Fukushima : les français trompés et conditionnés à accepter l’hypothèse d’un accident nucléaire

Lors des commémorations du second "anniversaire" du début de la catastrophe de Fukushima, de nombreuses voix se sont élevées pour évaluer (plus ou moins bien) les conséquences financières d'un accident nucléaire, prétendre que des "enseignements" avaient été tirés pour "améliorer" la supposée sûreté des réacteurs, et surtout affirmer qu'il fallait "se préparer" à une telle catastrophe.
 
En résumé, les français sont conditionnés à accepter, comme s'il s'agissait d'une fatalité, la continuation de l'activité des centrales nucléaires. Et à accepter, comme s'il s'agissait d'un risque "naturel", l'hypothèse d'une catastrophe nucléaire.
 
Pourtant, il existe une autre option, qui consiste à se donner l'assurance absolue de ne pas connaître un Fukushima français : arrêter, au plus vite et définitivement, les installations nucléaires. A titre d'exemple, avant de remettre hélas en service les deux réacteurs de Ohi, le Japon a fermé en un an la totalité de ses 54 réacteurs. Un parfait exemple pour la France qui en compte 58, c'est-à-dire pratiquement le même nombre.
 
On nous rétorque que, avant Fukushima, le nucléaire ne produisait "que" 35% de l'électricité du Japon, alors que c'est 75% en France. Certes, mais si 130 millions de Japonais peuvent vivre sans nucléaire, que l'on ne nous dise pas que c'est impossible pour les Français… qui sont deux fois moins nombreux (65 millions).
 
On nous rétorque que seul le nucléaire peut produire massivement de l'électricité "décarbonée" alors que, sur la planète, les énergies renouvelables produisent deux fois plus d'électricité : 20% – dont 17% d'hydroélectricité – contre à peine 10% pour le nucléaire, selon les chiffres officiels de l'Agence internationale de l'énergie (*).
 
En effet, après avoir atteint son maximum en 2001 avec 17% de l'électricité mondiale, ce qui était déjà assez modeste, la part de l'atome n'a cessé de décroître depuis, et ce bien avant Fukushima. Aujourd'hui, avec l'arrêt des réacteurs japonais, de 8 vieux réacteurs allemands, et de quelques autres comme les réacteurs belges aux cuves fissurées, le nucléaire représente moins de 10% de l'électricité mondiale. Ce qui correspond à moins de 2% de la consommation totale d'énergie sur la planète.
 
De fait, contrairement à ce qui nous est affirmé continuellement, la contribution de l'atome à la marche de l'économie mondiale, mais aussi à la lutte contre les émissions de co2, est parfaitement marginale. Il est donc parfaitement ridicule de prétendre que c'est "le nucléaire ou le réchauffement climatique".
 
S'il existe une chance de réduire les émissions de co2, c'est par les économies d'énergie et les énergies renouvelables, mais certainement pas avec ce pauvre nucléaire dont la part est faible et en déclin mais qui, paradoxalement, est tout de même capable… de contaminer un continent entier.
 
Ce n'est qu'avec une propagande forcenée, en particulier avec d'incessantes campagnes de publicité de la part d'EDF et d'Areva, que le lobby de l'atome arrive à faire croire à la population que le nucléaire est une énergie "massive" dont "on ne peut pas se passer". Et, de fait, qu'il faut accepter la continuation de l'activité des centrales et l'hypothèse d'une catastrophe.
 
Les mêmes mensonges sont de mise concernant l'emploi – à investissement égal, les alternatives créent 10 fois plus d'emplois que l'atome ! – ou le tarif de l'électricité : pour construire des réacteurs en Grande-Bretagne, EDF est actuellement en train d'exiger de Londres des garanties exorbitantes, à savoir le remboursement des pertes financières pendant 35 ans ! Aujourd'hui comme hier, le nucléaire n'est "rentable" que s'il est massivement subventionné par l'argent public.

Trop cher, peu créateur d'emploi, excessivement dangereux, trop marginal pour réduire les émissions de co2, le nucléaire cumule les tares les plus graves. Mais, tant que la propagande parviendra à le faire passer pour "incontournable", un nouveau Fukushima sera de plus en plus probable, en particulier en France.

Lundi 11 mars 2013 (Fukushima + 2 ans)
Stéphane Lhomme
Directeur de l'Observatoire du nucléaire
http://www.observatoire-du-nucleaire.org  
 

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