géologique (Cigéo) prévu à la limite de la Meuse et de la Haute-Marne. Sa mise en service est prévue en 2025, si l'Autorité de sûreté nucléaire donne un avis favorable.
Il s'agit de confier à la roche, pour des dizaines de milliers d'années, le confinement de 3% du volume total des déchets radioactifs produits en France, qui concentrent à eux seuls plus de 99% de la radioactivité. Des projets similaires sont en cours en Finlande et en Suède.
Alors que la France doit changer d'urgence de modèle énergétique, l'Andra a choisi de dissimuler une ressource en énergie renouvelable pour imposer une installation nucléaire qui risque de contaminer toute une région, écrivent dans un communiqué Sortir du nucléaire, BureStop55, Mirabel Lorraine Nature Environnement, Les Habitants Vigilants du canton de Gondrecourt-le-Château, Cedra52 et Asodedra.
Selon elles, après avoir effectué un forage profond en 2008, l'Agence n'a pas respecté les règles de l'art lors du forage et a notamment omis de dire qu'il existe un potentiel géothermique d'une épaisseur exceptionnelle à l'aplomb de Bure.
L'Andra a rejeté mardi ces accusations, réaffirmant dans un communiqué qu'il n'existe pas de ressource géothermique présentant un caractère exceptionnel dans la zone qu'elle étudie pour l'implantation du centre de stockage géologique.
Elle assure également avoir fait appel aux techniques usuelles pour le forage, que l'analyse des mesures a été faite avec les techniques les plus sophistiquées, et que les études se sont déroulées en toute transparence.
L'assignation ne devrait pas avoir d'effet direct sur le débat public, a précisé Marie Frachisse. Il s'agit d'une procédure indépendante mais nous espérons que la Commission du débat public en tiendra compte, a-t-elle ajouté.
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