Tirant les leçons des difficultés rencontrées pour la construction des réacteurs EPR Olkiluoto 3 et Flamanville 3, et s’appuyant sur le bon fonctionnement des deux réacteurs chinois, EDF propose à l’ASN et aux autorités administratives un nouvel EPR, le réacteur EPR NM (Nouveau Modèle).
Cette nouvelle configuration technique est appelée EPR 2.
Il s’agit d’un projet de réacteur nucléaire à eau sous pression en cours de développement par les entreprises EDF et Framatome qui répond aux objectifs généraux de sûreté des réacteurs de troisième génération et a pour objectif d’intégrer le retour d’expérience de conception, de construction et de mise en service des premiers réacteurs EPR ainsi que le retour d’expérience des réacteurs fonctionnant actuellement.
Par rapport aux premiers réacteurs EPR, pour cet EPR 2, la conception de l’installation est simplifiée (par exemple la double enceinte de confinement sera remplacée une coque béton classique) afin d’améliorer sa constructibilité, sécuriser ainsi le planning de réalisation et faciliter l’exploitation du réacteur en toute sûreté.
L’objectif est d’abaisser l’estimation du coût de l’électricité produite à 70 €/MWh, à la fin de la décennie 2020.
Le 16 juillet 2019, après avoir étudié le dossier avec ses appuis (IRSN, …) et recueilli l’avis du groupe permanent d’experts pour les réacteurs (GPR) ainsi que les résultats de la consultation du public, l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a rendu son avis sur les options de sûreté de ce projet et de son évolution EPR 2 :
« L’ASN considère que les objectifs généraux de sûreté, le référentiel de sûreté et les principales options de conception sont globalement satisfaisants ».
Tout n’est pas aussi parfait lorsqu’on lit en détail cet avis.
Pour la démarche «d’exclusion de rupture» pour les tuyauteries primaires principales et les tuyauteries principales d’évacuation de la vapeur des circuits secondaires principaux, souhaitée par EDF, l’ASN considère « qu’EDF doit définir les modalités pour démontrer l’atteinte de l’objectif de haute qualité de conception, de fabrication et de suivi en service et de la haute confiance dans cette qualité. »
Le dossier sur les agressions apparaît comme trop succinct et EDF devra réécrire les parties consacrées à la prévention des incendies, des explosions ou des émissions de projectiles.
La non prise en compte de la chute d’un avion militaire ou commerciale sur le réacteur pose aussi question.
Des interrogations aussi pour le système de refroidissement d’urgence du réacteur et son étanchéité absolue. L’instrumentation de mesure du cœur du réacteur semble aussi insuffisante.
L’ASN aimerait voir revenir le système d’aspersion de l’enceinte de confinement pour limiter la pression et la température à l’intérieur de l’enceinte de confinement en situation accidentelle.
Pour lire le projet d’avis de l’ASN sur les options de sûreté pour les EPR2, c’est ICI (13/05/2019)
Pour lire le projet d’avis de l’IRSN sur les options de sûreté pour les EPR2, c’est ICI (18/07/2019)