Pagani à Paris pour dire non aux déchets nucléaires au Bugey
C’est plus fort qu’eux. Même lorsqu’ils marchent main dans la main pour défendre les intérêts genevois, la Ville et le Canton réussissent à se brouiller. Le dernier exemple en date? Lundi matin, Rémy Pagani, maire de Genève, s’est rendu au siège de l’Autorité de sûreté nucléaire, à Paris, pour exprimer de vive voix l’inquiétude des autorités genevoises face à la création d’une décharge nucléaire au Bugey (Ain), à 70 kilomètres de Genève à vol d’oiseau. Le problème? Le Canton, qui a fait recours avec la Ville contre cette décision, n’était pas au courant du déplacement du maire. «La présence d’un élu suisse aux côtés de notre avocat français n’a de sens que dans une logique démonstrative et médiatique. Nous ne sommes pas convaincus qu’elle entraîne un quelconque effet dans l’avancement du dossier», estime Pierre Maudet, magistrat cantonal en charge des dossiers liés à l’énergie.
«Il faut être proactif. Le Canton ne l’est pas», réplique Rémy Pagani. Selon lui, le Canton agit par obligation, la Ville par détermination. «La Constitution oblige les autorités cantonales à s’opposer à l’installation de dépôts de déchets radioactifs. Voilà pourquoi le Canton a saisi la justice. La Ville, elle, mouille la chemise. Elle a par exemple voté un crédit de soutien de 175 000 francs pour les opposants à la centrale nucléaire de Mühleberg (Berne). Le nucléaire est une filière de production sans issue.»
«Ce dossier nous fait souci»
Un message martelé hier matin dans les locaux de l’Autorité de sûreté nucléaire. Rémy Pagani était accompagné des avocats français de la Ville et du Canton. Ces derniers ont pris connaissance de plusieurs documents liés à la procédure contre le site du Bugey. Le maire, lui, n’a pas tourné autour du pot. «Ce dossier nous fait souci. Il y a eu Tchernobyl, Fukushima, nous ne sommes pas rassurés. Ce dépôt est proche d’un aéroport, d’un barrage. En cas de catastrophe, les Genevois seraient touchés. Partagez-vous ces préoccupations?» demande Rémy Pagani à Jean-Jacques Dumont, un des dirigeants de l’Autorité de sûreté nucléaire. Réponse: «Fukushima nous a rappelé qu’il faut toujours améliorer les exigences en matière de sécurité.»